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Creully sur Seulles - Une spécialité agricole et culinaire Creulloise....... La "Pé de terre de Creully"

A lire la presse de ces jours derniers, la pomme de terre se porte bien à la coopérative agricole de Creully. C'est l'occasion de parler de cette patate creulloise de 1800.
La  spécialité des années 1800 de Creully  était un tubercule appelé à nos jours: pomme de terre.


La pomme de terre a d’abord été apportée des régions équatoriales, et de la chaîne des Andes de l’Amérique méridionale, peu après la conquête du Pérou par les Espagnols. Ces derniers l’ont propagée en Italie et dans leurs possessions d’Europe, avant les Anglais et vers le milieu du seizième siècle. Cette plante s’est aussi répandue dans l’Allemagne dès le temps de la domination de Charles-Quint; elle parait même avoir été introduite en Irlande par l’Espagne, et enfin, si elle a aussi été transportée de la Virginie en Angleterre, puis, de là, dans le nord de la France et de l’Europe, elle n’a dû être cultivée que plus tard dans ces dernières contrées.

Au milieu du XVIIIe siècle, Parmentier fait adopter en France la culture de la pomme de terre, et ouvre ainsi une ère nouvelle à l’agriculture.
Grâce à ces efforts noblement encouragés par Louis XVI, qui daigna accepter de

Parmentier un bouquet composé des fleurs de la pomme de terre, tout le monde fut bientôt convaincu des avantages de cette culture. Les résultats obtenus par ce savant agronome furent si universellement accueillis, que François de Neufchâteau, ministre de l’intérieur en 1797, proposa de substituer au nom de cette solanée, celui de parmentière.
Elle sappellait en normand Crompire, dun mot allemand qui signifie poire de terre (Grundbirn).
Dans un petit village du Nord-Ouest de Caen, à Creully on cultive une pomme de terre  appelée  par les habitants la « Pé de terre de Creully »  (Histoire et glossaire du Normand - 1862).
A cette époque, la pomme de terre est très généralement cultivée pour la nourriture des hommes et des bestiaux.
Elle demande une terre légère ou ameublie par des labours, et bien fumée.
Un hectare de terre favorable à la culture de cette plante produit de deux cent quarante à quatre cents hectolitres de tubercules.
On plante et on les récolte avec la charrue.
Beaucoup de cultivateurs récoltent plus de pommes de terre qu’il ne leur est nécessaire d’en récolter pour leur usage. La vente se fait avec facilité, parce qu’on en embarque beaucoup au quai de Caen.

Faisons connaissance avec cette "Pé de terre de Creully" .
Elle était, parait-il, une sorte de  patraque jaune.
Très amylacée et très productive ; employée pour les fabriques de fécule. Tubercules gros, irréguliers, yeux enfoncés dans des cavités profondes.



Creully sur Seulles - Sur les traces d'un graveur du clocher de Creully

Dans le clocher de l'église Saint-Martin de Creully, des visiteurs ont laissé des traces de leur passage en gravant un souvenir immortel.

Je me suis mis à la recherche d'un des auteurs de l'une de ces traces gravées dans la pierre...

Raymond Gilette

a Creully sur Seulles - Sur les traces d'un graveur du clocher de Creully
z Creully sur Seulles - Sur les traces d'un graveur du clocher de Creully


 

Creully sur Seulles - Creully fête le retour des prisonniers.


Creully fête le retour des prisonniers. 01

 Ci-dessous le menu de Monsieur Anne, instituteur à Creully.

Creully sur Seulles - Creully fête le retour des prisonniers.


Creully fête le retour des prisonniers. 02

1857 Creully (Creully sur Seulles) - Tilly sur Seulles une affaire de foire à la louerie

CONSEIL GÉNÉRAL DU CALVADOS
La commune de Tilly-sur-Seulles demande que sa foire de la Madeleine, qui se tient chaque année le 22 juillet, soit reportée au dimanche le plus rapproché de cette date.



