Creully sur Seulles
Creully sur Seulles et ses environs, des villages aux multiples histoires
Deux habitants d'Amblie (près de Creully) ont eu la tête coupée...
Les frères Tillard, Pierre et Jean-Baptiste, condamnés par la cour d'assises le 30 mai 1824, subirent
leur jugement le 16 juillet de la même année. Depuis longtemps, une exécution
n’avait attiré autant de spectateurs. On aurait eu du mal à se figurer le
nombre de personnes venues de la ville de Caen et des campagnes environnantes
pour y assister.
Ces deux frères, dont l’aîné avait vingt-deux ans, étaient originaires
d’Amblie, une paroisse voisine de Creully. Ils avaient assassiné une marchande
de leur village le 9 janvier 1824, qui, en plus de son activité commerciale, vendait à boire.
Après l’avoir tuée, ils avaient jeté son corps à l’eau et volé tout ce qu’ils
pouvaient emporter.
Le cadavre de la victime, entraîné par le courant, fut arrêté par un moulin,
dont il bloquait le mécanisme. Le meunier le découvrit et put identifier le
corps. OnMoulin à Amblie
entreprit alors des recherches dans le village et ses environs, mais
celles-ci restèrent infructueuses dans un premier temps. C’est finalement un
berger qui fit une découverte cruciale : dans une carrière, il remarqua qu’une
ouverture, visible auparavant, avait été obstruée à l’aide de branches et de
mottes de terre. Curieux, il décida de rouvrir l’endroit, où il trouva des
effets enveloppés dans une blouse.
Le maire, Victor de Cairon, fut appelé pour examiner le contenu du paquet. Il identifia les
marchandises appartenant à la victime et reconnut la blouse comme étant celle
de l’un des frères Tillard. Dans la maison de la victime, on découvrit
également, sur la table où les frères avaient bu, un bouton métallique
identique à ceux du vêtement de l’un des deux frères, lequel était justement
privé d’un bouton à son habit. Ces éléments accablants conduisirent à leur
arrestation.
Les investigations révélèrent que les frères avaient attendu que la femme
soit seule chez elle, car elle vivait habituellement avec une jeune fille. Des
témoins affirmèrent les avoir croisés près de la maison le jour du crime.Eglise d'Amblie
La mère des Tillard fut également arrêtée, mais elle fut finalement
relâchée, aucune preuve directe ne permettant de l’incriminer. Cependant, il
lui fut reproché la manière dont elle avait élevé ses enfants. Il apparut au
cours des débats qu’elle les encourageait activement à voler. À chaque retour,
elle leur demandait ce qu’ils avaient rapporté, les grondant lorsqu’ils
rentraient les mains vides. Le père, en revanche, était reconnu comme un homme
irréprochable.
Le comportement délinquant des frères avait rapidement suscité des soupçons
à leur égard, soupçons qui furent confirmés par l’enquête. Jugés coupables, les
frères Tillard furent condamnés à la peine capitale. Ils affrontèrent leur
supplice avec une indifférence manifeste, sans prêter attention aux
remontrances des ecclésiastiques qui les accompagnaient.
Le plus jeune, âgé de 19 ans, monta à l'échafaud en dansant.
Lorsque le dernier frère se retrouva sur la bascule, prêt à être exécuté, il
déclara avoir des aveux à faire. Le bourreau lui répondit qu’il était trop tard
et le poussa sous la lame. L’homme bougea tant pendant l’opération que le
couperet lui fendit le crâne de manière imparfaite.
Le peuple ne manifesta aucune compassion pour ces deux criminels, qui
quittèrent ce monde sans donner le moindre signe de repentir.
Crépon - 1675 - Histoire de cloches...
L’année 1675 fut désastreuse pour le budget de l’église de Crépon : 329 livres de recettes contre 489 livres de dépenses, dont 418 consacrées à la refonte des cloches ! Le livre de comptes nous permet de suivre pas à pas cette grande opération.
Tout commence le 16 juin 1675, par une
délibération des paroissiens. Sous la pression du curé, ils consentent à la
refonte de leurs trois cloches et désignent Jean Le Blais, écuyer, sieur de la
Vallée et alors trésorier en charge, pour traiter à Caen avec les fondeurs
Jacques Jonchon et Pierre Buisson.
Ensuite, quatre charpentiers de Crépon –
Robert et François Marie, Henri Foucher et Paul Corbel – descendent les cloches
de la tour et abattent des arbres pour fabriquer une grue et des échafaudages.
Michel Vallée, fermier du poids du roi à Creully, vient lui-même à Crépon pour peser le métal des vieilles cloches. Le charpentier Mathieu Tilloy et le couvreur Jean Bayeux construisent dans le cimetière un grand appentis destiné à accueillir la fonte des nouvelles cloches, car celle-ci sera réalisée sur place.
