Prendre les jambes à son cou et les souliers dans le bissac à Creully.

 Le Droit du 28 mai 1836

Mercredi dernier, quatre industriels de Bayeux se rendirent au marché de Creully, pour y exercer leur savoir-faire aux dépens de qui il appartiendrait. Après avoir rassemblé le plus qu’ils pu­rent de souliers, de sabots, de bas, de mouchoirs et de rubans, ils se remirent en route, emportant leur butin dans un bissac et un panier à bras. Mais leur genre de commerce n’avait pas échappé à tous les yeux, et ils étaient à peine arrivés à St-Gabriel, qu'ils aper­çurent les gendarmes courir après eux. Prendre la fuite n’aurait fait que confirmer les soupçons ; ils jugèrent plus prudent de ca­cher les objets accusateurs dans un fossé, où ils furent bientôt découverts. Les voleurs, après avoir subi un premier interro­gatoire devant M. le juge de paix, ont été amenés jeudi à Caen, et mis à la disposition de M. le procureur du roi.

Ces quatre individus, qui ont fini si mal une journée si bien commencée, sont les nommés Abel Morin, Caroline Liégard, veu­ve Boudray, Marie Morel et Marguerite Esther Yvonnet.

On assure que cette dernière n’est autre que la fille Yvonnet, confidente de l'assassin de Mlle Thouroude, de ce Lemaire de Cler­mont, qui acquit une si horrible célébrité dans notre ville, il y a treize à quatorze ans.