La Madeleine de Tilly sur Seulles

SÉANCE DU 31 AOUT 1857
Le Conseil, prenant en considération cette réclamation, est d'avis qu'il y a lieu de l'accueillir.
Le Conseil général,
Vu la délibération du conseil municipal de la commune de Tilly-sur-Seulles, en date du 23 novembre 1856, demandant que la foire dite de la Madeleine, qui se tient dans cette commune le 22 juillet de chaque année, soit transférée au dimanche le plus rapproché de cette date du 22 juillet;
Vu les délibérations des conseils municipaux des 77 communes intéressées, notamment celle de Creully, en date du 9 août 1857;
La foire de Tilly
Vu les délibérations des conseils d'arrondissement de Caen, de Bayeux et de Vire ;
Vu l'avis de la chambre consultative d'agriculture de l'arrondissement de Caen ,en date du 5 juin 1857 ;
Vu le rapport de M. le Préfet ;
Considérant que la foire de la Madeleine, établie à Tilly le 22 juillet de chaque année, est plutôt une foire-louerie ou assemblée de promeneurs qu'une foire commerciale ; qu'il en résulte donc qu'une réunion de cette nature n'a aucune chance de succès, surtout à l'époque de la moisson, si elle n'est fixée à un dimanche; qu'il paraît juste de donner cette satisfaction à une commune chef-lieu de canton ;
Que sur les 77 communes consultées, 59 ont émis un avis favorable à la demande de Tilly, 14 un avis contraire et 4 ne se sont pas prononcées ;
La louerie de Creully
Que la commune de Creully, qui se trouve au nombre des opposantes, possède,il est vrai, une foire-louerie, établie le 18 juillet de chaque année, et qu'elle allègue qu'à raison de sa proximité avec Tilly, le changement réclamé par cette dernière commune pourrait lui être très préjudiciable, puisqu'en admettant le changement, ces deux foires-loueries devraient se trouver le même jour cinq fois sur sept;
La foire de Creully
Mais qu'il paraît juste d'admettre qu'en raison de la distance séparant les deux bourgs de Tilly et Creully (16 kilomètres environ), il ne pourrait y avoir aucun inconvénient à ce que les deux foires-loueries se tiennent parfois le même jour, et que rien ne semble faire supposer qu'elles puissent se préjudicier réciproquement ;
Est d'avis qu'il y a lieu de fixer à l'avenir la foire de la Madeleine de Tilly au dimanche le plus rapproché du 22 juillet de chaque année.

Le 30 décembre 1795, les chouans à Creully 'Creully sur Seulles) ; deux morts.


Le 30 décembre 1795, il était près de minuit, lorsque la maison du citoyen Monin, dans le bourg de Creully, se trouva tout à coup investie par une troupe de chouans dont une partie était à pied et l'autre à cheval. Ils y pénétrèrent, après avoir escaladé du côté du presbytère les murs du jardin, d'où ils passèrent dans la cour pendant que quelques-uns d'entr’eux brisaient à coup de hache la porte qui donnait sur la rue.
Le presbytère est devenu la mairie de nos jours
Le maître de la maison, s'étant présenté le premier à leur vue, ils tirèrent sur lui un coup de feu et le transpercèrent avec leurs sabres et leurs baïonnettes. Il s'écria : « Je suis mort ! » A ces mots, sa mère ne put s'empêcher de dire:
- Ah ! Vous m'abîmez mon pauvre fils! Ce fut sa perte, car elle subit le même sort.
Monin put encore se traîner jusque dans sa chambre, mais les chouans, qui voulaient le tuer, ayant demandé à sa fille un fusil, celle-ci se vit obligée de leur en donner un avec lequel son père expirant et couvert de blessures fut achevé sous ses yeux.
Le fils du Juge de Paix, jeune homme de 18 ans, nommé François Le Lubois, fut un instant inculpé. Il avait dit à un tailleur le jour du crime :
- Je sais que les chouans viendront à Creully sous peu.
- Ils sont donc nombreux, avait répondu son interlocuteur.
- Oh ! Oui, il y en a bien un mille dans la contrée.
Ayant pu fournir un alibi, il fut mis en liberté. L'un des chouans avait été reconnu par la fille de Monin ; c'était le fils aîné d'un meunier d'Amblie  ;  il se nommait Jean-Baptiste  Ameline,  et  le  soir   du  crime,  il  portait  des moustaches postiches,
Monin avait dénoncé deux déserteurs, il passait pour avoir donné au département la liste des jeunes gens de la première réquisition : ce fut la cause de sa mort.
Antoine Monin était maire, Commissaire du Directoire exécutif de la commune de Creully. Il était le fils de Antoine Monin, ancien Bas Officier de Dragons, décédé à l'âge de 64 ans, et dont le corps fut le dernier inhumé, le 14 avril 1787, dans l'ancien cimetière, sur la place de Creully, entre les halles et l'entrée du château.
Les corps des Monin reposent dans le cimetière de Creully. Leur sépulture, surmontée d'une pyramide quadrangulaire en granit est située dans la deuxième section. Les plaques autrefois encastrées dans le socle portant les noms des Monin et les dates ont disparu.