François Gorette et François Fouquet,
deux transporteurs, apportent à Crépon quatre charretées de gros cailloux,
trois de petits et deux bannelées de terre rouge ou d’argile, nécessaires à la
fabrication des fours. Les pierres, extraites de la carrière d’Orival par
Clément Le Tellier, laboureur, lui valent la somme de 50 sols.
Une fois les nouvelles cloches fondues
et pesées par Michel Vallée, il faut les monter dans le clocher. Pour cela, les
charpentiers installent trois pièces de bois au-dessus du beffroi de la tour et
deux planchers en dessous. S’aidant d’une échelle et d’un brancard qu’ils ont
eux-mêmes confectionnés, ils achèvent leur ouvrage avec succès. Les cloches
sont graissées avec deux livres de graisse blanche et une livre de graisse
brune, puis... en avant le carillon !
Cependant, une telle entreprise ne
pouvait se conclure sans un procès. En effet, les paroissiens de Crépon,
sensibles à la qualité du son, ne tardent pas à constater que leurs cloches ne
sont pas en harmonie. Sans attendre, Jean Le Blais se rend à Caen pour
consulter l’avocat Gouville, qui intente un procès contre les deux fondeurs.
Ces derniers sont condamnés à refondre la petite cloche et à la remettre au
diapason.
Creully sur Seulles - Retraite des communiants de Creully à Douvres La Délivrande.
Clotilde et Lotaire... L'Amour de la Tour de Ver sur mer.
C’était une époque où le parfum de l’Histoire flottait dans l’air comme une brume sur les vagues. Le septième siècle ouvrait son chapitre, et Ver-sur-Mer se tenait fièrement en Normandie, marqué du sceau de saint Gerbold, protecteur bienveillant de ces terres battues par les flots. La Tour de Fol, dominant la mer, perchée non loin de Bayeux, dans le village de Ver sur mer, racontait à elle seule des siècles de destins. Lieu de légendes et d’héritages, elle fut un temps donné, avec les terres environnantes, par le roi Clovis lui-même à l’un de ses plus fidèles capitaines.
Dans la contrée, l'on raconte des légendes qui virent comme décor cette tour que l'on appelait parfois "la Tour de l'Amour"
Clotilde et Lotaire... L'Amour de la Tour de Ver sur mer.
Dans cette tour, Eloi, l’héritier d’une lignée de
preux chevaliers, veillait sur son domaine. Sa fille unique, Clotilde,
incarnait la grâce et la beauté. À seize printemps à peine, elle illuminait
tout ce qui l’entourait, attirant d’innombrables soupirants, séduits autant par
sa douceur que par sa réputation. Mais leurs espoirs se brisaient à chaque fois
sur les récifs de refus mystérieux. Le cœur de Clotilde semblait clos à tous...
sauf à un souvenir.
Ce souvenir portait un nom : Lotaire. Le jeune homme, fils d’un compagnon d’armes de son père, avait grandi à ses côtés. Ensemble, ils avaient appris à rêver, à rire et à aimer. Lorsque Lotaire, à ses dix-huit ans, fut appelé à rejoindre les
armées franques, les deux jeunes cœurs, tremblants mais résolus, s’étaient juré un amour éternel. En gage, ils avaient partagé une médaille de la Vierge, chacun emportant la moitié de ce symbole indissoluble.Les années passèrent. Lotaire s’illustra dans des
batailles féroces, gravissant les échelons de la gloire et s’enrobant de
légendes. Mais pour Clotilde, restée à la tour, le silence qui suivait chaque
victoire résonnait comme un abandon.
Un soir d’hiver, sous les hurlements d’une tempête, un mendiant affaibli, courbé par la souffrance et vêtu de guenilles, frappa timidement à la porte de la tour. Fidèle à sa réputation de bonté, Clotilde accueillit le malheureux, lui offrant chaleur, nourriture, et abri. Le lendemain, le pauvre homme fut cloué à son lit par une faiblesse étrange, révélant une folie latente. Pourtant, loin de l’éloigner, Clotilde le prit en affection. À ses yeux, il y avait dans cet infortuné une étincelle familière, un reflet lointain d’un visage qu’elle avait aimé. Était-ce un caprice du cœur ou un jeu du destin ?
Trois mois passèrent ainsi, le mendiant devenu
une figure énigmatique des lieux. Mais un jour, des rumeurs s’élevèrent : saint
Gerbold, cet homme de Dieu dont la foi résistait à toutes les épreuves, avait
fait jaillir une source miraculeuse non loin de la tour. Clotilde décida d’y
conduire le mendiant, espérant une guérison de l’âme et du corps.
