Sur le dessin d'une vue du château, nous pouvons apercevoir des bâtiments sur les bords du bief de la Seulles. Grâce à un outil employé par les tanneurs, un chevalet, nous situons une des tanneries de Creully. (Voir les parties grisées sur l'image ci-dessous)
Le coudrement se fait avec du tan, obtenu avec l'écorce du chêne, hachée et moulue sur un moulin à tan.
On verse peu-à-peu & très-doucement le long des bords d’une cuve, de l'eau un peu plus que tiède en assez grande quantité pour échauffer le tout, ensuite on jette pardessus plein une corbeille de tan en poudre ; il faut bien se donner de garde de cesser de remuer les cuirs en tournant, autrement l'eau & le tan pourraient les brûler ; cette opération s'appelle coudrer les cuirs, ou les brasser pour faire lever le grain ; après que les cuirs ont été ainsi tournés dans la cuve pendant une heure ou deux plus ou moins, suivant leur force & la chaleur du coudrement ; on les met dans l'eau froide pendant un jour entier, on les remet ensuite dans la même cuve & dans la même eau qui a servi à les rougir, dans laquelle ils restent huit jours : ce tems expiré on les retire, on les met dans la fosse, & on leur donne seulement trois poudres de tan dont la premiere dure cinq à six semaines, la seconde deux mois, & la troisième environ trois. Tout le reste se pratique de même que pour les cuirs forts.
Ces cuirs ainsi apprêtés, servent encore aux Selliers. Les peaux de veaux reçoivent les mêmes apprêts que ceux des vaches & chevaux qu'on a mis en coudrement, cependant avec cette différence que les premiers doivent être rougis ou tournés dans la cuve plus de temps que les derniers. Quand les cuirs de chevaux, de vaches & de veaux ont été plamés, coudrés & tannés, & qu'on les a fait sécher au sortir de la fosse au tan ; on les appelle cuirs ou peaux en croute, pour les distinguer des cuirs plaqués, qui ne servent uniquement qu'à faire les semelles des souliers & des bottes.
Les peaux de veaux en coudrement servent aux mêmes ouvrages que les cuirs des vaches qui ont eu le même apprêt ; mais elles servent à couvrir les livres, à faire des fourreaux d'épée, des étuis & des gaines à couteaux, lorsqu'elles ont été outre cela passées en alun.
Les peaux de moutons, béliers ou brebis en coudrement qu'on nomme bazannes, servent aussi à couvrir des livres, & les Cordonniers les emploient aux talons des souliers & des bottes pour les couvrir.
Enfin le tanneur passe encore en coudrement & en alun, des peaux de sangliers, de cochons ou de truies ; ces peaux servent à couvrir des tables, des malles & des livres d'église.
Pour obtenir les cuirs les plus fins, il faut ensuite l’intervention du corroyeur.
Les outils du tanneur sont peu nombreux : de grandes tenailles, un couteau, nommé couteau de rivière, qui sert à ébourer ; un autre pour écharner qui diffère peu du premier ; de gros ciseaux, autrement nommés forces ; le chevalet, & la quiosse ou queue.