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Pierre Bansard serait à droite sur cette photo. |
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Son acte de naissance à Saint Gabriel. |
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Une partie du carré des missionnaires dans le cimetière de Tranquebar. |
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Pierre Bansard serait à droite sur cette photo. |
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Son acte de naissance à Saint Gabriel. |
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Une partie du carré des missionnaires dans le cimetière de Tranquebar. |
J'ai fait une recherche pour découvrir éventuellement une représentation en couleur des peintures décrites par M. De Caumont. C'est aux Archives Nationales, à Paris, que je découvris l'ouvrage " revue générale de l'architecture et des travaux publics" datant de 1851. Une planche représentait "quelques détails du prieuré de Saint-Gabriel, près de Caen, monument du XIIIe siècle, aujourd'hui presque entièrement détruit. L'arcature, peinte dans une salle au premier étage du prieuré, est un exemple assez intéressant d’une décoration architecturale, composée pour être peinte. On voit que l'artiste ne s'est nullement préoccupé de l'exactitude de limitation."
Pour donner suite à un appel à projet de la Région
portant sur le numérique, Une maquette du prieuré de Saint-Gabriel, a été réalisée
par Christophe Colliou, de la société Métascan. Elle est la pièce maîtresse de
l’exposition de cet été dans l’église.
L'ensemble des bâtiments d'aujourd'hui faisait écho à ceux du Moyen Âge,
même si certains d'entre eux avaient disparu ou changé de destination. La
maquette permettait de visualiser l'importance du site à l'époque médiévale.
Il nous restait alors à nous pencher sur ce qu'avait été, en général, la
vie dans les monastères bénédictins afin de pouvoir préciser ce que nous
savions de ce qui s'était passé au prieuré. Un aller-retour entre le général et
le particulier.
Ainsi tout au long de l'exposition vous allez pouvoir suivre, dans la
visite du prieuré, frère Godefroy, le cellérier. Il vous présentera la
naissance du prieuré, les grandes lignes de la règle bénédictine qui y était
suivie, les lieux de vie, les repas etc...
Vous découvrirez la journée monastique au travers des
panneaux mais aussi et surtout en regardant le petit film réalisé le
scénographe, Laurent Lamoureux.
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Détails de la maquette |
A voir : Recherches architecturales au prieuré de Saint Gabriel Brécy (Creully sur Seulles)
Par un soir d’automne où le ciel se nuançait déjà de cendre, Maître Pierre Josse, notable de Creully, détacha la longe de sa jument Cocotte, nouée à l’anneau de fer qui, depuis des générations, pendait au mur moussu de l’auberge du Bessin-Vert, à Bayeux. Dans un geste aussi coutumier que galant, il pinça le menton de la servante venue le reconduire jusqu’à sa carriole — geste auquel la jeune fille répondit d’une bourrade, mi-friponne, mi-méfiante — puis il se hissa dans son siège avec un grognement de vieux chêne, témoin de genoux qui ployaient plus qu’ils ne pliaient.
« En route,
ma fille », lança-t-il d’un ton bonhomme, sans tolérer la moindre objection. Et
Cocotte, créature docile à la conscience tranquille, s’ébranla sans attendre,
les sabots résonnant sur les pavés humides.
La nuit,
comme un rideau de velours criblé d’étoiles, tombait déjà lorsque Pierre Josse
marmonna : « Eh, eh… v’là la nieut qui tumbe. J’devrais être d’r’tour. Sacré
cru de Surtrain, y fait perdre le temps comme un sermon d’vicaire. »
Et tandis
qu’ils atteignaient à peine les carrières d’Esquay, il fallut allumer les
lanternes, dont les flammes tremblantes projetaient des ombres dansantes sur
les haies.
Or, maître Josse n’était pas homme à goûter les trajets nocturnes, du moins sur ce chemin-là, entre Saint-Gabriel et Creully, où serpentait la cavée des Bourguay. Les anciens du pays y colportaient des histoires... de brume et de mystère. Ils disaient qu’à la source secrète de la fontaine Verrine, surgissait parfois une vapeur étrange, diaphane et féminine, qui s’élevait lentement comme un songe, voilée de bruine, frôlant les feuillages dans un murmure de soie. On l’appelait la Dame Verte.
Elle
longeait les fossés, s’approchait des attardés, accrochait aux carrioles une
présence que nul ne savait chasser, sinon à coups de peur ou de prières. Mais
elle n’était ni spectre ni démon : plutôt une âme égarée ou un désir ancien.