La nuit précédant leur départ, Clotilde passa de
longues heures en prière dans son oratoire, implorant le Seigneur pour son
protégé. Lorsque le matin surgit, enrobant la terre de ses caresses dorées,
elle s’éveilla pleine d’espoir et descendit chercher son père. Ensemble, ils se
dirigèrent vers la grange où dormait l’infortuné. Mais ce qu’ils découvrirent
en ouvrant la porte les laissa sans voix.
Au lieu du mendiant maladif qu’ils attendaient,
un preux chevalier, resplendissant dans une armure étincelante, se dressait
devant eux. Autour de lui, la grange avait été métamorphosée en une salle
féerique : tapis de fleurs, tentures brodées d’or et de soie, trophées d’armes
et étendards resplendissants. Le chevalier mit pied à terre et, s’agenouillant
devant Clotilde, sortit une relique précieuse de sous son plastron : la moitié
de la médaille, ce gage d’amour éternel.
« C’est moi, Clotilde, Lotaire, ton compagnon
d’enfance. Pour prouver ton cœur, j’ai abandonné mes honneurs et ma fortune,
j’ai revêtu les habits de la misère. J’ai voulu voir si celle que j’aime était
aussi généreuse que belle. Aujourd’hui, je sais : ton cœur pur brille plus fort
que tous mes lauriers. »
Les larmes aux yeux, Clotilde reconnut en cet
homme le jeune garçon auquel elle avait offert son amour. Elle tendit la main
vers lui, leur médaille se recomposant en un bijou unique. Main dans la main,
ils prirent la route de la source bénie, non plus en quête d’un miracle, mais
pour que saint Gerbold consacre leur union. Ce jour-là, sous les regards
émerveillés des habitants de la tour, la destinée accomplit son œuvre.
Source : Livre de G Lanquest paru en 1907.
1837 - Le projet de sieur Roblin pour acheminer les huitres de Courseulles à Paris
La réputation des huîtres des côtes françaises remonte à l’époque gallo-romaine. Elles étaient alors connues et très estimées des anciens. Les Athéniens, par exemple, utilisaient leurs écailles pour inscrire leurs votes et prononcer des décisions.
Chez les Romains, les huîtres étaient considérées comme une nourriture à la fois saine et délicate. Pline rapporte qu’un spéculateur nommé Sergius Aurata fut le premier à avoir l’idée de creuser des viviers près des haies pour y engraisser les huîtres, notamment celles du lac Lucrin, près de Pouzzoles. Ces huîtres acquirent une grande renommée grâce à leur saveur exquise.
Ausone, célébrant les huîtres de la Gaule, évoque leur culture dans de grands bassins où elles étaient enfermées afin de se multiplier et de s’engraisser :
Dulcibus in stagnis reflui maris aestus opimal.
(Les eaux chaudes de la mer se déversaient dans des piscines douces.)
On raconte que les gallo-romains appréciaient les huitres de Courseulles
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Le port |
Depuis l’établissement des parcs à huîtres dans la commune de Courseulles, l’approvisionnement pour Paris se faisait par le transport de voitures de rouliers qui, depuis quelque temps, accomplissaient la route en trois ou quatre jours. Ce transport, effectué du 15 septembre de chaque année jusqu’au 15 mars de l’année suivante, était interrompu le reste de l'année en raison de la chaleur. Le transport par mer, quant à lui, était peu utilisé.
Un sieur Roblin, capitaine au long cours, a récemment créé une société sous sa gestion. Celle-ci a pour but d’exploiter à grande échelle, par voie maritime et grâce à un service de bateaux à vapeur, le transport des huîtres de Courseulles à Paris. Ce projet repose sur plusieurs considérations :
- Les frais de transport actuels, réalisés uniquement par des voitures, excèdent largement le coût d’acquisition initial des huîtres.
- En été, les envois sont presque inexistants à cause de la chaleur, qui dessèche ou altère la qualité des huîtres transportées en bourriches.
- Par mauvais temps, les voitures ne peuvent porter que les six-septièmes de leur charge normale, une contrainte qui s’étend du 1er novembre au 1er avril.
- Pendant
l’hiver, les huîtres gèlent en route ou sur place.
- Un parc flottant sera remorqué de Courseulles à l’embouchure de la Seine par un bateau à vapeur de 40 chevaux. Il remontera ensuite la Seine jusqu’à Rouen.
- À Rouen, un second bateau à vapeur de même puissance, mais avec un tirant d’eau inférieur (deux pieds maximum), transportera le parc jusqu’à Paris.
- À Paris, le parc à huîtres sera déchargé, tandis que le bateau reviendra chargé de marchandises pour Courseulles ou vide pour récupérer de nouvelles huîtres.
- Les frais d’organisation et de fonctionnement.
- La location des parcs de l’île de Plaisance sur 15 ans.
- L’acquisition de deux bateaux à vapeur et de 12 bateaux plats (8 pour la pêche, 4 pour le transport).
Afin de garantir des ressources abondantes et d’excellente qualité pour la société, M. Roblin a acquis l’île de Plaisance, située à Courseulles.
