Peut-être allez-vous retrouver les noms des joueurs manquants.
Creully sur Seulles
Creully sur Seulles et ses environs, des villages aux multiples histoires
Creully et les communes environnantes - La dentelle ou l'école !
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Un article de cette revue fut la base de mon texte. |
Dans ce seul département, on comptait, en 1851, près de 50 000 dentellières, et ce chiffre fut ensuite dépassé.
Concernant les
salaires, les enfants gagnaient de dix à quinze sous par jour, tandis que la
moyenne des ouvrières touchait environ deux francs par jour. Certaines
parvenaient même à atteindre trois, quatre, voire cinq francs.
Cette industrie
bienfaisante, très populaire et toute en grâce, était de surcroît éminemment
moralisatrice et présentait les avantages sociaux les plus sérieux.
D'abord, la nature même de ce travail s’accordait parfaitement avec les
obligations de la vie de famille. Le travail en communauté représentait la
meilleure école de fraternité et de solidarité.
Quelles pensées n’évoque pas le spectacle de ces humbles ouvrières, exécutant de luxueuses parures à la lueur tremblante d’une lampe, dans un décor misérable mais tout empreint d’évangélisme ! Et lorsqu’elles quittaient leur ouvrage pour regagner, sous la lumière glaciale de la lune, leurs chaumières sans feu,
songeaient-elles seulement que c’était l’heure où les élégantes se paraient de leur labeur ? Elles poursuivaient leur tâche sans en soupçonner la destination, dans le silence discret de leur dévouement.
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Ecole de dentelle à Cairon |
Ce travail en
commun, ces classes, ces chambres de dentelle eurent sur le développement de
cette industrie et le perfectionnement des ouvrières une influence
considérable. Elles stimulaient le zèle, encourageaient une émulation féconde,
offraient un apprentissage sérieux, et présentaient surtout l’avantage de
centraliser la production pour mieux la contrôler, voire la diriger.
« Depuis la loi de
1881, les enfants sont retenus à l’école jusqu’à treize ans. Les inspecteurs
n’autorisant pas la juxtaposition de l’enseignement professionnel à
l’enseignement primaire, les classes de dentelle ont été supprimées. Les
enfants n’ont donc pu fréquenter que les écoles primaires. Il ne subsiste
guère, dans le Calvados, plus de trois ou quatre classes de dentelle.
On peut alors juger
de ce qu’est devenu l’apprentissage. À treize ans, lorsque l’instruction est
achevée — âge où, autrefois, sept ou huit années de pratique permettaient déjà
de gagner un à deux francs par jour —, ces fillettes doivent tout apprendre d’un
métier tombé en désuétude, dont la maîtrise complète exige quatre à cinq
années. Or, à cet âge, selon les habitudes rurales, l’enfant est censé
contribuer au budget familial. Il faut pourtant sacrifier plusieurs années à
l’apprentissage d’un art précaire, dont le redressement, bien qu’espéré par
tous, reste encore très incertain.
Le goût des gains
précoces et le besoin d’un revenu immédiat détournent donc les enfants de cette
profession et les éloignent de leur village, qu’elles aiment sans doute, mais
où elles ne peuvent survivre économiquement. Ces fillettes, dont on souhaitait
relever la condition, émigrent vers les villes. Autrefois, elles eussent été
dentellières ; aujourd’hui, elles seront servantes. Ne reviendront-elles jamais
au pays quitté ? »
On précisait que
dans la région caennaise, où une enquête fut menée, cet exode des fillettes
constituait la cause principale de l’effroyable dépopulation des campagnes, ce
qui représente, pour qui sait réfléchir, un réel sujet d’inquiétude.
Dans les petites
paroisses, on ne célèbre plus guère de mariages. Pour ne citer qu’un exemple
parmi tant d'autres, depuis la crise de la dentelle, un village comme Amblie, près de Creully, a
vu sa population chuter de 700 à 300 habitants.