Creully (Creully sur Seulles) - La légende de la Dame aux ciseaux.

La légende de la Dame aux ciseaux
Nous sommes dans la deuxième moitié du XVe siècle, la guerre de 100 ans venait de se terminer ; le château de Creully était en travaux ; restauration autorisée par Louis XI.
Au sein du château forteresse, une couturière oeuvrait pour un baron de Creully, un Vierville, et surtout pour la baronne.
Cette couturière très habile de ses mains confectionnait les plus beaux habits appréciés par les femmes du château. Elle avait réalisé pour elle une houppelande de couleur violette. Une des trois couleurs autorisées, les deux autres étant le noir et le gris ; le rouge et le vert étaient portés que par les nobles. Ce code des couleurs s’appliquait aux enfants de moins de sept ans ; les mâles étaient en blanc et les fillettes en bleu ciel.
Cette femme nommée «Guillemette» était fort belle ; elle savait s’apprêter de quelques bijoux ; même ses ciseaux de couturière qu’elle portait à sa ceinture étaient affublés d’un morceau de létice.
Non loin d’une des pièces du château réservées aux gardes, elle fut abordée par le baron lui-même qui souhaitait s’entretenir au sujet de la baronne disait-il. Mensonge car, retirés des yeux et oreilles, ils eurent une aventure car on ne refuse rien au baron.


Les mois passèrent quand Guillemette rencontra le baron et lui demanda de l’écouter : «ta lignée est en moi comme tu le vois à mon ventre, tu m’as enceinté».
Ne voulant admettre cette situation, le baron, encore jeune, sentait la colère montait en lui, injuria la couturière et lui indiqua : «jamais je ne reconnaîtrai cette progéniture ; ce n’est pas un héritier des Vierville».
Guillemette, déçue, à bout de nerfs, se porta face au baron et le gifla de toutes ses forces.
Outrage extrême !
Le baron se jeta sur la femme et lui attrapa sa chevelure, faisant tomber une petite templette qui participait au maintien de tresses ; il arriva à attraper les ciseaux et d’un coup furieux, il poignarda la pauvre couturière de sa mère.
Le liquide de couleur rouge tâcha les vêtements de la belle Guillemette qui eut la force de murmurer : «je te maudis» avant de quitter (provisoirement) ce château de Creully.
Il fallait faire disparaître le corps ; le baron choisit une des multiples caves du château, en particulier une très humide à l’aplomb des remparts à l’est. Ainsi ce crime ne fut porté à la connaissance des habitants du lieu.
Creully et son château s’entouraient de brume remontée de la Seulles qui coulait au pied des remparts et dans la chambre du baron la mèche d’un creuset s’éteignit par manque d’huile. Le baron dormait.
Le meurtre de Guillemette était un fait d’hier.
Malgré l’absence d’orage sur la contrée, un bruit se fit entendre brusquement comme un coup de tonnerre.
Le baron se réveillât brusquement ; ses yeux à demi ouverts, il vit une forme de femme non loin de sa couche qui brandissait une grande paire de ciseaux. La forme d’une blancheur de lait de brebis s’adressa à lui : «Jusqu’à la fin des ans, des milliers d’années, je serai là, sur ce domaine, pour rappeler à toi-même et à ta descendance la lâcheté des barons de Creully».
Le dernier des barons de la lignée des Vierville n’eut pas de descendance mâle….