Cette île comprend 17 parcs à huîtres parmi les plus beaux et réputés de France. L’un d’eux s’étend sur une demi-lieue carrée. Grâce à des canaux souterrains et des écluses aménagées, il sera possible de doubler la capacité du parc si nécessaire.
Modalités d’exploitation :
Quatre bateaux plats d’environ 70 à 80 tonneaux chacun, utilisés comme parcs à huîtres flottants, effectueront des trajets réguliers entre Paris et Courseulles. Ces embarcations seront remorquées par deux bateaux à vapeur, spécialement conçus pour ce service, avec un tirant d’eau adapté aux marées les plus basses.
Le transport se déroulera comme suit :
Ces bateaux pourront également transporter d’autres produits locaux comme le beurre du Cotentin, le poisson du Calvados, ou les volailles et bestiaux du pays d’Auge. Ils accueilleront aussi des passagers.
Organisation commerciale :
Une fois les huîtres livrées à Paris, la société disposera de 12 entrepreneurs, rémunérés sur la base des bénéfices générés par la vente au détail. Ces entrepreneurs seront supervisés par deux inspecteurs, responsables de la conservation des huîtres à bord et dans les entrepôts parisiens. Chaque entrepreneur devra verser une caution d’au moins 6 000 francs en actions de la société.Pour minimiser les coûts d’approvisionnement et contrer la concurrence, la société prévoit de posséder huit bateaux pêcheurs de 30 à 35 tonneaux. Ce contrôle direct permettra de réduire les coûts liés à la pêche.
Le transport exclusif par la société, breveté, abaissera les frais de transport et supprimera les coûts d’emballage considérables. Les bateaux seront également assurés pour garantir la sécurité de l’investissement.
Capital et administration :
Le fonds social est fixé à 510 000 francs et représente :
La société sera constituée dès que 440 000 francs auront été souscrits. Elle fonctionnera sous forme de société en nom collectif, avec M. Roblin comme garant principal. Les actionnaires ne pourront être tenus responsables au-delà de leurs souscriptions.
Les bénéfices seront répartis comme suit : 75 % pour les actionnaires, 25 % pour le fondateur. Les dividendes et intérêts seront versés tous les six mois. En cas de liquidation, les actionnaires seront remboursés de leur capital avant toute répartition des bénéfices restants.
Enfin, une assemblée générale sera convoquée chaque année le 15 janvier. Un conseil de surveillance, composé de cinq membres, veillera à la bonne gestion de l’entreprise.
Notons que si cette société parvient à se former, elle fera un tort considérable dans plusieurs paroisses voisines de Courseulles, et dont les habitants se livrent au transport huîtres par voitures.
Les lavandières de Tierceville... l'orage du côté de Crépon
Paroles de lavandières
Nous sommes le 5 fructidor de l'an 6 de la République (22 août 1798) sur les bords du lavoir de Tiercevillle sur les bords de la Seulles.
Marie : Eh bien, dites donc, Louise, vous avez
entendu parler de l’orage qu’il y a eu avant-hier, dans la région de Crépon ? Quel
désastre !
Louise : Oh, ne m’en parlez pas, Marie ! Ça a
causé des ravages épouvantables dans tout la région de Crépon. Savez-vous que
les communes de Ryes, Fresnay et Arromanches ont été entièrement dévastées ?
Marie : Oui, oui, et c’est cette grêle grosse
comme des œufs de poule qui a tout détruit. Tous les grains, même le chanvre
qu’on n’avait pas encore récolté, ont été perdus !
Louise : Et les pommiers, alors ! Plus une pomme
à espérer avant plusieurs années, tous frappés de stérilité. On dirait que le
ciel s’est acharné contre nous.
Marie : Il paraît même qu’à Ryes, la foudre a
blessé quelques pauvres âmes. Vous imaginez la frayeur?
Louise : Ça, c’est terrible. Et les bestiaux, les pauvres bêtes… Ceux qui n’étaient pas à l’abri ont été malmenés. Certains en sont morts.
Marie : Vous savez, même les oiseaux n’y ont
pas échappé. Le lendemain, il paraît qu’on en a ramassé un grand nombre, et ils
étaient tous en lambeaux… Quelle horreur.
Louise : Ah, ma pauvre Marie, les habitants sont
dans un état de consternation… Comment vont-ils s’en sortir ? C’est un coup dur
pour tout le monde.
Marie : Un coup dur, c’est le moins qu’on
puisse dire. Il va falloir beaucoup de courage pour se relever de ça.
Louise : On ferait bien de prier pour des jours
meilleurs, ma bonne Marie. Avec des malheurs pareils, il ne reste plus qu’à
espérer que la République enverra son soutien.
(Le fait relaté a bien eu lieu.)