Le départ des enfants a brisé la vie familiale. Que deviennent alors les femmes restées sur place ? Les plus âgées, pour qui la dentelle est une habitude, continueront sans doute à en faire. Mais les femmes de trente à quarante ans,
d’habileté moyenne, considèrent qu’il est illusoire de travailler toute une journée pour gagner dix sous, tout en devant encore payer leur fil. Beaucoup préféreront ne rien faire.
La plupart
demeureront oisives, tristes, inoccupées. Et, à la campagne, un tel état
d’esprit est trop souvent la première étape vers l’alcoolisme.
Notre château de Creully a servi de décor dans une série diffusée sur France 3 Normandie, Anachroniks .
Une série fiction historique et humoristique de 4 à 6 min, proposée par France 3 Normandie qui nous transporte au XIe siècle dans notre contrée.
Nous retrouvons le château de Creully dans le troisième épisode.
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La grande salle voutée du château de Creully. |
Anachroniks - épisode 1 : La Choule
Anachroniks - épisode 2 : Le Drakkar
1866 - Les lavandières de Meuvaines "papotent" sur l'incendie de Crépon (près de Creully).
Jeannette : Dites donc, mes filles, vous avez entendu parler de ce qui s’est
passé dimanche soir à Crépon ? Un fichu incendie, qu’y paraît !
Clémence : Oh que oui ! Huit heures à peine sonnaient que déjà la grange du
sieur Basley flambait comme une torche. Et lui, c’est pas n’importe qui, hein,
c’est le charpentier du village !
Margot : Basley ? Sa grange ? Misère… Et c’est tout ce foin pour le boulanger Lécoiant qu’a pris feu ensuite, non ?
Jeannette : Exactement ! Y paraît qu’y avait pas moins de cinq mille bourrées
là-dedans ! De quoi nourrir un four à pain pour un an. Le feu, lui, n’a pas
attendu. Ça s’est mis à crépiter et à lécher les murs en un rien de temps !
Clémence : Heureusement qu’y avait pas un souffle de vent ce soir-là. Autrement,
tout le village y passait ! Tu sais bien, la grange, elle est en plein cœur du
bourg…
Margot : Ah ça, j’te le fais pas dire ! Et les secours ? Ils sont arrivés à
temps ?
Jeannette : Oh oui ! Les gendarmes, les pompiers de Creully, et même les pompes
de Ver et de Graye sont venues. Ils ont lutté ferme jusqu’à trois heures du
matin pour maîtriser la bête.
Clémence : Et les élèves du séminaire de Villiers le Sec, t’en parles ? Ils sont
venus en courant, guidés par leurs supérieurs. Des vrais braves, je te jure !
Ils ont formé la chaîne pour amener l’eau, vu qu’elle était pas tout près.
Margot : Eh ben, on les a vus, oui. Avec leurs soutanes retroussées et les
seaux à bout de bras. Même M. le curé et M. le maire étaient là, à mouiller la
chemise !
Jeannette : Et M. Le Moutier, le notaire ! Toujours à encourager les gens,
celui-là. Tout le monde a mis la main à la pâte. Pas un pour se défiler.
Clémence : Au moins, une partie des pertes est assurée, qu’on dit. Mais bon, ça
console pas tout, hein.
Margot : On raconte que ce serait dû à une imprudence... Tu parles d’un
malheur ! Ce matin, les gens de la justice de Bayeux sont venus voir sur place
pour comprendre ce qui s’est vraiment passé.
Jeannette : Faut espérer qu’ils trouvent. Parce qu’un incendie pareil, ça laisse
pas que des cendres... ça laisse aussi des soupçons.
Creully - 1924 - Au Palais de justice de Caen: incendiaire ou non?
Renvoyé par la direction de cet établissement il essaya quelque temps après, d’être réintégré dans son emploi. Ses démarches demeurèrent infructueuses. Furieux de n’avoir pu obtenir satisfaction, Lechevrier proféra, en sortant du bureau, des menaces exprimées à demi-mot.
On ne s’émut nullement de ses propos.
