Creully sur Seulles - Ces bâtiments qui dominent Villiers le Sec...



En venant du bourg de Creully ou de Tierceville, nous apercevons à droite, dominant la campagne et les premières maisons de Villiers le Sec des bâtiments imposants construits en pierres de taille. Les habitants les nomment : "le séminaire".

Voici leur histoire.
Photo de Frédéric Bocé, photographe

En 1817, à l’âge de 23 ans, l’abbé Victor Troppé, eut pour projet de fonder un petit-séminaire dans la commune de Villiers-le-Sec, où il avait été envoyé, en qualité de précepteur, près des enfants de M. de Malherbe. Un membre de cette honorable famille, propriétaire de quelques petites maisons situées dans le village, sur le bord de la route, lui en fit généreusement la concession, et elles devinrent le berceau du pensionnat. Chrysostome Patry, écuyer, né à Villiers le Sec le 27 janvier, 1774, devint cofondateur du petit séminaire de Villiers le Sec avec l’abbé Troppé, son beau-frère.

Le frère Troppé demande à être un habitant de Villiers le Sec
 Le nombre de ces enfants devint en peu de temps assez considérable (30 à 40 élèves) pour que Mgr Brault, premier Évêque de Bayeux après la tourmente révolutionnaire, put solliciter et obtenir du roi Louis XVIII l'autorisation d'établir à Villiers-le-Sec une école secondaire ecclésiastique.
Cette autorisation est datée du 10 mai 1820. Le nombre des élèves s'étant accru rapidement, de nouvelles constructions devinrent nécessaires ; un terrain fut acheté à l'extrémité du village, et l'on y éleva successivement les bâtiments que l'on voit aujourd'hui. Après Mgr Brault, tous les évêques de Bayeux n'ont cessé de couvrir de leur bienveillante protection le Petit Séminaire de Villiers, qui devint bientôt le principal Séminaire diocésain. De 1820 à 1857, cette maison demeura sous la direction de prêtres séculiers du Diocèse ; mais l'œuvre de M. Troppé prenant chaque année
une plus grande importance, dès le mois de mars 1856, Mgr Didiot résolut de la confier aux Missionnaires de la Délivrande. Cette Congrégation, fondée en 1820, sous les hospices de Mgr Brault, rendait de grands services au diocèse. Elle avait pour Supérieur Général un de ses fondateurs, le Très Révérent Père. Saulet, prêtre dont la mémoire est restée particulièrement chère à tout le Diocèse de la capitale du Bessin. Le T. R. P. Saulet qui est né à Creully (voir texte ci-dessous) choisit pour Supérieur de Villiers, un ancien élève de cette maison, le R. P. Picot, auquel il adjoignit d'autres missionnaires capables de le seconder.

LES DATES DE SON HISTOIRE
5 octobre 1814 Ordonnance royale pour l’organisation des petits séminaires. 
1819 Don de maisons par Chrisostome Patry, écuyer, et par Victor Troppé pour l'établissement du petit séminaire. 
10 mai 1820 Ordonnance royale de Louis XVIII. (Ci-dessous)
Source: Archives départementales du Calvados

Texte paru dans "l'Ami de la Religion et du Roi" de 1820.
Nous avions annoncé que M. l'évêque de Bayeux avait été autorisé, par une ordonnance du.30 mars, à former dans son diocèse une seconde école ecclésiastique qui serait établie à Villiers-le-Sec. L’ouverture de cette école a eu lieu le jour même de l’Ascension ; qui a été une double fête pour les habitants ; car M. l’évêque avait érigé leur église en succursale, et leur avait donné pour pasteur le supérieur même du petit séminaire M. Troppé, jeune prêtre rempli de talents et de zèle. M.Gournay, supérieur du grand séminaire de Bayeux, et l’un des vicaires généraux du diocèse a été chargé par M. l’évêque, de présider à l’installation. Au jour de fête, le matin, il s'est rendu processionnellement du petit séminaire à l’église, accompagné de M. Troppé, de plusieurs chanoines et curés voisins, et de plus de soixante aspirants à l'état ecclésiastique. Il a annoncé, au nom de M. l’évêque, l’érection de la succursale, et a installé le nouveau pasteur. On a célébré la grand’messe ; après l'Evangile, M. l'abbé Gounay est monté en chaire, et  a fait sentir les avantagés qui devaient résulter pour  le diocèse et pour la paroisse du double établissement  que ce jour voyait éclore. Il a exhorté les habitants à reconnaître ce bienfait du Roi, obtenu par l’entremise, du premier pasteur du diocèse, et à redoubler d'attachement pour cette noble famille que le ciel nous a rendue} et que l’enfer veut nous ra­vir. Le soir, après le salut, le clergé s'est rendu processionnellement dans la maison du petit séminaire, où M. Troppé a été installé. M. le supérieur du séminaire de Bayeux a engagé les élèves à bien profiler des facilités qui leur étaient offertes pour leur avancement dans les études et dans la piété, et à répondre aux soins de leurs maîtres, et aux vues pieuses des bienfaiteurs de l'établissement. La cérémonie a été terminée par le chant du psaume Laudate, pueri, Dominum.

