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Creully sur Seulles - Les "chromos" de Michel...

chromos
 Michel Jacquot a retrouvé dans un album de "chromos" des exemplaires offerts il y a plus de 100 ans lors d'achats dans un magasin de Creully. merci à lui de me permettre de les partager.


Mariette Méry Frédéric aprés son mariage à Creully avec Adeleine Elisa le 1er octobre 1862 a repris avec sa femme un magasin de nouveautés sur la place du marché. C'est en faisant des emplettes dans celui-ci que l'on recevait en cadeau une image "Chromo".


creully la place du marché


Creully sur Seulles - Les "chromos" de Michel...
La technique de la chromolithographie

"Chromo" est le diminutif de "chromolithographie", un terme qui décrit le procédé d'impression utilisé : chaque couleur est imprimée l'une après l'autre, déposée sur une pierre lithographique.
Cette technique fut inventée en 1837 par l'alsacien Godefroy Engelmann.







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Des images de collections

Les "chromos" vont rapidement désigner les petites cartes et images imprimées selon la technique de la chromolithographie, et conçues dès l'origine pour être collectionnées. Parfois éditées en séries, elles étaient autrefois conservées dans des albums. Leurs couleurs chatoyantes sont parfois rehaussées de doré.
L'âge d'or des chromos se situe entre la seconde moitié du XIXe et la première moitié du XXe siècle. Les sujets représentés sont généralement à destination des enfants, à portée didactique ou humoristique : des séries sur l'histoire, la géographie, les grands hommes, les métiers...
C'est à ce moment qu'émerge la publicité qui permettra aux fabricants de conquérir les marchés naissants. Les commerçants distribuent des images pour promouvoir leurs produits.
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Au château de Creully, des salles remarquables...

SÉANCE DU VENDREDI 4 DÉCEMBRE 1931

Présidence de M. le Dr GOSSELIN, ancien Président

 
(Extrait du compte-rendu de séance)

Le château de Creully était au XIIe siècle un des plus im­portants de Basse-Normandie, avec ceux de Caen et de Falaise. Ils comportaient tous trois une vaste enceinte en­tourée de tours, sur un côté de laquelle était un grand don­jon rectangulaire. Ce donjon, bien conservé à Falaise, a disparu à Caen, et a été très remanié à Creully.
Les châteaux de Caen et de Creully présentent, en outre, l’intérêt d'avoir conservé de grandes salles romanes qui sont, pour l'histoire de l'architecture civile aux XIe et XIIe siècles, des œuvres aussi rares que remarquables. A Caen, c'est l'ancienne salle de l'Echiquier de Normandie, qui doit remonter à la fin du XIe siècle et nous fournit un magnifique exemplaire d'architecture civile dans le premier style roman de Normandie, à une époque où l'art de voûter les édifices est encore imparfaitement connu des constructeurs normands et où la décoration sculptée reste assez primitive.
A Creully, la grande salle basse, qui forme aujour­d'hui les caves du château, est une construction grandiose du XIIe siècle. Les Normands savent alors couvrir leurs édi­fices de puissantes voûtes d'ogives, comme celles qui ont été ajoutées après coup sur la nef dans les églises de Saint-Etienne et de la Trinité à Caen; mais l'architecture et la décoration restent par ailleurs entièrement romanes, celle-ci devenant, au reste, plus riche qu'à l'époque précédente et se caractérisant, en particulier, par l'emploi des chapiteaux à godrons ou à entrelacs.
Il y a ainsi à Creully deux salles se faisant suite, couvertes de quatre et de cinq puissantes croisées d'ogives sur plan barlong. Ces salles sont en con­trebas par rapport au sol actuel, à l'intérieur de l'enceinte du château, mais elles dominent à l'extérieur de très haut la vallée de la Seulles, vers laquelle elles s'ouvrent, à tra­vers le mur de l'enceinte, par une série de fenêtres enca­drées de colonnes à chapiteaux godronnés et pourvues laté­ralement de bancs ou l'on pouvait s'asseoir.
Au château voisin de Fontaine-Henri, il subsiste, sous l'édifice actuel de la Renaissance et dans une situation un peu analogue, une autre salle basse magnifique, également voûtée d'ogives et qui sert, elle aussi, maintenant de cave. Cette salle est un peu plus récente que celle de Creully, et ses voûtes présentent un curieux mélange de fidélité à la tradition locale et de caractères nouveaux attestant l'in­fluence de l'architecture gothique de l'Ile-de-France, telle qu'elle se marque après le milieu du XIIe siècle dans plu­sieurs monuments religieux de Normandie.
Les châteaux de Caen, de Creully et de Fontaine-Henri nous ont ainsi conservé de très belles œuvres d'architecture civile, à trois moments de l'histoire de l'art normand qui ne sont en général connus que par des œuvres d'archi­tecture religieuse. Et parmi ces trois œuvres, la grande salle basse de Creully est un monument remarquable de l'épo­que, encore mal connue, où les architectes normands se sont montrés particulièrement originaux en inventant, sans doute, et en employant sur de larges espaces la voûte sur croisée d'ogives, avant d'avoir encore subi l'influence artis­tique de l'Ile-de-France.