Certaines nuits, des hommes ou des femmes en errance autour du château, parfois dans les fossés qui le bordent, ont vu et on verra encore une grande forme d’une couleur blanche avec à la main une paire de ciseaux, la Dame aux ciseaux.
Enceinter: mettre enceinte
Houppelande:
large robe à grande manches (plutôt employée quelques dizaines d’années avant.
Templette: (ou templière), décoration faite en métal sur laquelle s’enroulaient les tresses.

Létice : fourrure blanche moins chère que l'hermine.

Une terre qui meurt......Le canton de Creully

Journal " Le Matin" du 19  juillet 1914
La terre qui meurt
HISTOIRE D'UN CANTON DE NORMANDIE ........ Le canton de Creully

Hier, M. Chartes Benoist a donné lecture à l'Académie des sciences morales et politiques d'un nouveau fragment, de son rapport  sur les causes de la diminution de la natalité. Il a bien voulu en extraire pour les lecteurs du Matin les passages suivants.

Le canton de Creully (arrondissement de Caen, département du Calvados) est à la fois maritime et rural -  plus rural que maritime. Il affecte en effet la forme d'un triangle qui ne touche à la mer que par un de ses sommets ; les trois côtés sont dans les terres. Il s'enfonce comme un coin entre les deux cantons voisins de Douvres et de Ryes qui, eux, s'étendent le long de la côte, et en quelque sorte s'y étirent, l'un vers l'est, l'autre vers l'ouest maritime par une seule de ses vingt-six communes, la plus importante, il est vrai, par la commune de Courseulles. Dans le port de Courseulles est l'embouchure de la rivière qui traverse le canton de Creully, qui le sépare du canton de Ryes, et sépare ainsi l'arrondissement de Caen de l'arrondissement de Bayeux, marquant les extrémités opposées de deux pays qui se rejoignent, leur point de jonction et de distinction tout ensemble, la fin de la plaine
de Caen et le commencement du Bessin.

De ces vingt-six communes, huit seulement ont chacune plus de 300 habitants. Une seule, Courseulles encore, dépasse le millier ; elle a 1.300 habitants.
En cinq années, de 1906 à-1911, dix sept communes du canton sur vingt-six ont perdu 332 habitants, soit, pour plusieurs d'entre elles, un déchet qui atteint environ le dixième de leur population et qui, au total, n'est pas compensé, loin de là, par les faibles reprises de huit autres (la neuvième n'ayant ni perdu ni gagné), puisque deux communes ne se sont relevées chaqu’une que de un habitant, deux de trois chacune, une de cinq, une de neuf, une de onze, une enfin de douze, effort énorme ! Qui de 332 ôte 45, il lui reste une perte sèche et irréparée de 287 habitants, soit, par an, d'une soixantaine. De ce train, en un siècle et quart, le canton de Creully serait un désert.
Formulé au plus juste, le fait incontestable, brutal, sinistre, est celui-ci :  la population du canton de Creully diminue dans des proportions, avec une rapidité et une continuité telles qu'on pourrait bien dire qu'elle tombe. Mais il y a, pour une population, différentes manières, ou différentes raisons de diminuer parce qu'elle émigre, parce qu'elle meurt, parce qu'elle ne se reproduit pas.
Sans doute, ici, la mort fauche à grands coups dans la plaine et dans la prairie, mais aussi la vie s'y épand très peu et même s'y contraint, s'y resserre. Ce second fait, non moins incontestable que le premier, ressort de l'examen des documents.
Ainsi, tandis que quarante-deux années du dix-huitième siècle, de 1751 à 1792, donnent  prises ensemble, un excédent notable de naissances dans les quatorze communes, sans exception, sur lesquelles on est renseigné  et que, pour deux de ces communes seulement, une décade seulement, celle de 1761 à 1770 est déficitaire, au contraire, les dernières décades donnent un excédent important, et, sauf quatre exceptions, ininterrompu, de décès.