25 mai1826 Dans une requête adressée au Roi en faveur de son neveu Edouard Patry, par M. Chrisostôme Patry, on lit qu’il fut, en 1819, le fondateur gratuit d'un Séminaire à Villiers-le-Sec, près de Bayeux, autorisé par sa Majesté, où l'on compte présentement 180 élèves et 8 à 10 professeurs et directeurs, pour l'avantage des familles peu fortunées de son arrondissement.
2e quart 19e siècle Projet d'un ensemble de bâtiments autour d'un cloître : construction de l'aile nord, inachevée dans sa partie est, de l'aile est et de la chapelle, amorce de l'aile ouest.
17 décembre 1840 Les séminaristes et leurs professeurs viennent aider les habitants de Creully, localité voisine, où 98 maisons ont été la proie des flammes. Ils organiseront une collecte pour venir en aide à la population infortunée. 
23 février 1853 La famille de l'aquarelliste Septime Le Pippre a vendu une maison de campagne à Meuvaines pour le repos des pensionnaires du séminaire.
Les séminaristes en villégiature à Meuvaines

Années 1860-1870 Projet modifié par un autre architecte : achèvement de l'aile ouest, construction de l'aile sud, pavillon sud-ouest. 
30 décembre 1864 Création d’une Académie, tribunal littéraire dont le but est de garder les bonnes traditions du passé, à maintenir à un niveau glorieux ses fortes et saines études.
Un diplôme remis au petit séminaire.
Décembre 1900 Bénédiction de la première pierre de la chapelle du Christ Rédempteur (Charles Morin, architecte à Caen). 
Photo de Frédéric Bocé
Un des textes scellé dans la première pierre
1902 - 1906 Pose des vitraux, un ensemble verrier réalisé par Mazuet père et fils, maîtres verriers à Bayeux. 
Une compilation de certains vitraux
1905 Date de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les bâtiments sont confisqués à l’Evêché de Bayeux et mis sous séquestre. L’Eglise recentre ses activités de formation des prêtres à Caen. 
Décembre 1906 Le préfet du Calvados se déplace à Villiers, protégé par une quarantaine de gendarmes, pour s’assurer que les locaux du petit séminaire avaient bien été évacués. Il n’y restait que quelques ecclésiastiques et trois ou quatre domestiques. 
23 août 1910 – 25 avril 1911 Délibération du conseil général du calvados décidant
l’affectation des bâtiments en asile départemental de vieillards. Cette maison de retraite prendra le nom d’« Henri Chéron ». En 1919, 260 vieillards dont 93 femmes, y sont accueillis. Les anciens combattants y trouveront un lieu de repos bien mérité. 

16 septembre 1914 Décret attribuant au département du Calvados de biens appartenant au préalable au petit séminaire (obligations des chemins de fer de l’ouest, titres de rentes, maison et jardin et herbage). 


11 octobre 1914 Le petit séminaire est transformé en hôpital de convalescence pour ses soldats belges.