Creully sur Seulles - Les habitants de Creully et l'hôpital de Bernières sur Mer pendant la guerre de 14-18

Creully sur Seulles - Les habitants de Creully et l'hôpital de Bernières sur Mer pendant la guerre de 14-18
 De nombreux hôpitaux furent créés au début ou au cours de la guerre 14-18. Ils sont d’une extraordinaire diversité en taille (de dix à plusieurs centaines de lits) et en localisation. Ils sont en effet, logés aussi bien dans des écoles, des théâtres que dans des usines, dans des couvents, des loges maçonniques, etc... Certains ont vu le jour dès la mobilisation, mais l’invasion d’une partie du territoire national et l’ampleur des pertes nécessitent une augmentation rapide de leur nombre.

A Bernières sur mer, Un hôpital complémentaire (HC) avec des annexes furent créés.

Creully sur Seulles - Les habitants de Creully et l'hôpital de Bernières sur Mer pendant la guerre de 14-18Les hôpitaux complémentaires, sont placés sous le contrôle du Service de santé, dans des "bâtiments réquisitionnés". Un certain nombre ont commencé à vivre, surtout à Paris, au mois d'août, mais c’est surtout après la bataille de la Marne que s’avère la nécessité de créer rapidement des locaux nouveaux. Grâce au concours des municipalités, à de nombreuses libéralités privées et à la forte organisation des trois sociétés de la Croix-Rouge, ces hôpitaux sont installés en peu de temps et, dans la plupart des cas, dans des conditions excellentes.

63 hôpitaux complémentaires sont répertoriés pour la 3ieme région.

Pour aménager l'hôpital de Bernières sur Mer on fit appel aux habitants de la région comme nous le montrent les documents concernant la localité de Creully.

Creully sur Seulles - Les habitants de Creully et l'hôpital de Bernières sur Mer pendant la guerre de 14-18


Creully sur Seulles - 1859 - Elle fit don d'un bâtiment pour créer une école de filles.

 Nous sommes en 1859, au château de Creullet demeurait monsieur Michel Charles Désiré Labbey de Druval  qui s’était marié le 26 juillet 1835 avec Louise Elisabeth Adam de Lapommeraye. Cette dernière avait une sœur qui habitait Caen qui venait très souvent au château de Creullet pour savourer les plaisirs de la vallée de la Seulles : Marie Alix Adam de  Lapommeraye.

Elle appréciait notre localité et ses habitants. En mai 1859, elle décida de faire donation d’une maison et ses jardins pour en faire école de filles.

Extrait de la délibération du conseil municipal de Creully :


Mademoiselle Marie Alix Adam De  Lapommeraye propriétaire à Creully, demeurant à Caen, rue des Carmes. Laquelle a par ces présentes déclaré faire donation entre vils et révocable, à la commune de Creully, arrondissement de Bayeux,d'une maison située à Creully rue de Lantheuil édifiée d'un étage avec mansarde au-dessus ;

2ème de deux jardins attenants à ladite maison et situés l’un au nord, l’autre au midi.

Le tout formant un seul entretenant de treize ares, quarante-trois centiares, désignée au cadastre sous les numéros 185, 186 bis et 187, section D.

Dont les abornements sont :

-         d’un côté la rue de Lantheuil, l’autre côté un petit clos réservé par mademoiselle de Lapommeraye.

-         d’un bout la sente dite sous la ville, d’un bout madame Vallée.