L’employé vindicatif était cependant bien résolu à se venger de ses anciens maîtres.
Dans la nuit du 21 juillet 1924 dernier, un bâtiment dépendant de la laiterie fut détruit par un incendie et les dégâts s’élevaient à la somme de 70 000 francs.
On l’invita à se joindre au personnel pour combattre les ravages du feu. Lechevrier balbutia quelques paroles inintelligibles et s’éloigna rapidement.
Le matin vers cinq heures, poussé par l’une de ces hantises qui ramènent souvent les criminels sur le théâtre de leurs exploits, l’incendiaire rôdait, silencieux, autour de la laiterie.
Aux gendarmes qui l’appréhendèrent, il déclara après bien des réticences, qu’il avait effectivement passé une partie de la nuit dans le grenier à foin d’où étaient parties les premières étincelles.
Il ajouta qu’ayant cherché un endroit pour s’étendre, il avait enflammé une allumette qui, en tombant, mit le feu aux bottes de foin mais que l’incendie était dû à une simple imprudence de sa part.
Dans un nouvel interrogatoire, Lechevrier désigna comme l’auteur probable du sinistre un employé de la laiterie Paillaud.
Malgré les charges accablantes réunies contre lui, l’accusé s’est constamment refusé à faire l’aveu de sa culpabilité.
Lechevrier n’a pas d’antécédents judiciaires et les renseignements recueillis sur son compte ne sont pas défavorables.
Au cours de son interrogatoire, l’accusé maintient son système de défense. Les témoins entendus n’ont apporté aucun fait nouveau.
Après le réquisitoire de Maître Lecoufle et une brillante plaidoirie de Maître Chauveau, le jury rapporte un verdict négatif et la Cour acquitte Lechevrier.
(Le nom de l'accusé a été changé)
C'est certainement dans ce bâtiment que l'incendie se déclara.
La forteresse médiévale de Creully sur Seulles va retrouver son "son & lumières".
1876 - Félicitations aux écoliers du canton de Creully
Voici quelques résultats concernant les écoliers du canton de Creully.
Peut-être que vous y trouverez l'un de de vos aïeux.
Creully sur Seulles - 1873 - Projet d'alignement sur les routes départementales
Les archives départementales du Calvados recèlent de véritables trésors. À chacun de mes passages, je prends un plaisir presque secret à les redécouvrir, à en tourner les pages comme on effleure un passé encore vivant, et à en capter l’essence pour mieux la préserver. De ces instants naissent des articles, fruits de mes explorations, que je me réjouis de partager avec vous à travers les pages de mon blog.
RUE DE BRETTEVILLE
RUE DE TIERCEVILLE
Ver sur Mer - Les ombres des voiles du nord - Une légende
Ver-sur-Mer se tenait fièrement en Normandie, marqué du sceau de saint Gerbold, protecteur bienveillant de ces terres battues par les flots. La Tour de Fol, dominant la mer, perchée non loin de Bayeux, dans le village de Ver sur mer, racontait à elle seule des siècles de destins. Lieu de légendes.
C’était une époque troublée, où la mer n’apportait guère d’autre écho que celui du danger. Vers le commencement du neuvième siècle, les Normands, maîtres intrépides de leurs frêles esquifs, déferlaient sur le riche et beau pays de France. Leurs incursions ne connaissaient pas de limites : ils remontaient hardiment les rivières, pénétrant loin dans les terres où nul ne pensait qu’un ennemi pouvait s’aventurer. Quant aux contrées riveraines, elles vivaient sous l’incessante menace de ces marins farouches, payant de lourdes rançons pour épargner leurs terres du feu et de l'épée.
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Gravure datée de 1869 |
Certes, des seigneurs
courageux veillaient sur leurs domaines. Mais hélas, rien ne pouvait rivaliser
avec la mobilité foudroyante des assaillants scandinaves, qui surgissaient et
disparaissaient comme des ombres. Leur passage laissait derrière eux le désastre :
des villages réduits en cendres, des campagnes dévastées, et une moisson de
morts.