Ce soir-là,
à l’instant même où la vallée cédait la place à la plaine, elle se montra.
Légère,
presque irréelle, elle surgit de l’herbage, effleurant les balises de sa robe
comme une pénitente traverse une nef. Elle avançait, mains tendues, non en
conquérante, mais en suppliante. Et Cocotte, tout à trac, reçut un coup de
fouet involontaire quand Pierre Josse fit obliquer la carriole, saisi d’une
peur qui n’avait rien de chrétien.
Mais l’apparition s’approcha encore, posa ses doigts effilés sur les montants de la voiture, comme si elle attendait qu’on l’invite. Ni menace, ni cri, une simple présence, douce et brumeuse, pareille à un rêve trop vrai.
Alors,
maître Josse, rassemblant ce qu’il lui restait de courage et de souffle, osa
parler :
« Mais enfin, que voulez-vous ? »
Point de
rire moqueur, point de cliquetis d’enfer. La Dame, d’une voix douce comme un
ruisseau entre les pierres, répondit simplement, un mot unique, comme une
goutte sur une feuille :
« Naître. »
Et elle
s’évanouit. Juste ainsi. Un souffle. Un soupir.
Pierre
Josse, stupéfait, resta figé. Non pas glacé de peur, non. Plutôt gagné par un
étrange apaisement. Il n’avait pas fui. Il avait écouté. Et, pour la première
fois, la Dame avait parlé.La source Verrine
Des années
plus tard, on perça les terres de Creully, et l’on découvrit la source Marie —
sœur profonde de Verrine et de Pelvey — née d’une nappe artésienne oubliée sous
les ruines féodales. On sut alors, trop tard pour Josse mais juste à temps pour
la légende, que ces sources avaient une âme. Une conscience douce et discrète,
qui attendait depuis des siècles, tapie sous la terre, de voir enfin la
lumière.
Car
certaines eaux ne veulent plus murmurer dans l’ombre : elles veulent naître.
Et parfois, elles viennent le demander.
Dans le journal diocésain, "La semaine catholique" du 6 novembre 1932, un article relatait la cérémonie de bénédiction d’une cloche installée dans le petit béffroi de l'église de Saint-Gabriel.
" La paroisse de Saint-Gabriel possède un célèbre prieuré, fondé au XIe siècle par un seigneur de Creully, en faveur de l’abbaye de Fécamp ; de ce prieuré subsistent encore, outre un magnifique chœur roman du XIe siècle, d’autres constructions un peu plus récentes que leur propriétaire actuel, M. Fauchier-Delavigne, a transformé avec infiniment de goût en une belle école d’horticulture...
Il y a d’autre part, à Saint-Gabriel, une importante minoterie et
de nombreuses exploitations agricoles ; la population s’y est accrue depuis
quelques années au point qu’il a fallu construire des maisons nouvelles et
dédoubler l’école publique devenue trop petite. Ce n’est donc pas ici « la
terre qui meurt », mais bien la terre qui revit, parce qu’elle sait unir au
respect des bonnes traditions anciennes le souci de s'adapter aux progrès
modernes.
Mais l’une des caractéristiques les plus frappantes de notre
paroisse, c’est la bonne entente générale qui y règne. Cette union cordiale,
qui fait un des charmes, de Saint-Gabriel, est due pour une part à l’esprit
judicieux et avisé de ses habitants qui savent que la discorde et l’intrigue
nuisent toujours en fin de compte à ceux qui les ont fomentées. Mais elle
provient aussi de ce que tous ici sont, directement ou indirectement, pénétrés
de cet esprit de paix, de justice et de fraternité que le Christ est venu
enseigner aux hommes,
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Procession le jour du baptême de la cloche. |
C’est en ces termes que, le 27 octobre1932 , M. André Delacour, conseiller référendaire à la Cour des Comptes et maire de Saint- Gabriel, présentait la commune qu’il a su placer au premier rang du progrès social, à S. Exc. Monseigneur Picaud, venu pour bénir une nouvelle cloche. Et le distingué magistrat municipal, après avoir décrit en une page inspirée du plus pur esprit chrétien le rôle de la cloche, rappelait comment, le beffroi de la vieille église menaçant ruine, on avait dû interrompre les sonneries. La commune l'ayant remis à neuf, on avait alors songé à remplacer l'une des cloches fêlées, dont l’acquisition a pu être faite, grâce à une souscription paroissiale ouverte par « le dévoué, vaillant et distingué pasteur », M. l’abbé Frayard. Et l’orateur, écartant la perspective d’un nouveau tocsin de guerre, souhaitait pour terminer, l’avènement de cette bienheureuse Paix dont le Christ est venu apporter aux hommes la formule infaillible, mais que les hommes rechercheront en vain, tant qu’un trop grand nombre s’obstineront à demeurer sourds aux enseignements de l’Evangile.