La commune de Creully aura la propriété des immeubles donnés à compter de ce jour.

Elle aura la jouissance de la maison du jour de l’acceptation régulière de la présente donation et des jardins à compter du premier mai 1859.

 

La maison concernée sur le cadastre de 1811

Cette donation est faite aux conditions ci-après :

Article 1er – Les immeubles donnés seront affectés d’une ou plusieurs écoles de filles, telles qu’école primaire, asile et ouvroir.

Ils ne pourront recevoir d’autre destination ; toutefois si la donatrice ou ses héritiers, les réclament et tant qu’ils le voudront, il sera laissé dans la maison un logement à la disposition d’une religieuse chargée de visiter et d’assister les pauvres de la commune. Ce logement se composera d’une chambre à feu, d’un cabinet et d’un grenier à linges, d’un hangar ou d’une cave fermant à clef.

Article 2ème – les écoles ne pourront être desservies que par des religieuses relevant de communautés approuvées par l’autorité ecclésiastique Son traitement sera à la charge de la donatrice ou de ses héritiers.

Article 3ème – La commune de Creully demeure chargée de faire à ses frais les provisions nécessaires à ces diverses installations.

Les travaux devront être terminés pour le 15 août 1859 au plus tard.

Article 4ème – Il est déclaré pour la perception des droits d’enregistrement que le revenu des biens donnés est de :

-    les frais de la donation et son acceptation seront supportés par la donatrice et les frais d’appropriation seront supportés par la commune de Creully.


OUVROIR - Lieu où l'on se rassemble, dans une communauté de femmes ou dans un couvent, notamment pour effectuer des travaux d'aiguille. 
ASILE - Etablissement d'éducation destiné à recevoir, pendant le jour, les enfants que leurs parents, éloignés du logis par le travail quotidien, ne peuvent garder avec eux.
Marie Alix Adam de  Lapommeraye décèdera le 9 juin 1891 à Creully.

INTERIOR OF THE CHURCH OF CREULLY

ARCHITECTURAL ANTIQUITIES OF NORMANDY,
BY JOHN SELL COTMAN;
ACCOMPANIED BY
HISTORICAL AND DESCRIPTIVE NOTICES
BY
DAWSON TURNER, ESQ. F.R. AND A.S.
VOLUME THE FIRST.
LONDON:
PRINTED FOR JOHN AND ARTHUR ARCH, CORNHILL;
AND J. S. COTMAN, YARMOUTH.

INTERIOR OF THE CHURCH OF CREULLY.

Creully, whose church has been here selected for publication, as a favorable specimen of genuine Norman architecture, is a small market-town of the diocese of Bayeux, situated about six miles to the east of the city of that name, and fifteen miles north-west of Caen. It is an ancient barony, having been honored with that distinction by Henry I. in favor of his natural son, the Earl of Glocester, many of whose descendants, according to Masseville, were still living in Normandy in the eighteenth century, and bore the name of Creully. The same author makes mention of the Lords of Creully, on more than one occasion, in the course of his Norman history.—They are to be found in the list of the barons that accompanied Duke Robert to the Holy Land, in 1099; and when the Genoese, in 1390, called upon the King of France for succours against the infidels of the coast of Barbary, and the pious monarch sent an army to their relief, under the command of the Duke of Bourbon, the name of the Seigneur de Creully stands prominent among those who embarked upon that unfortunate expedition. Again, in 1302, the Baron of Creully held the fifth place among the nine lords from the bailiwick of Caen, who were summoned to sit in the Norman exchequer.


From the days of the Earl of Glocester to the breaking out of the French revolution, the barony of Creully continued to be held by different noble families. In the early part of the eighteenth century, when Masseville published his work, it was in the hands of the heirs of M. de Seigneley-Colbert, who likewise possessed other considerable domains in Normandy. The last that had the title was a member of the family of Montmorenci.—His emigration caused the estate to be confiscated, and sold as national property; but the baronial castle is now standing, and displays, in two of its towers, and in a chimney of unusual form, a [111] portion of its ancient character. The rest of the building is modernized into a spruce, comfortable residence, which, in 1818, was occupied by an English general of the name of Hodgson.[203]

The writer of this article has met with no records connected with the church of Creully.—Externally, it is wholly modernized; but within, the nave, side-aisles, and choir, are all purely Norman, except at the extremities. The piers are very massy; the arches wide and low; the capitals covered with rude, but remarkable sculpture, which is varied on every pillar; and the walls are of extraordinary thickness.