Creully sur Seulles - Crépon - 1851 - L'affaire de la malle-poste.
Un fâcheux événement, qui, par les circonstances dans lesquelles il s’est accompli, a fait croire d’abord à un crime, est survenu hier matin sur le territoire de la commune de Crépon. Parti à cinq heures du matin de son domicile, selon sa coutume, le nommé Cauvain, entrepreneur de la malle-poste de Creully à Bayeux, a été rencontré à quelque distance de la tourelle de Creully, cheminant dans sa voiture vers le chemin de Bazenville, par un voiturier
qui venait à sa rencontre. Celui-ci, s'apercevant que le cheval de la malle-poste avançait à l'aventure et sans direction, est descendu et a trouvé Cauvain renversé en arrière, la tête fracassée par un coup de feu, mais donnant encore quelques signes de vie. Transporté dans une auberge voisine, il a rendu le dernier soupir une heure après, sans avoir repris connaissance.
La balle, entrée par le côté
gauche du cou, s’était logée, après avoir longé le crâne, au-dessous de
l’oreille droite. Aucun indice ne laissant soupçonner une tentative de vol, on
attribuait ce crime à une vengeance. Prévenue immédiatement, la justice de
Bayeux, accompagnée de M. le docteur Paulmier, s’est rendue sur les lieux. Il
est résulté de l’enquête et de l’autopsie du cadavre que la mort de Cauvain est
le résultat d’un suicide, qui, bien que survenu dans de singulières
circonstances, s’est trouvé expliqué par des faits antérieurs.
Il semblerait qu’il avait
manifesté, la veille, être en proie à des chagrins domestiques qui l’auraient
poussé à cette fatale détermination. Un pistolet, acheté quelque temps
auparavant chez un armurier de Bayeux et qu’il portait dans une poche de sa voiture,
a servi à l’exécution de son projet, une circonstance qui, jointe à bien
d’autres, ne laisse aucune incertitude sur la nature de ce triste événement.
Cauvain était généralement estimé dans la contrée.
Ajoutons que, dès la première
nouvelle de l’événement, M. le curé de Crépon est accouru auprès du malheureux,
espérant un moment où il pourrait recouvrer quelque lueur de conscience. Il
était accompagné de M. Nicolle, médecin et maire de la commune, dont les soins
les plus empressés se sont révélés infructueux.
L'enfant de Reviers devint l'évêque des esquimaux.
J'ai découvert cet article dans le journal "Le Soleil" du Québec. Une raison de faire une recherche sur ce religieux.
En 1876, à Reviers, naquit et fut baptisé Arsène Turquetil qui deviendra Monseigneur Turquetil.
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Reviers non loin de Creully. |
À sa naissance, sa famille comptait déjà deux garçons. En 1886, il perd une petite sœur, sa filleule. Quelques jours plus tard, sa mère, dentellière, décède à l'âge de 37 ans.
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L'acte de naissance d'Arsène |
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Recensement de Reviers de 1876 où Arsène Louis Eugène figure. |
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Soeur Bruno |
Les deux aînés sont donc confiés à des familles chez qui ils entrent à leur service. Quant à Arsène, trop jeune pour travailler, il est recueilli dans un hospice de vieillards dirigé par des religieuses où soeur Bruno devint sa nouvelle mère.
D'autres enfants seraient marqués à vie
par de tels événements, sombrant dans la mélancolie, développant de la jalousie
envers des camarades plus chanceux ou nourrissant une certaine révolte. Mais ce
n'est pas le cas pour Arsène. Il appartient à une autre trempe.
Déjà, on discerne en lui la foi, l'intelligence et la volonté du futur apôtre.
Sa foi : à 8 ans, il affirme à tous
qu'il ira convertir les infidèles. Une difficulté se présente cependant pour
ses études : il est issu d'une famille pauvre. Mais il a confiance et se met à
prier Notre-Dame de la Délivrande. Peu à peu, les obstacles s'aplanissent. À 9
ans, il entre au Petit Séminaire de Villiers-le-Sec.
Du point de vue intellectuel, c'est un
élève fort bien doué, bénéficiant notamment d'une mémoire remarquable. Plus
tard, son auxiliaire, Mgr Clabaud, déclarera : « Mémoire prodigieuse. » Cette
qualité lui sera très utile, entre autres, pour apprendre la langue des
Esquimaux, rédiger une grammaire et établir un lexique.
En attendant, il étudie les grammaires françaises, latine et probablement
grecque. Il travaille vite et bien, ce qui lui laisse du temps libre. Comment
l'occupe-t-il ? Espiègle, il aime jouer des tours à ses camarades et à ses
maîtres. Il serait même allé jusqu’à prévenir le préfet de discipline que, tel
jour à telle heure, il sortirait du dortoir. Une légende, peut-être. Mais comme
on dit : « On ne prête qu'aux riches. »
Cela dit, Arsène ne cède jamais à un
mauvais esprit. Quand il le faut, il sait être sérieux et attentif.