Au cœur de ces temps
tourmentés, une bâtisse se dressait, belle et téméraire à Ver sur mer : la Tour
du Fol ou d'Amour, ainsi nommée à cause de l’histoire qu’elle abritait. Là
vivait un jeune seigneur, récemment uni à une damoiselle d’une rare beauté, rencontrée
dans les environs. Leur amour était flamboyant, éclatant, un phare dans
l’obscurité d’une époque de troubles. La lune de miel illuminait leurs jours et
leur faisait oublier tout le reste : les tracas du monde, les murmures des
menaces et jusqu’aux cris de guerre qui bruissaient parfois au loin.
Le cœur du seigneur
battait exclusivement pour son épouse, et il délaissait volontiers toute
affaire militaire pour s’abandonner à ses caresses et à son sourire. Il ne
voyait en ces "Northem" que des ombres lointaines, incapables de
troubler le sanctuaire de son amour.
Cependant, l’amour,
tout puissant qu’il fût, n’avait pas protégé la Tour du Fol des regards avides.
Un chef normand, Wilkind, avait appris la présence de la belle châtelaine.
Homme d’ambition et de conquêtes, il avait toujours su s’arroger ce que son cœur
désirait, soit par la force, soit par la ruse. Et cette fois encore, il se jura
d’en faire de même.
"Ce trésor
m’appartiendra !" avait-il proclamé à ses compagnons, le regard fixé sur
l’horizon. À ses guerriers, il laissait tout le reste : les coffres, les
vivres, les joyaux. Mais la dame, elle, serait pour lui.
La lune montait haut
dans le ciel, recouvrant les eaux calmes d’un voile d’argent. Sous les ombres
de la nuit, les barques des Scandinaves glissèrent sans bruit. Wilkind et ses
hommes attendaient l’heure propice pour frapper, tapis comme des loups affamés.
Pendant ce temps, au
sommet de la Tour du Fol, rien ne troublait la félicité du seigneur et de sa
dame. Reposés dans l’intimité de leurs alcôves, ils ne savaient rien des
cendres et des flammes qui s’apprêtaient à consommer leur rêve. Mais à l’ombre
du bonheur rôdait le malheur, et la Tour du Fol n’était peut-être plus que le
théâtre d’un dernier acte.
°°°°°°°°°°°°
Minuit tombait comme un voile sur la campagne endormie. La Tour du Fol baignait dans une sérénité trompeuse, son sommet caressé par les éclats de la lune. Loin en contrebas, l’onde noire de la mer laissait s'approcher les barques des guerriers normands. Avec une précision silencieuse, Wilkind guidait ses hommes. Ils glissèrent dans les eaux, leurs rames mordant les flots sans un bruit.
L’obscurité était leur alliée. Une fois accostés, ils se dispersèrent comme
une nuée, serpentant entre les herbes hautes et les ombres projetées par les
murailles de la tour. Wilkind marchait en tête, son esprit déjà captivé par
l'image de celle qu'il venait arracher à son paradis terrestre.
Pendant ce temps, dans les murs épais de la Tour du Fol, l’amour régnait
encore. Le jeune seigneur, allongé auprès de son épouse, admirait le doux
contour de son visage baigné par une lumière d’argent. Elle souriait dans son
sommeil, insouciante, tandis que lui se promettait en silence de l’aimer
jusqu’à la fin des âges.
Mais les dieux, cruels spectateurs, s’apprêtaient à briser cette harmonie.
Un cri déchira soudain la quiétude de la nuit, suivi par le tintement du
métal. Surpris dans leur sommeil, le seigneur et sa dame bondirent de leur
couche.
"Que se passe-t-il ?" murmura-t-elle d’une voix tremblante.
Déjà, le bruit des pas précipités retentissait dans les escaliers de
pierre. Les flammes montèrent dans l’obscurité, lançant des ombres terrifiantes
sur les murs. Le seigneur attrapa son épée, toujours à portée de main, et se
tourna vers elle :
"Reste ici, ma douce ! Je vais voir. Garde la porte close quoi qu'il
arrive."