Pour quelques-unes de ces communes, la décadence commence avec le siècle suivant, en 1802 ou 1813 pour d'autres, qui jusque-là s'étaient mieux défendues, en 1843 pour d'autres, ce n'est qu'en 1853 ou 1863. Mais aucune ne passe cette date à son honneur : en termes généraux, on peut affirmer qu'à partir des environs de 1850 au plus tard, la chute se précipite, le mal est irrémédiable.

Seules, entre 1863 et 1872, deux petites communes se débattent tant bien  que mal, Cambes et Vaux-sur-Seulles ; toute seule surtout, Vaux-sur-Seulles se débat encore dans les dix dernières années, 1903-1912, où elle regagne, quoi ?  Deux habitants ! C'est le gain total, pour la décade, bonnes et mauvaises années balancées - ou plutôt elles sont toutes mauvaises, mais il y en a de mauvaises et de pires - c'est toute la reprise, c'est toute la revanche de la vie dans douze communes du canton de Creully sur vingt-six. Et le reste ne vaut pas mieux, ne vit pas, ne revit pas, ne fait rien pour survivre davantage.

La « chute », ai-je dit, Il serait plus juste de dire la dépression, l'affaissement. Je reviens à ma première image.
Cette terre s'effondre comme l'antique forêt de son rivage, lentement engloutie sous les eaux et dont il n'émerge plus, à marée basse, que quelque tronc, de place en place, témoin noirâtre et  pétrifié de ce que furent la verdeur et la vigueur du chêne.

Et j'aurais bien, là-dessus, plus d'une réflexion à présenter. Les chiffres du dix-huitième siècle, rapprochés de ceux du dix-neuvième, feraient apparaître une plante humaine plus drue, plus vivace, ou plus vivante, plus « provignante », qui naît plus, qui crée plus, qui meurt plus, qui se conserve et se réserve moins, sujette à plus d'à-coups, de bonds, d'écarts, et qui, comme des épidémies de décès, connaît de vraies épidémies de naissances.

Au dix-neuvième siècle et au vingtième, ce canton du Calvados, le canton de
Creully, descend sans secousses, sans fièvres d'aucune sorte, vers la cote zéro, vers la limite du néant. Beaucoup d'autres cantons de Normandie font comme lui. Voilà le fait dûment, vigoureusement, scientifiquement établi. Il s'agit maintenant d'en déterminer les causes.

Charles Benoist
Membre de l'Institut, député de Paris
.

Creully sur Seulles - 1944 - Les souvenirs de Marcel Madelaine.

Son livre


Marcel Madelaine a vécu le dernière guerre et a mis sur papier ses obervations et ses ressentiments pour en faire un livre. 

A la Médiathèque de Mémmoriall de Caen j'ai retrouvé le manuscrit. En voici deux extraits relatant la commune de Creully.

DIMANCHE 16 JUILLET 1944 -

Cette nuit, j’ai dormi comme un loir. Je crois rêver, ne plus entendre le bruit des éclatements d’obus, de la canonnade, enfin la tranquillité, je n’ose y croire, la guerre pour moi est finie.

Au petit-déjeuner : thé - petits gâteaux - fruits. C’est impeccable, ensuite c’est un médecin anglais qui vient faire mon pansement ; dans ce domaine-là aussi ils sont bien organisés. Il me place sur le mollet un pansement complet, autocollant, d’une seule pièce, puis série de piqûres. Derrière lui arrive un officier qui parle un français correct. Il ne peut nous garder ici et nous propose deux solutions ; soit on nous évacue par avion en Angleterre, soit on nous dirige sur BAYEUX où il pense que les Services hospitaliers de la ville peuvent nous accueillir. Après réflexion, j’opte pour BAYEUX, ce sera plus facile pour retrouver la famille.