Sa volonté est à la hauteur de son intelligence : généreuse et tenace.
Vers la fin de sa première année au
séminaire, un missionnaire, évêque à Ceylan, rend visite aux élèves. Il leur
demande : « Voyons, qui viendra chez nous ? »
— « Moi ! » s'écrie Arsène Turquetil sans hésiter.
— « À la bonne heure, en voilà un ! » répond l'évêque.
Un peu plus tard, tandis que l’évêque
monte en voiture, le jeune Arsène lui demande : « Monseigneur, dois-je mettre
mon uniforme ? » Mais la voiture part sans lui. Cela pourrait sembler être un
enthousiasme enfantin sans conséquence, mais en réalité, sa volonté est déjà
solide.
En troisième, son directeur lui dit :
— « Vous voulez être missionnaire ?
— Oui, mon Père.
— C'est de l'imagination. Comment pourriez-vous devenir missionnaire, capable
de tout supporter, le martyre au besoin, alors que vous n'êtes même pas capable
de rester cinq minutes tranquilles ?
— Je vais essayer, mon Père. »
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L'abbé Turquetil |
— « Es-tu malade ? Prépares-tu quelque mauvais coup ? Ou as-tu changé d’idée ? »
Le futur missionnaire répond simplement : « Non, je veux être sage. »
Le Supérieur reste sceptique dans un premier temps, mais finit par se rendre à l'évidence.
Il entra au grand séminaire de Sommervieu, diriigé par les Messieurs de Saint-Sulpice. Il prit la soutane le 21 novembre 1893, un pas de plus vers le but suprême.
Mgr Clabaud, l'un des auxiliaires du
Père Turquetil, le décrit comme un véritable « homme de fer ». Une remarque qui
prend tout son poids lorsqu’elle vient d’un officier de la police canadienne
qui avait vu Mgr Turquetil en action lors d’un éprouvant voyage en traîneau.
Dans ses débuts avec les Esquimaux,
réputés redoutés des Indiens, le contact est difficile. Pourtant, il persévère.
Pendant plusieurs années, il explore le territoire et assure les
approvisionnements. Il apprend à connaître ces terres hostiles et leurs habitants
nomades.
Pour fonder sa première mission, il
choisit Chesterfield Inlet, une région pourvue de gibier mais dénuée d’arbres.
Tout le bois nécessaire à la construction
d’une maison doit être emporté par
bateau, ainsi que le charbon, les vivres et bien d'autres fournitures.
Pourtant, même le capitaine du bateau n’est pas sûr d’arriver jusqu’à
Chesterfield et avertit qu’il devra peut-être débarquer Mgr Turquetil ailleurs.
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Mission de Chesterfield |
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Le père Leblanc et le père Turquetil |
Après avoir traversé le fleuve Saint-Laurent et le détroit d’Hudson à bord du « Nascopie », ils arrivent à Chesterfield le 3 septembre.
L’accueil est austère : un paysage
rocheux sans végétation, quelques tentes, une vingtaine d’habitants.
Conformément à une promesse faite à l'évêque de Bayeux 17 ans plus tôt, Mgr
Turquetil donne le nom de Notre-Dame-de-la-Délivrande à cette mission.
Dès septembre, l’urgence est de
construire un abri avant l’arrivée du grand froid. Aidés par les matériaux
apportés, les missionnaires bâtissent une maison que les Esquimaux appellent le
« grand iglou ». Bien qu’admiratifs de cette construction, ces derniers restent
méfiants, influencés par un sorcier local, Taleriktak, dont les cris et
ricanements marquent les longues nuits de chants païens.
L'année suivante, en juillet, les glaces
ne se rompent pas comme espéré : pas de bateau, pas de ravitaillement. La
pénurie impose une grande économie de charbon et de vivres. Malgré cela, le
Père partage son maigre pain avec les Esquimaux affamés.
Peu à peu, les Esquimaux se mettent à
admirer le courage et la générosité du Père, surtout lorsqu’il réussit à
chasser un caribou dans des conditions extrêmes. Toutefois, son « apostolat »
reste infructueux. Ses traductions de prières et ses sermons en langue locale
suscitent davantage de moqueries que d'adhésion.
En 1915, le bateau « Nascopie » apporte
des nouvelles alarmantes : deux missionnaires ont été tués par des Esquimaux,
et la Première Guerre mondiale fait rage en Europe. Peu après, le Père Leblanc,
épuisé et affecté par la mort de deux de ses frères au front, succombe à la
maladie en septembre 1916.
Le Supérieur enjoint alors au Père
Turquetil de fermer la mission s’il n'obtient aucun signe de conversion dans
l’année.