Soldats belges

Elle y accueille plus de 8000 blessés lors des grandes offensives de la fin de la guerre Les soldats belges prirent possession du séminaire de Villiers devenu un hôpital militaire Ils y restèrent jusqu’en1918. 
En juillet 1944 Les pensionnaires d’un hospice de Caen, ville qui est bombardée, ainsi que des habitants de la ville sont transportés par des camions anglais. Ils y restent environ trois mois. 
Le foyer de nos anciens combattants :
Photos extraites d'un document présentant la maison de retraite.

2000 Fermeture de la maison de retraite.
Et maintenant... les images parlent !
"Le vieux bâtiment de pierres, autrefois majestueux, se dresse aujourd'hui en ruines, ses murs effrités témoignant d'un passé révolu."

Je remercie Frédéric Bocé et les archives du Calvados pour leur aide.

Creully sur Seulles - Un médecin herboriste de Creully: Romain Monin

Monin Romain - Oeuvre de Charles Boileux

Romain Monin est né à Creully (Calvados) en mars 1783. Son père, premier magistrat de la localité a été assassiné par les Chouans.Il exerça la médecine avec succès à Saint-Pétersbourg ; il quitta cette ville à la fin de 1829, et vint se fixer à Blois. Son goût pour la botanique l'amena à entrer en relation avec les botanistes du pays et plus particulièrement avec l'abbé Lefrou, auquel il avait été recommandé par Aucher-Eloi qu'il avait connu peu de temps avant son départ de Saint-Pétersbourg.
Acte de naissance

Le docteur Monin ne fit guère de médecine à Blois qu'en faveur des pauvres, et presque tout son temps se trouva ainsi absorbé par son œuvre de dévouement. Il consacra les rares loisirs qui lui étaient faits à explorer les environs immédiats de Blois et sut y découvrir un bon nombre d'espèces intéressantes ; il servit souvent de guide aux botanistes de passage à Blois, qui trouvaient toujours auprès de lui l'accueil le plus bienveillant.

Vers 1852, le docteur Monin perdit complètement la vue, rien ne pouvait lui être plus 
sensible ; la botanique était devenue pour lui une véritable passion ; il avait commencé depuis plusieurs années une flore bryologique des environs de Blois, et tout d'un coup il se voyait contraint d'abandonner ses chers travaux. C'est alors qu'il trouva dans madame Monin, la compagne, dévouée de sa vie, un aide et un collaborateur ; elle apprit à connaître les plantes, pour être à même d'en causer avec son mari et le tenir, autant que possible, au courant du mouvement scientifique de l'époque. C'est avec son concours que le docteur Monin put mettre dans un ordre excellent le bel herbier de France et celui de Loir-et-Cher, qu'il destinait depuis longtemps au Musée de la ville de Blois, en même temps qu'il rédigea un catalogue des plantes des environs de Blois et même une florule bryologique locale, avec les figures des genres ; ces deux manuscrits ont été donnés au Musée de Blois en même temps que l'herbier et un certain nombre de volumes précieux, parmi lesquels il faut citer plusieurs des grands ouvrages à planches, de Jacquin et de Pallas.

Le docteur Monin est mort à Blois, le 26 juillet 1860, laissant de grands souvenirs de désintéressement et de dévouement dans la ville où il était venu se fixer.

Durant son séjour à Saint-Pétersbourg, il s'était lié avec les botanistes russes les plus en renom, et il reçut d'eux un grand nombre de plantes très peu répandues à cette époque dans les herbiers. C'est ainsi que de Prescott lui donna des plantes de l'Altaï ; Fischer une grande quantité de plantes de Sibérie ; Turczaninoff lui fit parvenir à Blois presque tous les types du Flora Baicalensi-Dahurica.

 Plus tard, le docteur Monin, qui s'efforçait avant tout de constituer un herbier de France aussi complet que possible, échangea presque toutes les plantes qu'il avait récoltées lui-même en Russie et celles qu'il avait reçues de Sibérie. La plus grande partie alla enrichir le grand herbier de M. Lenormand qui, de son côté, lui donna plus de 2 000 plantes de France. Parmi les plantes les plus intéressantes, découvertes par le docteur Monin, en Loir-et-Cher, il faut citer : Draba muralis, aux Ponts Chartrains ; Hypericum montanum, au bois de Briou ; Trifolium maritimum, à Saint-Lubin : Myosotis sylvalica, à Onzain ; Chaiturus marrubiastrum, à Saint-Laurent-des-Eaux : Euphorbia Gerardiana, au Tertre-Blanc ; Tragus racemosus, à Veuves ; Crypsis alopecuroides, dans les sables de la Loire, etc., etc.
Acte de naissance



 




Les tableaux stockés à Saint Gabriel-Brécy (Creully sur Seulles) pendant la dernière guerre.