Elle voulut le retenir, mais déjà il s’élançait, sa lame brillant sous la
lumière tremblante des torches.C'est ici, à Ver sur Mer que s'élevait la "tour du Fol" dite "tour de l'Amour"
Dans la grande salle en contrebas, les Normands s’étaient déjà engouffrés,
repoussant les gardes qui tentaient en vain de défendre l’entrée. Wilkind
avançait, imposant, le regard fixé sur le sommet de la tour. Mais il se figea
un instant en voyant le jeune seigneur descendre l’escalier, le port altier,
son épée au clair.
"Tu oses souiller ma demeure !" tonna-t-il, la voix vibrante
d’une colère sacrée.
Wilkind sourit, amusé par le défi lancé. Il fit un signe de la main ; ses
hommes s’écartèrent.
"Je suis venu pour elle," répondit-il avec un calme froid.
"Cède-la, et je t’épargnerai."
Les flammes dansaient autour d’eux, et dans ce décor de feu et de cendres,
les deux hommes s’observèrent.
"Plutôt mourir que de te livrer ma femme !" répliqua le seigneur.
Wilkind tira son épée, un sourire carnassier éclairant son visage.
"Soit, seigneur. Mourons alors… ou vainquons !"
La grande salle résonna bientôt des bruits d’acier contre acier. Le jeune seigneur, porté par la rage et l’amour, se battait avec une ardeur désespérée. Mais Wilkind, rodé aux batailles, avait la puissance et la technique. Il parait chaque coup avec une aisance effrayante, tournant autour de son adversaire tel un fauve autour d'une proie affaiblie.
Au sommet de la tour, la dame écoutait, le cœur battant. Ses mains
tremblaient tandis qu’elle serrait contre elle un poignard d'apparat, seul
vestige d'une défense dérisoire. Ses prières montaient vers le ciel, mais les
dieux restaient silencieux.
Lorsque le cri du seigneur perça les bruits du combat, suivi du lourd
fracas d’un corps tombant sur la pierre, elle comprit que l’inévitable s’était
produit.
Les pas montèrent l’escalier, lents, implacables. Puis Wilkind apparut dans
l'encadrement de la porte. Ses yeux d’acier croisèrent ceux, effrayés, de la
jeune femme.
"Rien ni personne ne m’arrête," déclara-t-il, d’une voix aussi
froide que le métal qu’il portait.
La jeune femme recula, son regard rempli de défi malgré la peur. Le
poignard qu’elle tenait dans ses mains tremblantes brillait faiblement à la
lumière des torches. Wilkind s’approcha lentement, le sourire d’un prédateur
jouant sur ses lèvres.
Mais alors qu’il tendait une main pour s’emparer d’elle, un bruit
inattendu, lourd et sec, retentit depuis l’escalier. Les derniers gardes
loyalistes avaient dû se regrouper pour tenter un sursaut. Wilkind hésita, son
instinct d'homme de guerre prenant le dessus.
Le bruit d'une corne, écho venu des bois voisins, porta avec lui une
nouvelle : les habitants du domaine, rassemblés par des messagers qui avaient
échappé à l'attaque, arrivaient en renfort. Une bataille restait à jouer.
Wilkind lança un regard noir à la dame. "À bientôt, belle,"
grogna-t-il avant de reculer vers l’escalier. Laissant là son rêve brisé par la
ténacité de ses proies, il disparut dans les ombres comme il était venu.
°°°°°°°°°°°°
L’aube se leva sur la Tour du Fol, dévoilant le chaos laissé par l’assaut.
Des murs noircis par les flammes se tenaient encore debout, comme des
sentinelles témoignant d’une bataille âprement menée. Le sol était jonché de
débris : armes abandonnées, écharpes ensanglantées, et le silence pesant des
vaincus.
Le jeune seigneur, blessé mais debout, errait dans la cour. Sa silhouette
vacillante portait les marques du combat : son épaule saignait, et son bras
gauche pendait inutile. Pourtant, son regard ne cherchait qu’une chose : elle.