Mais en automne, un miracle se produit. Un Esquimau apporte deux paquets : l’un contient un livre sur sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et l’autre, de la terre prélevée près de son tombeau. Inspiré, le Père Turquetil prie la sainte pour obtenir une conversion.
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Le père Turquetil parmi les esquimaux |
Peu après, des Esquimaux viennent le
voir et disent : « Nous savions que tu disais la vérité, mais nos péchés nous
font peur. Pourrais-tu nous en délivrer ? »
Le Père les instruit longuement avant de les baptiser. En juillet 1917, les douze premiers Esquimaux sont baptisés, marquant la naissance d’une petite communauté chrétienne fervente. La mission est sauvée.
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Mg Turquetil le jour de son sacre. |
En 1932, il devient évêque titulaire de
Ptolémaïs. Mgr Turquetil se retire en 1943, laissant une œuvre missionnaire
exemplaire.
Ses funérailles, présidées par Mgr
Amleto Cicognani, Délégué Apostolique, témoignent de l'immense respect dont
jouit cet « homme de fer ».
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Carte du vicariat de Mg Turquetil |
Sources : ouvrage de AG Morice " Monsigneur Turquetil, apôtre des esquimaux"
Creully sur Seulles - Novembre 1932 - Gabrielle-Yvonne-Madeleine est baptisée à Saint Gabriel.
Dans le journal diocésain, "La semaine catholique" du 6 novembre 1932, un article relatait la cérémonie de bénédiction d’une cloche installée dans le petit béffroi de l'église de Saint-Gabriel.
" La paroisse de Saint-Gabriel possède un célèbre prieuré, fondé au XIe siècle par un seigneur de Creully, en faveur de l’abbaye de Fécamp ; de ce prieuré subsistent encore, outre un magnifique chœur roman du XIe siècle, d’autres constructions un peu plus récentes que leur propriétaire actuel, M. Fauchier-Delavigne, a transformé avec infiniment de goût en une belle école d’horticulture...
Il y a d’autre part, à Saint-Gabriel, une importante minoterie et
de nombreuses exploitations agricoles ; la population s’y est accrue depuis
quelques années au point qu’il a fallu construire des maisons nouvelles et
dédoubler l’école publique devenue trop petite. Ce n’est donc pas ici « la
terre qui meurt », mais bien la terre qui revit, parce qu’elle sait unir au
respect des bonnes traditions anciennes le souci de s'adapter aux progrès
modernes.
Mais l’une des caractéristiques les plus frappantes de notre
paroisse, c’est la bonne entente générale qui y règne. Cette union cordiale,
qui fait un des charmes, de Saint-Gabriel, est due pour une part à l’esprit
judicieux et avisé de ses habitants qui savent que la discorde et l’intrigue
nuisent toujours en fin de compte à ceux qui les ont fomentées. Mais elle
provient aussi de ce que tous ici sont, directement ou indirectement, pénétrés
de cet esprit de paix, de justice et de fraternité que le Christ est venu
enseigner aux hommes,
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Procession le jour du baptême de la cloche. |
C’est en ces termes que, le 27 octobre1932 , M. André Delacour, conseiller référendaire à la Cour des Comptes et maire de Saint- Gabriel, présentait la commune qu’il a su placer au premier rang du progrès social, à S. Exc. Monseigneur Picaud, venu pour bénir une nouvelle cloche. Et le distingué magistrat municipal, après avoir décrit en une page inspirée du plus pur esprit chrétien le rôle de la cloche, rappelait comment, le beffroi de la vieille église menaçant ruine, on avait dû interrompre les sonneries. La commune l'ayant remis à neuf, on avait alors songé à remplacer l'une des cloches fêlées, dont l’acquisition a pu être faite, grâce à une souscription paroissiale ouverte par « le dévoué, vaillant et distingué pasteur », M. l’abbé Frayard. Et l’orateur, écartant la perspective d’un nouveau tocsin de guerre, souhaitait pour terminer, l’avènement de cette bienheureuse Paix dont le Christ est venu apporter aux hommes la formule infaillible, mais que les hommes rechercheront en vain, tant qu’un trop grand nombre s’obstineront à demeurer sourds aux enseignements de l’Evangile.
Monseigneur Picaud remercia avec ce tact, cette élévation de la
pensée et cet art de la parole qui le caractérisent et sont déjà si appréciés
dans le diocèse. Puis, l’on se rendit à l’église bientôt remplie d’une foule
débordante, aux premiers rangs de laquelle on remarquait M. Engerand, député,
et M. le comte d’Oilliamson conseiller général. C’est alors que le Pontife,
assisté de M. le vicaire général Lemercère et de M. le chanoine Lefrançois,
doyen de Creully, qu’entourait un nombreux clergé, procéda à la bénédiction
rituelle de Gabrielle-Yvonne-Madeleine.