Creully - En pleine révolution 1793

A la Convention nationale du 30 septembre 1793, l'an II de la République une et indivisible.
La Société populaire de Creully, district de Caen, annonce à la Convention nationale que tous les tableaux et autres objets portant des signes et effigies de féodalité, de royalisme et de tyrannie, qui se trouvaient encore dans le château du ci-devant Montmorency, ont été brûlés au milieu des applaudissements de tous les citoyens, et que les jeunes citoyens du canton de Creully attendent avec impatience le moment de se mesurer avec les satellites des despotes.
Suit la lettre de la Société- populaire de Creully
A la Convention nationale.
Creully, département du Calvados, district de Caen,

le 30 septembre 1793, l'an II de la République une et indivisible.
« Depuis longtemps la Société patriotique du bourg de Creully attendait les effets de la lutte qui régnait entre les braves de la Montagne et les lâches de la plaine; elle craignait que le résultat ne fût le bouleversement de tout l'ordre des choses; elle craignait que le feu de la guerre civile ne se répandît, comme un torrent désastreux, sur toutes les parties de la République; elle craignait de voir couler le sang des patriotes ; elle craignait enfin de voir finir avec leur vie, le règne de la liberté. Que disons-nous !... Ils ne devaient pas périr : de fiers montagnards, comme des dieux tutélaires, veillaient sur leur destinée, et en les arrachant du précipice creusé sous leurs pas, nous osons le prédire, les chaînes dont les despotes serrent encore les bras des peuples, seront brisées et serviront à écraser leurs têtes coupables, et à faire disparaître pour jamais tout pouvoir tyrannique.
« Généreux défenseurs, vous qui avez tiré la France des mains de la tyrannie et de l'esclavage pour la mettre sous le règne de la liberté et de l'égalité, quelle reconnaissance ne vous devons-nous pas ? Quelle reconnaissance ne vous doivent pas tous les hommes? Oui, citoyens, vous avez bien mérité de l'univers entier.
« Puisque vous seuls êtes vraiment les amis du peuple, que vous seuls avez la force de le rendre heureux; frappez, frappez les restes de la tyrannie, de l'aristocratie; servez-vous de tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour écraser, anéantir ceux qui s'y opposeraient, tous les royalistes, les fédéralistes, tous ceux enfin qui travaillent au rétablissement du trône et à l’asservissement des peuples.
« Citoyens, d'après une demande de notre société et l'arrêté de la municipalité de Creully, une chasse qui était à l'entrée du château fort du bourg, actuellement démantelé, une chasse, emblème du despotisme, a été renversée, brisée et foulée aux pieds. Des portraits de comtes, de marquis, de ducs, de rois, tous les signes et effigies de la féodalité, du royalisme et de la tyrannie qui étaient encore dans le château du ci-devant Montmorency, tout a été brûlé au pied de l’arbre de la liberté, au son du tambour, de l'air
Ça ira, enfants de la Patrie, et de la danse de la carmagnole. Tous les membres, de notre société, le conseil général de la commune, le tribunal de paix et la garde nationale de Creully étaient présents à cette cérémonie.
« Les citoyens de la première réquisition de notre canton brûlent du feu sacré de la liberté et attendent avec impatience le moment de se mesurer avec les despotes coalisés; ceux du bourg se sont présentés en cette société et y ont juré de combattre et de verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang, de ne mettre bas les armes que lorsque la République soit vengée des attentats commis envers elle et que son sol soit purgé des royalistes, fédéralistes, muscadins et généralement de tous les ennemis de l'ordre public. Ils sont prêts à partir au premier signal.
« Citoyens, contents de votre travail et de votre énergie, notre société vous invite de rester à votre poste jusqu'à ce que la paix soit établie. Depuis le règne de la Montagne, chez nous l'aristocratie est aux abois. Encore un dernier effort et elle disparaîtra du globe.
« Bons républicains, vrais Bons-culottes.