Creully sur Seulles - Les souvenirs de Marcel Madeleine.
Marcel Madeleine (encerclé)

Ce midi, le déjeuner est aussi copieux qu’hier soir et aussitôt après, en route, des ambulances militaires nous attendent à la porte et au revoir CRESSERONS. A côté de moi, se trouve une bonne sœur caennaise, elle est amputée d’une jambe. Les routes sont aussi encombrées qu’hier c’est impensable la quantité de matériel qui roule, aux carrefours nous attendons parfois près d’un quart d’heure pour passer, à REVIERS, c’est pire encore. Avant d’arriver à CREULLY, il y a dans les champs sur des hectares du matériel de toute sorte, chars, camions, canons, hangars, campements militaires. A Creully, nous sommes arrêtés pendant plus d’une heure sur la place du pays, il y a une animation comme sûrement cette petite bourgade n’en avait jamais connu. Il n’y a aucune destruction par ici. Quelle chance ils ont eu. Enfin nous partons pour BAYEUX, première ville fran­çaise libérée. 

 Autre note

Lorsqu’après avoir quitté La Bon Sauveur dans des conditions dramatiques le 15 juillet 1944, l’ambulance anglaise qui nous conduisait à BAYEUX s’arrêta une bonne heure sur la place du Marché de CREULLY. J’étais loin de me douter que je rencontrerais le Général MONTGOMERY deux ans plus tard, dans ce même petit bourg à la limite du Bessin où mon frère et moi-même, à la demande de Monsieur Ed. PAILLAUD, Maire de Creully, avons créé une petite entreprise d’électri­cité générale.

Recevant en JUIN 1946 le Général Montgomery (devenu entretemps MARECHAL), Madame de DRUVAL, propriétaire du Château de CREULLET, où MONTY installa son P.C. très vite après le débarquement, nous demanda de remettre en état l'installation électrique dans deux chambres destinées au Maréchal et à son Aide de Camp, ce qui fut fait.

A peine les deux hommes étaient-ils rentrés dans leurs chambres respectives pour y passer la nuit, qu’une explosion retentit dans celle du Maréchal. Aussitôt, son aide de camp, pensant à un attentat, appela au secours les gendarmes qui étaient de garde à l’extérieur du Château. Branle-bas de combat, tout cela pour peu de chose ; il n'y avait pas eu d'attentat, mais tout simplement deux ampoules élec­triques que nous avions fournies, avaient explosé et c'est ainsi qu'allant les remplacer, mon frère et moi fîmes connaissance du Général MONTGOMERY qui était en petite tenue - caleçon long et chemise de nuit - . Il avait très bien pris la chose et en riait (chose très rare paraît-il). Très en verve, il nous raconta que quelques jours après avoir installé son P.C., vers le 10 ou 12 JUIN 1944, un matin très tôt, il faisait une promenade à pied en solitaire, derrière le château, quand soudain deux soldats allemands surgirent d’un petit bois proche… ; ces soldats voulaient simplement se rendre, ils n'avaient pas mangé depuis une semaine. Montgomery ajouta qu'il fut sûrement le seul Général d’Armée à faire tout seul deux prison­niers ennemis en pleine bataille.

Dans la magnifique entrée du Château, il y avait un grand tableau supposé être le portrait de Guillaume le Conquérant et le Général Montgomery se comparait à lui en disant : ” Guillaume est allé conquérir l'Angleterre et moi descendant d'un de ses compagnons, je suis venu reconquérir la Normandie.

Creully sur Seulles - L'homme de Creully et le cercle des fées

— « A demain Albert »
— « Ch'a va êtes dû, mais enfin j'tachrai »
Ainsi, Albert Desplanches quittait une grande ferme de Martragny où il avait été invité par son patron aux noces de Berthe, la fille aînée de ce dernier. Invité sans sa femme restée dans sa petite maison de Creully où les tâches de mère de famille la retenaient, les six enfants de bas âge l'empêchaient de se divertir, comme son mari qui, il est vrai, trouvait cette solution assez satisfaisante.
Desplanches, âgé de trente cinq ans, paraît-il, s'amusait avec les filles de la région. Racontars affirmait Albert. Marthe, sa femme, n'avait certainement pas eu échos de ces dires, car, la présence de son mari au mariage de la fille de son patron, aurait été compromise. Berthe avait deux sœurs bien jolies.