Dans l’escalier menant à la chambre haute, il trouva sa dame, blottie
derrière une porte défoncée. Ses mains serraient encore le poignard inutile,
mais ses yeux pleins de larmes s’illuminèrent à la vue de son époux.
"Tu es vivant !" s’écria-t-elle, courant vers lui malgré la
douleur qui habitait son cœur.
Le jeune seigneur la prit dans ses bras, murmurant des paroles rassurantes
bien que son esprit fût empli d’angoisses. Les Normands, même repoussés cette
nuit-là, reviendraient. Il le savait. Ce n’était qu’un répit, une lueur dans
les ténèbres.
Les jours suivants furent consacrés à panser les plaies et à relever les murs. Les villageois, rassemblés autour de la tour, proposèrent leurs bras et leurs ressources pour rebâtir ce que les flammes avaient détruit. Le couple, désormais uni par une épreuve terrible, travaillait sans relâche. La jeune épouse, pourtant si frêle, apportait le courage et l'espoir par sa seule présence.
Mais malgré l’amour et la solidarité, un murmure sourd parcourait la
région. Wilkind et ses hommes n’avaient pas été écrasés, seulement dispersés.
Et si leur chef n’avait pas pris la dame ce soir-là, c’est uniquement parce
qu’il avait été rappelé à la prudence.
"Il reviendra," murmurait-on aux abords des champs. "Les
Normands ne se contentent jamais d’une défaite."
Le jeune seigneur savait ces murmures vrais. Alors, avec une détermination
nouvelle, il entreprit de transformer la Tour du Fol. Elle devint une
forteresse, un bastion imposant fait non seulement de pierre mais de loyauté et
de feu. Il instruisit ses hommes, perfectionna les défenses, fit couler des
douves profondes, érigea des herses impénétrables.
°°°°°°°°°°°°°
Épilogue
La légende raconte que Wilkind ne revint jamais. Peut-être les murs
imprenables de la Tour d’Amour l’avaient-ils découragé, ou bien ses propres
ambitions l’avaient porté vers d’autres rivages. Mais quoi qu’il en soit, la
Tour devint un symbole de résilience.
La jeune dame et son époux vécurent de longues années, entourés de ceux qui
les avaient aidés à surmonter l’adversité. La Tour du Fol, rebaptisée Tour
d’Amour par les générations futures, fut évoquée comme le lieu où l’amour avait
tenu tête à la barbarie et où le courage avait résisté à l’effroi.
Certains disent qu’en approchant la vieille tour au clair de lune, on peut
entendre le murmure du vent dans les pierres, comme un écho de la promesse
faite ce soir-là :
"Jamais notre amour ne pliera."
Et ainsi, parmi les légendes qui parsèment les rivages du nord, la Tour
d’Amour continue de briller, non pas seulement comme une forteresse, mais comme
un témoignage immortel d’une lutte pour ce qui est le plus précieux : la vie,
la liberté… et l’amour.
Source : Livre de G Lanquest paru en 1907.
Lire les deux autres légendes de Ver sur Mer, Un clic sur les titres ci-dessous :
Clotilde et Lotaire... L'Amour de la Tour de Ver sur mer.
Ver sur Mer - La légende de la sentinelle de pierre : la "Tour du Fol"
Le taureau de Creully par les lavandières de Secqueville en Bessin.
Retrouvons ces dames au lavoir de Secqueville en Bessin.
Berthe : Ah, Marise, as-tu entendu parler de ce qui s’est passé hier à Creully ?
Marise : Non, quoi donc ? Encore des commérages
?
Berthe : Point du tout ! Un accident, et pas des
moindres ! Figure-toi qu’au concours d’animaux organisé par la Société
d’agriculture de Caen, un taureau a failli estropier un homme !
Marise : Un taureau ? Sainte Mère ! Mais comment
cela est-il arrivé ?