Monseigneur Picaud remercia avec ce tact, cette élévation de la
pensée et cet art de la parole qui le caractérisent et sont déjà si appréciés
dans le diocèse. Puis, l’on se rendit à l’église bientôt remplie d’une foule
débordante, aux premiers rangs de laquelle on remarquait M. Engerand, député,
et M. le comte d’Oilliamson conseiller général. C’est alors que le Pontife,
assisté de M. le vicaire général Lemercère et de M. le chanoine Lefrançois,
doyen de Creully, qu’entourait un nombreux clergé, procéda à la bénédiction
rituelle de Gabrielle-Yvonne-Madeleine.
Après que M. l’abbé Frayard eut présenté à son évêque ses
paroissiens de Saint-Gabriel et dit leurs mérites et la satisfaction qu’ils
donnent à leur desservant, Monseigneur Picaud, dans un langage élevé et nourri
de fortes pensées, exposa le symbolisme de la cloche, tira la leçon de cette
belle liturgie et marqua la satisfaction qu’éprouvait son cœur d’Evêque.
La néophyte de bronze qui avait pour parrain M. Robert Delacour,
fils du maire de Saint-Gabriel, et pour marraine Mlle Julien fille du maire de
Brécy — commune rattachée pour le culte à Saint-Gabriel — ayant reçu
l’investiture chrétienne, prit place sans retard dans sa prison aérienne, pour
y remplir avec ses compagnes son rôle d'animatrice fidèle de la vie religieuse.
Après la cérémonie, Mgr Picaud fit dans la paroisse le tour de l’évêque, si nous osons dire, et d’un évêque particulièrement averti de la beauté artistique : il admira le vieux prieuré, félicita M. Fauchier-Delavigne de ses généreuses initiatives, loua M. Delacour de son zèle pour le bien social, marqué par de si beaux résultats, et félicita Saint-Gabriel d’avoir su choisir et garder un maire si distingué et dévoué.
Le souvenir que tous garderont de cette journée vraiment réconfortante en fera l’une des plus belles dates de l'histoire de Saint-Gabriel."
Le Miracle de Frère Geoffroy
Nous sommes à la veille des fêtes de la nativité
au XIIIe siècle.
Le prieuré de Saint-Gabriel, situé au cœur des
plaines normandes, à quelques lieues de Creully, était un lieu de paix et de
dévotion. Sa réputation était celle d’un havre d’érudition, mais aussi de foi
profonde. Parmi les frères qui y vivaient, nul n'était plus humble que Frère Geoffroy,
un moine âgé et aveugle depuis son enfance.
Frère Geoffroy était devenu aveugle après une
maladie qui l'avait frappé à l'âge de dix ans. Bien qu'il n'ait jamais vu les
murs de pierre ni les vitraux de la chapelle, il les « voyait » à travers les
récits des autres moines. Sa cécité n’avait en rien affaibli son esprit ou sa
dévotion. Chaque jour, il louait Dieu en récitant les psaumes par cœur et
aidait les novices à apprendre les prières.
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Est-ce vraiment une légende comme le prouve cette trace écrite ? |
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Un jeune jardinier au pied de la croix actuelle. |
RETROUVONS NOS LAVANDIERES.
Nous sommes en juillet 1885, le lavoir de Saint-Gabriel est animé par le bruit de l’eau et des discussions. Deux femmes, Jeanne et Marguerite, lavent leur linge et bavardent.
Jeanne : Eh bien Marguerite, as-tu entendu ce
qu’il s’est passé jeudi soir à Creully ?
Marguerite : À Creully ? Non, qu’est-ce qui s’est
passé ? Tu sais bien que je ne sors guère, surtout le soir !
Jeanne : Figure-toi que le plancher du deuxième
étage de la maison des Planchon s’est effondré ! Tout d’un coup, paf ! Le bois
était pourri, une poutre a cédé. Ça a fait un vacarme terrible, paraît-il.