La noce était terminée, la nuit était tombée depuis « belles lurettes » en ce dimanche soir de septembre. Elle avait duré deux belles journées.
Le chemin allant de Martragny à Creully, éclairé par un splendide clair de lune, était rassurant. Albert pensait aux deux jeunes qui s'étaient fait attaquer par quatre brigands à la hauteur du pigeonnier la semaine passée.
Les « soifs » de la journée bien rassasiées ne ravageaient pas l'esprit de Desplanches. Il avait du coffre, cet homme de Creully où sa femme sombrait dans le sommeil. Parfois, les pleurs d'un des gamins, ils avaient six garçons, réveillaient Marthe qui, à chaque fois, constatait l'absence de son mari ou plutôt son retard.
A mi-chemin, entre Rucqueville et Brécy, un bouquet d'arbres cachait une lueur assez dense, à peine visible de la route.
Lorsqu'Albert la vit, il s'arrêta net.
— « Qui a-t-il derrière ces chênes ? ». En se posant cette question, Desplanches crut entendre une musique légère, très peu perceptible.
— « C'est sûrement l'effet du bon verre de Calvados que j'ai avalé avant de partir de Martragny », pensa Albert avant de reprendre le chemin.
La lueur se faisait de plus en plus dense, plus lumineuse. Notre homme de Creully s'arrêta de nouveau. Un peu effrayé, mais, d'un esprit courageux, Desplanches décida .d'aller voir. Il contourna la futaie en essayant d'être le plus discret possible.
A ses yeux apparut un spectacle très joli ; un spectacle d'une grande splendeur. Des femmes vêtues de blanc dansaient en rond au clair de lune au son d'instruments mélodieux.
Poussé par la curiosité, Desplanches s'approcha encore plus, de trop, car, il était à découvert quand une des belles dames en blanc le vit...
La musique ne se fit plus entendre, toutes les femmes, six, sept ou plus, on ne le saura jamais, se retournèrent. Albert sentait ces regards de fées pesant sur lui ; une force bizarre-le poussait vers le groupe.
Les instruments mélodieux reprirent de plus belle, la ronde se reforma et les fées sautaient, dansaient.
Quant à Albert, il était lancé, porté dans les airs, très haut, très haut, à une distance considérable. Il devint le pantin de ces fées.
— « Malheur au curieux profane qui s'approcherait », cria une des femmes.
Ce sont les seules paroles que Desplanches entendit avant de se retrouver sur le chemin qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt.
Il était accablé de fatigue et de meurtrissures. Ainsi, le pauvre Albert reprit la route de Creully. Une femme impatiente l'attendait ; une femme furieuse, car, les cinq heures du matin avaient sonné.





Arrivé devant sa demeure, prêt à mettre la clé dans la serrure de la porte, quand, tout a coup, celle-ci s'ouvrit. Marthe apparut un balai à la main.
Non, elle ne faisait pas son ménage, mais, elle attendait son mari.
— « D'où viens-tu ivrogne » ?
— « Non, ce sont des femmes »
— « Quoi des femmes... »
— « Non des fées entre Rucquev... »
— « Et puis quoi encore »
— « Non, je te jure, ce sont des fées qui m'ont attaqué près des chênes »
— « Sale mari, tu as passé de bons moments avec une femme pendant que moi, je... »
— « Mais non Marthe, crois moi ».
Marthe ne voulut pas en savoir plus et des meurtrissures s'ajoutèrent, mais, celles-là étaient dues au balai que Marthe tenait.
Et pourtant à quelques kilomètres de là, derrière un bouquet d'arbres, on pouvait voir une grande trace circulaire où l'herbe y est comme brûlée. On appelait cela dans la région, « le cercle des fées ».