  « Les président, secrétaires et membres de la société: Gardin, maire;
Legerais, curé de Saint Gabriel;
Dutruissard, curé de Creully, président
Monnin, commissaire du canton, juge de paix, ex-président de ta société;
Quesnel, secrétaire;

Duval, vicaire, procureur de la commune;
Le Révérend, officier ; 
Sources : Archives parlementaires de 1787 à 1860

Creully sur Seulles - L'industrie laitière à Creully en 1918

 Dans une enquête sur la situation des industries dans le département du Calvados parue en 1918, j'ai retrouvé un article concernant la laiterie de Creully. Je vous le transcrit ci-dessous.

 

Dans le Calvados, les premiers essais de préparation de lait de conserve ont été faits une dizaine d'années avant la guerre actuelle. Vers 1904, a été fondée à Creully la Laiterie de Creully en vue de l’exploitation d’un brevet pour la production du lait stérilisé « Salvalor el Vita ». Ce lait était vendu en bouteilles. On a entrepris ensuite dans le même établissement la fabrication de lait et de chocolat condensés. En 1912, la Laiterie de Creully, dont les débuts avaient été difficiles, a été reprise par la Société des Grandes Laiteries de Touraine et de Norman­die, A. Paillaud et Cie, dont le siège social est à Tours. Cette société a pour objet la production du lait stérilisé et du lait condensé, du beurre et du fromage.

Plaque publicitaire de la première société lairière de Creully.
Le ramassage du lait traité aux établissements de Creul­ly est fait dans un rayon de 9 kilomètres environ. La so­ciété dispose à cet effet d’une dizaine de voitures et de 29 à 30 chevaux selon les besoins. La récolte moyenne varie d'une saison à l'autre, passant de 5.000 ou 6.000 litres par jour en hiver, à 12.000 en été.

L’outillage de l'usine comprend un matériel complet pour l’écrémage, la pasteurisation, la stérilisation, la con­densation et le barattage.

Pour l’écrémage : un réchauffeur, de construction danoise, deux écrémeuses, de construction suédoise, un réfrigérant cylindrique, de construction française, une pompe à petit lait, de construction également fran­çaise.

Pour la pasteurisation et la stérilisation : quatre pasteurisateurs, de construction allemande, deux réfrigérants, de construction suisse ; un troisième a été commandé à l’industrie française.

Pour la condensation : deux groupes d’appareils à condenser dans le vide, dont l’un, de construction suisse, mais mis au point en France, est en service, et l’autre, de construction également suisse, est en voie de montage ; trois bacs à tapettes tournantes, dont deux sont en service et un troisième en voie de montage; tous les trois sont de construction suisse; trois sertisseuses, dont deux, l'une de construction fran­çaise et l’autre de construction américaine, sont en service, et la troisième, de construction américaine, est en voie de montage; deux homogénéisateurs, ou machines à fixer, de cons­truction française; trois autoclaves, de construction française.

Pour le barattage : une baratte, de construction allemande.

En outre, la maison dispose de nombreuses pompes, dont trois à eau, débitant 105 mètres cubes à l’heure, de bacs de réception et de rinçage, de bidons, etc., le tout de construction française.

La force motrice est fournie par une turbine hydrau­lique actionnant un générateur électrique d’une puissance de 25 H. P., de construction française. Ce générateur alimente plusieurs moteurs, de construction également française, qui assurent la marche de différents appareils. L’usine dispose, en outre, d’une machine à vapeur déve­loppant une puissance de 20 à 25 H. P., de construction française, avec trois chaudières, également françaises, dont deux en service et une en voie de montage. Ces trois chaudières représentent ensemble une surface de chauffe de 300 mètres carrés.

La production, qui a commencé à prendre un dévelop­pement considérable depuis la reprise de l'usine par MM. A. Paillaud et Cie, a passé de 1.500 boites de lait con­densé par jour en 1912 à une moyenne journalière de 5.000 actuellement. Cette moyenne pourrait être facile­ment doublée. Le chiffre de 10.000 boites par jour a, d’ailleurs, été atteint en automne 1917.