Marguerite : Oh mon Dieu ! Et il y avait du monde à
l’étage ?
Jeanne : Oui, la femme de Victor et leurs deux
filles dormaient juste en dessous, au premier. Tu imagines la peur qu’elles ont
dû avoir ? Elles se sont retrouvées sous les décombres !
Marguerite : Mon Dieu… Elles n’ont pas été blessées,
j’espère ?
Jeanne : Par miracle, non. Enfin, la plus
grande, celle de 12 ans, a eu une contusion à la jambe droite, mais rien de
grave.
Marguerite : Comment ça se fait qu’elles s’en soient
tirées aussi bien ? Ça aurait pu être bien pire.
Jeanne : Eh bien, la poutre qui s’est brisée a
fini par s’arc-bouter en tombant. Elle a laissé un vide au-dessus du lit où
elles dormaient. C’est ce qui les a protégées !
Marguerite : Ah, quelle chance inouïe ! Et comment
ont-ils fait pour les sortir de là ?
Jeanne : La gendarmerie ! Tu sais qu’elle est
juste en face de chez eux. Les gendarmes ont entendu le bruit et sont accourus
tout de suite. En un rien de temps, ils ont dégagé les trois.
Marguerite : Eh bien, on peut dire qu’ils ont eu une
bonne étoile, les Planchon. Mais cette histoire me fait frissonner… Si cette
poutre avait cédé autrement, on parlerait d’un vrai drame.
Jeanne : C’est sûr. Dis-toi bien qu’ils vont
devoir refaire toute cette maison maintenant, parce qu’avec des poutres dans
cet état… Ça ne peut plus durer.
Marguerite : Et Victor ? Je ne l’ai pas vu au marché
ce matin. Comment prend-il tout ça ?
Jeanne : Il est encore sous le choc, paraît-il.
Mais enfin, il est soulagé que sa femme et ses filles soient en vie. C’est
l’essentiel.
Marguerite : Oui, tu as raison. Et dire qu’on se plaint pour des broutilles… Allez, Jeanne, passons au rinçage. Avec tout ça, on traîne !
Le moulin de Saint Gabriel-Brécy. |
A la mi-juillet 1885, deux lavandières tenaient la "bavette" comme on disait au lavoir de Creully sur le bief de la Seulles.
Marie : Tu as entendu parler de cet accident
près de Saint-Gabriel vendredi dernier ?
Eugénie : Non, qu’est-ce qui s’est passé ?
Marie : Eh bien, vers midi, le cocher Émile
Lombard rentrait au château de Monsieur Delacour, à Saint-Gabriel. Il
conduisait un coupé quand le cheval a commencé à s’agiter à cause des mouches.
Eugénie : Et ensuite ?
Marie : En essayant de se débarrasser des
mouches, le cheval a secoué la tête et la têtière est tombée. Affolé et hors de
contrôle, l’animal s’est emballé, traversant des bornes et des talus à toute
vitesse.
Eugénie : Oh non, ça a dû être terrible !
Marie : Oui, la voiture a été complètement
brisée, et le cheval n’a pu être maîtrisé qu’une fois arrivé à la porte du
château. Mais le pauvre cocher, lui, a été projeté sur une borne.
Eugénie : Il s’en est sorti ?
Marie : Pas vraiment... Sa jambe droite était
affreusement mutilée. Il a été transporté à l’hospice de Bayeux où ils ont dû
lui amputer la jambe.
Eugénie : Quelle horreur ! Et après ?
Marie : Pendant l’opération, le docteur
Aubraye, qui s’occupait de lui, a été victime d’une apoplexie et d’une
paralysie.
Eugénie : Non, sérieux ?
Marie : Oui, il a été conduit chez lui, mais
il est décédé quelques heures plus tard...
Eugénie : Quelle série de tragédies... C’est
terrible.
Le 11 novembre est un jour de mémoire et de recueillement, symbolisant la fin de l’un des conflits les plus destructeurs du XXe siècle. 426 hommes de Creully, Saint-Gabriel-Brécy et Villiers le Sec sont partis à la guerre de 14-18. Je vous propose, avec l'aide des Archives Départementales du Calvados, de découvrir leurs parcours militaires. Pour les 3 localités de Creully sur Seulles, leurs noms sont classés par ordre alphabétique; il vous suffit de "cliquer" sur un nom pour voir apparaître son parcours personnel.
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