Après que M. l’abbé Frayard eut présenté à son évêque ses
paroissiens de Saint-Gabriel et dit leurs mérites et la satisfaction qu’ils
donnent à leur desservant, Monseigneur Picaud, dans un langage élevé et nourri
de fortes pensées, exposa le symbolisme de la cloche, tira la leçon de cette
belle liturgie et marqua la satisfaction qu’éprouvait son cœur d’Evêque.
La néophyte de bronze qui avait pour parrain M. Robert Delacour,
fils du maire de Saint-Gabriel, et pour marraine Mlle Julien fille du maire de
Brécy — commune rattachée pour le culte à Saint-Gabriel — ayant reçu
l’investiture chrétienne, prit place sans retard dans sa prison aérienne, pour
y remplir avec ses compagnes son rôle d'animatrice fidèle de la vie religieuse.
Après la cérémonie, Mgr Picaud fit dans la paroisse le tour de l’évêque, si nous osons dire, et d’un évêque particulièrement averti de la beauté artistique : il admira le vieux prieuré, félicita M. Fauchier-Delavigne de ses généreuses initiatives, loua M. Delacour de son zèle pour le bien social, marqué par de si beaux résultats, et félicita Saint-Gabriel d’avoir su choisir et garder un maire si distingué et dévoué.
Le souvenir que tous garderont de cette journée vraiment réconfortante en fera l’une des plus belles dates de l'histoire de Saint-Gabriel."
Creully sur Seulles - Années 50... Dans le château on tire les Rois avec les enfants des écoles.
Dans les environs de Creully (Creully sur Seulles) - Carcagny - Les chargeurs de charrettes de foin au tribunal.
Sous le ciel orageux de ce soir du 8 juin 1834, le cabaret du sieur Soufflant, à Carcagny, résonnait de rires et de voix animées. Les hommes, accoudés au comptoir, faisaient danser les verres sous la lumière vacillante des lampes. L’air était saturé d’une chaleur estivale et d’un parfum de foin, un rappel subtil de la campagne qui entourait le petit village. La discussion allait bon train, et ce soir-là, le sujet de la conversation n’était rien de moins qu’une question de fierté : qui, parmi eux, possédait le plus grand talent pour charger le foin.
D’un côté, les
sieurs Soufflant et Mouillard étaient désignés, presque à l’unanimité, comme
les maîtres incontestés de cet art, capables de composer des charrettes dignes
des plus grands tableaux paysans. Mais parmi les buveurs, un jeune homme,
François Yon, domestique de 21 ans, se redressa, emporté par un élan de
bravoure et d’alcool. D’une voix un peu trop assurée, il déclara qu’il n’avait
rien à envier aux deux maîtres et qu’il se débrouillerait tout aussi bien
qu’eux.
Sa déclaration
ne tarda pas à trouver un adversaire en la personne de Mabire Charlemagne, un
commis marchand de 26 ans. Grand, au regard acéré, il ne se fit pas prier pour
ridiculiser Yon. "T’es trop bête pour ça", lança-t-il, accompagné
d’autres mots tranchants comme des lames, destinés à rabaisser l’orgueil du
jeune homme.
L’atmosphère
du cabaret, autrefois joyeuse, devint tendue. Des éclats de voix, une table
renversée, puis le silence s’installa, lourd, tandis que Yon, blessé dans son
amour-propre, quittait précipitamment les lieux. Il se dirigea vers sa demeure,
l’esprit bouillonnant de rancœur. Mais au détour du cimetière, dans la
pénombre, une silhouette se dressa sur son chemin. C’était Mabire, qui avait
troqué sa tenue contre un autre habit, plus sombre, presque menaçant.
Sans un mot,
Mabire s’avança, le regard noir, et soudain, un mouchoir s’abattit violemment
sur la tête de Yon. La douleur fut fulgurante ; un filet de sang s’écoula le
long de son visage. Yon comprit immédiatement que l’étoffe renfermait une
pierre, un objet sournois. Avant qu’il ne puisse réagir, Mabire le jeta à terre
et se mit à lui asséner des coups de pied sans relâche, sur la tête, sur le
corps, avec une violence débridée.
Les cris de
Yon se répercutèrent dans la nuit, jusqu’à ce que des camarades, alertés par
ses hurlements, se précipitent vers lui. Leur arrivée obligea Mabire à fuir,
disparaissant dans l’ombre aussi rapidement qu’il était apparu.
Quelques jours
plus tard, dans l’enceinte solennelle du tribunal de police correctionnel de
Caen, le sort de Mabire fut scellé. Bien que la préméditation fût écartée, il
ne put échapper à la condamnation. Quinze jours d’emprisonnement et le paiement
des frais, tel fut le verdict rendu, laissant dans son sillage l’écho d’une
querelle qui aurait pu rester de simples paroles échangées dans l’effervescence
d’une soirée au cabaret.