LE BAILE DU CHATEAU DE CREULLY


LE BAILE DU CHATEAU DE CREULLY
Notice de M. le Chanoine Hergas paru dans un journal paroissial de Creully
  La place de Creully n'avait pas l'aspect qu'elle a maintenant, m'a dit plus d'une fois mon père. Au lieu des maisons qui en constituent actuellement le fond, sélevait un grand mur ; derrière ce mur était une terrasse plantée de tilleuls ; entre la terrasse et les fossés du château s'éten­dait un cimetière.
Les souvenirs du père de Monsieur Alix Marie semblent contredire ceux de mon père, alors que vraisemblablement ils les complètent ; lui a vu un petit mur à hauteur d'appui en réalité les deux murs existaient et bordaient un large fossé, le petit mur du côté de la place, le grand mur du côté du château ; et ce grand mur n'était autre que le mur du baile.


Qu’est-ce donc qu'un baile ?
C'est une enceinte fortifiée qui s’étendait au-devant ou tout autour de l'enceinte princi­pale. Tout château-fort de quelque importance avait son baile. C’était là que venaient se réfugier en cas d'alerte les habitants du voisinage.

Car il serait injuste de juger la féodalité uniquement d'après ses excès, Quand elle se constitua au Xème siècle, elle répondait à une véritable nécessité politique et sociale. Le château-fort fut avant tout le refuge et l'abri des faibles, et, comme l'a dit Fustel de Coulanges, le baron féodal était alors « le seul défenseur le seul espoir des hommes ».

Le château de Creully avait donc un baile, et l'importance de ce baile montre que le bourg devait avoir une population assez considérable. (Vers 1840, Creully comptait 1.500 habitants).

La face sud subsiste seule. Elle borde, vers le milieu de la côte, la route qui monte de la vallée jusqu'à l'église. On voit d'abord une grande tour, puis un mur élevé dont la pre­mière moitié est renforcée par de gros contreforts ; l'extrémité s'orne d'une échauguette assez récente.

A partir de cette échauguette commençait la face est. C'était le grand, mur, dont nous avons parlé et qui n'a été démoli qu’entre 1837 et 1839, lorsque Monsieur de Marguerye, propriétaire du château, vendit en sept lots les ter­rains de l'ancien cimetière, avec charge de construire les maisons sur un plan uniforme et de mettre un fronton à celle du milieu.

Jusqu’où s'étendait le baile ? Se reliait-il directement à l'angle nord-est du château ou en couvrait-il également la face nord ? Cette dernière hypothèse est probable, puisque, en creusant une tranchée pour conduire les eaux du bourg jusqu'à la Seulles, on a trouvé de çi de là les fondations d'un mur, qui avaient au moins un mètre d'épaisseur.

Ainsi, le baile aurait couvert trois des faces du château. Pour que son enceinte fût concentrique à l'enceinte princi­pale, elle aurait dû exister également sur la face ouest, du côté de la vallée. Or, de ce côté, règne un mur assez bas qui borde la route actuelle jusqu'à l'entrée du pont et se prolonge, démoli aux trois quarts, jusque vers l'angle nord- ouest du château.

Etant donné que le niveau de la route a été relevé lorsqu’ont été construits le bief et le moulin, on peut se demander si la moitié de ce mur n'est pas cachée par le remblai. Si mon hypothèse était vérifiée, il partirait du niveau même de la vallée et aurait plongé sans nul doute dans un fossé, alimenté par une dérivation de la rivière. Dans ce cas, le baile aurait entouré complètement le château et celui-ci aurait présenté sur cette face trois ordres de dé­fense superposés:
-1° le fossé et cette première muraille;
-2° les remparts mêmes du château;
-3° le donjon carré, dont deux étages s'élevaient au-dessus de la terrasse.

Ce ne sont que des hypothèses; la dernière même, je l'avoue, est un peu osée, mais qui sait ?... Le vieux château de Creully est loin d'avoir livré tous ses secrets, et ses amis doivent souhaiter que quelque archéologue éminent soit ame­né à y faire de sérieuses recherches.
 
Baile, BayleBAILE1, BAYLE1, subst. masc.
  Fortification. Au Moyen Âge, terrain clos par le (ou les) mur(s) d'enceinte d'un château, d'une forteresse