Pendant la dernière guerre, la chapelle du prieuré de Saint Gabriel-Brécy a été, comme l'abbaye de Juaye-Mondaye, un lieu de sauvegarde des précieux documents et tableaux du musée des Beaux-Arts de Caen.
Lors de mes recherches aux Archives départementales du département j'ai trouvé des documents sur cet événement.



Je vous présente un des tableaux qui fut sauvegardé à Saint Gabriel-Brécy : la Vierge et l'enfant de Roger de la Pasture.
Rogier Van der Weyden (Roger de la Pasture) (1399 ou 1400-1464)  était un peintre flamand. En 1432, il devint maître de la guilde  de Tournai et, en 1435, il fut nommé peintre de la ville de Bruxelles. Il devint alors rapidement célèbre et reçut d'importantes commandes, notamment du chancelier N. Rolin.



Prendre les jambes à son cou et les souliers dans le bissac à Creully.

 Le Droit du 28 mai 1836

Mercredi dernier, quatre industriels de Bayeux se rendirent au marché de Creully, pour y exercer leur savoir-faire aux dépens de qui il appartiendrait. Après avoir rassemblé le plus qu’ils pu­rent de souliers, de sabots, de bas, de mouchoirs et de rubans, ils se remirent en route, emportant leur butin dans un bissac et un panier à bras. Mais leur genre de commerce n’avait pas échappé à tous les yeux, et ils étaient à peine arrivés à St-Gabriel, qu'ils aper­çurent les gendarmes courir après eux. Prendre la fuite n’aurait fait que confirmer les soupçons ; ils jugèrent plus prudent de ca­cher les objets accusateurs dans un fossé, où ils furent bientôt découverts. Les voleurs, après avoir subi un premier interro­gatoire devant M. le juge de paix, ont été amenés jeudi à Caen, et mis à la disposition de M. le procureur du roi.

Ces quatre individus, qui ont fini si mal une journée si bien commencée, sont les nommés Abel Morin, Caroline Liégard, veu­ve Boudray, Marie Morel et Marguerite Esther Yvonnet.

On assure que cette dernière n’est autre que la fille Yvonnet, confidente de l'assassin de Mlle Thouroude, de ce Lemaire de Cler­mont, qui acquit une si horrible célébrité dans notre ville, il y a treize à quatorze ans. 

Creully sur Seulles - un film sur l'épave de l'avion allemand abattu à Creully le 7 juin 1944


Le 7 juin 1944 un avion de l'armée allemande se crashe à la sortie de Creully en direction de Caen , entre la localité et la carrière de pierres.
C'était un Messerschmitt Bf_109 G-6 Me 109 Aircraft.
Le pilote: Rudolf Stotzestki POW.
Dans les archives de l'Impérail War Muséums, j'ai trouvé un film dont est issu l'extrait ci-dessous:
Trois signaleurs royaux du QG du 30e corps examinent les restes d'un chasseur Messerschmitt Bf 109 'Gustav' abattu près de Bayeux au cours d'un raid sur la tête de pont alliée en Normandie.


 Les soldats britanniques empêchent les civils qui viennent de Creully et des environs pour voir l'avion abattu. De telles précautions sont prises avec tous les civils pour se prémunir contre les espions et la cinquième colonne. D'autres anglais inspectent l'épave d'un M E 109 abattu par des avions de combat british à gauche.
 (Merci à Sébastien et Emmanuel pour cette photo)
L' avion est un Messerschmitt, un chasseur monomoteur monoplace allemand conçu dans les années 1930 par l'ingénieur allemand Willy Messerschmitt
Le lieu du crash
Pour permettre la circulation entre Creully et Pierrepont, les restes de cet avion furent basculés dans l'herbage dominant la vallée de la Seulles.