Berthe : Eh bien, les messieurs du jury étaient
là, examinant les bêtes comme ils le font chaque année. M. Hornez, un des
juges, inspectait la mâchoire d’un taureau pour vérifier son âge. Mais voilà
que l’animal, mal retenu par son bouvier, s’énerve tout à coup et se met à ruer
comme un diable !
Marise : Grand Dieu ! Et il a blessé quelqu’un ?Lavoir de Secqueville en Bessin
Berthe : Oh oui ! M. Hornez a eu le bon sens de
s’écarter à temps, sinon il était frappé en pleine poitrine. Mais M. le comte
d’Osseville, lui, a été jeté à terre comme un vulgaire sac de farine !
Marise : Oh là là, pauvre homme !
Berthe : Et ce n’est pas tout ! M. Jardin a reçu
un coup au bras droit, rien de bien grave, mais M. Duquesnel, lui, a été bien
malchanceux… la bête lui a rué sur le pied gauche, et il en a été blessé assez
sérieusement !
Marise : Ah, les pauvres ! On croit que juger un
concours de bêtes, c’est une affaire tranquille, mais voilà bien la preuve du
contraire !
Berthe : Tu l’as dit ! Ce n’est pas tout rose,
ces histoires-là… Tiens, passe-moi donc ce savon, j’ai encore deux draps à
frotter avant de rentrer.
Le premier week-end de printemps 2025, la Seulles disparut puis réapparut deux jours plus tard.
Le premier dimanche du printemps, les habitants de Creully et ceux du hameau de Creullet furent témoins d’un phénomène étrange : la Seulles, cette rivière paisible qui serpentait dans la vallée, disparut soudainement. Son cours, d’ordinaire si régulier, s’interrompit brusquement en un point précis de son lit, où un trou s'était formé dans la nuit.
Des habitants de Tierceville, alertés par le silence anormal de la rivière, remontèrent vers l’amont en empruntant les berges. Là où, la veille encore, l’eau clapotait joyeusement, il ne restait qu’un gouffre sombre, avalant la Seulles comme un monstre insatiable. Les villageois s’interrogeaient, certains murmurant qu’un esprit ancien s’était réveillé, d’autres évoquant un phénomène géologique inexplicable.
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C'est ici que la Seulles disparut. |
Des experts furent appelés, mais ni les géologues
ni les hydrologues ne purent donner d’explication immédiate. La rivière s’était
tout simplement volatilisée, aspirée sous terre sans laisser de trace.
Puis, deux jours plus tard, alors que le mystère
s’épaississait et que certains craignaient de voir la Seulles disparaître à
jamais, l’eau revint aussi soudainement qu’elle s’était évaporée. Le gouffre,
qui paraissait encore béant la veille, s’était comme refermé sur lui-même. La
rivière reprit son cours normal, comme si rien ne s’était jamais passé.
Les habitants restèrent perplexes. Était-ce un
caprice de la nature, une faille souterraine qui s’était ouverte puis refermée
? Ou bien une vieille légende locale, oubliée depuis longtemps, venait-elle de
leur rappeler qu’il y a bien des siècles, on pouvait quitter la forteresse
médiévale de Creully par un souterrain pour rejoindre la grande ferme à
l’entrée de Crépon, un village au nord-ouest ? La rivière Seulles avait-elle
voulu visiter ce passage secret ?
Quand la laiterie Paillaud de Creully envoyait ses boites de lait en Birmanie.
La Birmanie a été touchée vendredi par un séisme de magnitude 7,7 qui s'est produit à 16 kilomètres au nord-ouest de la ville de Sagaing, et dont les secousses ont été ressenties jusqu'en Thaïlande. A ce jour on dénombre plus de 1600 morts.
Après la guerre de 39-45, la laiterie PAILLAUD de Creully mettait en boite du lait concentré pour la Birmanie comme nous le prouve l'étiquette ci-dessous.
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Collection philippe Vuillemin |
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Une partie de la laiterie Paillaud . |
Creully sur Seulles - Le Père Fouras de Creully

