Aux Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, j’ai eu l’occasion de consulter un dossier consacré aux festivités en l’honneur du roi Charles X.
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Aujourd’hui
trente mai mil huit cent vingt cinq
MM. le Maire, adjoint, membres du Conseil Municipal, maison communal du bourg de Creully, auxquels se sont adjoints MM. le curé, juge de paix du canton, lieutenant et adjoint sous-officier de la garde nationale, brigadier de la gendarmerie royale et Receveur d’enregistrement du dit lieu voulant transmettre à la postérité une preuve de leur amour pour le sage et vertueux monarque qui nous gouverne, ont pris la résolution de porter sur le registre des délibérations tenu à la mairie de Creully le présent procès-verbal des fêtes de réjouissances qui ont eu lieu hier dans ce bourg à l’occasion du Sacre de sa Majesté.
Dès le matin
le son des cloches annonce aux français fidèles que nous étions arrivés à ce
beau jour où le meilleur des Rois allait à la face des autres, oint de l’huile
de Clovis, entouré des acclamations de son peuple, renouveler le serment de
vivre et mourir pour le bonheur de ses sujets et le maintien de leurs libertés.
Bientôt les
tambours de la garde nationale réunirent les braves qui la composent pour
servir d’escorte au buste de l’auguste Majesté de Charles X qui fut porté à
l’église entouré de tous les corps constitués, de la gendarmerie et de tous les
habitants de Creully, heureux de pouvoir fixer en cette image les traits du
Prince qui doit faire leur Bonheur.
Cette image adorée fut portée sur une table préparée à cet effet dans le chœur de l’église de Creully, et y rester pendant la messe solennelle du Saint Esprit qui y fut célébrée et le psaume exaudiat qui la termine. Après quoi, rapporté avec la même pompe à la maison commune, ce buste, objet de la vénération publique fut placé sur le piédestal qui l’attendait dans la principale pièce de la Mairie où M. le Maire prononça le discours suivant :
Messieurs
Quel beau jour pour la France, que celui où l’héritier de Saint Louis, le digne successeur d’Henry IV, vient au pied des autels et oint de l’huile Sainte, renouveler le serment de maintenir à jamais le Pacte Sacré de nos libertés et de vivre et de mourir pour notre bonheur ? Conservons toujours dans nos chœurs la mémoire de ce jour heureux ; qu’il devienne pour moi chaque année une occasion de manifester notre amour pour un Prince qui en reçut le premier tribut lorsque n’étant encore que le lieutenant de son auguste prédécesseur, il vint après les orages des révolutions pour apporter la paix et l’espérance qu’il réalise de si bien, aujourd’hui, de cicatriser les plaies.
Plaçons au
milieu de nous son image chérie, pour lui adresser à chaque instant un nouvel
hommage de notre reconnaissance ; cette image adorée rappellera sans cesse
aux administrateurs de cette commune, qu’ils se sont honorés de la confiance du
Souverain que pour la conservation des intérêts de leurs administrés ; aux
organes de la justice, que sa majesté ne leur a confié, la balance des lois que
pour assurer la tranquillité de son peuple ; aux employés des finances,
qui, chargés du recouvrement des impôts, toute vexation envers les
contribuables les rendrait indignes de leur poste ; aux dépositaires de la
force armée, qu’elle n’est dans leurs mains que pour le maintien de l’ordre et
de la paix publique ; enfin à
toutes les classes de la société, que le meilleur des Rois ne peut rendre ses
sujets heureux que par leur concours en obéissant aux lois.
Vive le Roi. Vive à jamais les Bourbons.
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Charles X |
A deux
heures de relevée les délibérants se réuniront à un banquet qu’ils avaient fait
préparer à leur frais dans un des appartements de la mairie ; la joie la
plus pure inspirée par cette heureuse circonstance présidera toujours à cette
réunion, et devenait à chaque instant plus vive aux cris souvent répétés et si
cher aux français de Vive le Roi ;
le premier toast fut porté par M. le Maire de la manière suivante :
à l’heureux règne de Charles X ; puisse-t-il durer aussi longtemps que
l’amour des habitants de Creully pour ce Prince chéri.
Un autre
banquet avait été offert aux frais de la Commune aux gardes nationaux et aux
gendarmes qui s’y réunissent aux cris de Vive le Roi ; vive les Bourbons.
Ces banquets
se terminèrent le soir par des danses publiques et rien ne troubla la joie de
ce beau jour qui restera à jamais gravé dans la mémoire des habitants de
Creully.
Ainsi arrêté
et signé par les délibérants, un double sera transmis à Monsieur le préfet,
prie de vouloir bien déposer aux pieds de sa Majesté les sentiments de ses
fidèles sujets du bourg de Creully.
Pour copie
conforme
Le Maire
Jacques Paul Benoît MORICE, Maire de Creully |