Le lait condensé de la maison porte la marque « Salva ». Depuis le com­mencement de l’année 1918, la maison ne pouvant plus se procurer du sucre, alors que ses concurrents étrangers et particulièrement suisses semblent en disposer dans une mesure suffisante, ne peut produire que du lait condensé non sucré. Elle se trouve ainsi placée dans un état d'in­fériorité vis-à-vis de ses concurrents, le lait condensé su­cré étant préféré par les consommateurs à celui qui ne l’est pas. En outre, sa production se trouve réduite du fait que pour être condensé sans sucre, le lait doit subir l’opération de la stérilisation par les liantes températures et que la moitié environ de celui qui arrive à l’usine de MM. A. Paillaud et Cie ne peut, en raison de son degré d’acidité trop élevé, être soumise à cette opération. Dans ces conditions, la maison est obligée de transformer en fromages les quantités de lait qui ne peuvent être utili­sées pour la préparation du lait condensé. Sa production de fromages atteint un millier de camemberts par jour.

Jusqu’en 1918, la majeure partie de la production des laits de conserve préparés à l’usine de Creully avait été réservée aux besoins du service de santé. En 1913 et en 1914, la maison a fourni à ce service à Marseille environ 1.200.000 boites de lait stérilisé pour les hôpitaux et les ambulances militaires du Maroc. Au cours des années 1916 et 1917, elle a fourni un million de boites de lait condensé aux services de l’Intendance militaire à Rouen. Les excédents disponibles de la production avaient été livrés au commerce, dans toute la France, ou exportés aux Colonies. Actuellement, toute la production de l’usine est destinée aux besoins de la consommation civile. Pour l’après-guerre, MM. A. Paillaud et Cie se proposent d’a­grandir considérablement leurs installations de Creully, d’étendre leur rayon de ramassage et d’augmenter la pro­duction des laits de conserve de façon à pouvoir éliminer du marché français les produits similaires étrangers et assurer, en outre, à leurs marques des débouchés importants dans les colonies françaises ainsi que dans les pays étrangers.

Comme exploitation annexe, ils envisagent l’installation d’une porcherie pour l’utilisation des sous-produits de leur fabrication de fromages.

Le personnel de la maison, qui en 1912 se composait de 15 ouvriers et ouvrières, en comprend actuellement 70, presque exclusivement recrutés dans la région.


Creully - La légende "le moine et le seigneur de Creully

Voici une légende peu connue.
Le moine et le seigneur de creully
Sur les bords de la Seulles, petite rivière aux eaux vives que sillonne l'éclair argenté de la truite,s'élèvent les restes encore impo­sants du château féodal de Creully.
Des arbustes, des ronces, des mûres sauva­ges montent paisiblement à l'assaut du rocher, qui porte les vieux remparts. Deux tours dominent cet important massif.
L'une, carrée et sortant du mur d'enceinte comme un énorme contrefort, se termine par une pièce en encorbellement avec mâchicou­lis; l'autre, octogone, et couronnée d'une plate-forme, devait probablement être affectée au service de l'homme d'armes chargé de sur­veiller les environs.
A peu de distance, se dresse une colonne, mince aiguille dont la hauteur ne peut s'ex­pliquer que par son ancienne destination. Au premier abord, on la prendrait pour une tou­relle; mais ce n'est qu'une ancienne cheminée, accolée autrefois à un toit, aujourd'hui sup­primé avec l'étage, qui existait à sa base.
Ce n'est pas malheureusement la seule mutilation que le temps, ou la main de l'homme, ont fait subir à l'ancienne forteresse. De la porte, surmontée d'une haute tour carrée à créneaux, il ne reste plus que quelques moulures de l’époque romane. Plus de traces de herses ni de pont-levis. Les souterrains, très étendus autrefois, ont disparu sous des éboulements successifs. A l’intérieur, le passé architectural le plus lointain n’est représenté que par deux vastes salles voûtées à plein cintre, avec arcades, dont les retombées reposent sur des chapiteaux et des colonnes du XIe siècle.
La vieille demeure féodale, redoutablement fortifiée, surtout pour la guerre offensive, n'a pas su résister aux assauts pacifiques du confortable moderne. Sa physionomie terrible s'est modifiée; on n'en voit plus que le côté pacifique souriant où des enfants jouent sur les dalles où retentissait le pas des hommes d’armes.
Le château, devenu inoffensif, n'en a pas moins laissé dans l'âme du paysan un senti­ment d'effroi, qui se répercute, à travers les générations, comme un inoubliable écho des crimes du temps passé.
Certains barons de Creully avaient en effet commis tant d'atrocités qu’il serait plus facile d'effacer, sur les murs de l’antique forteresse, les sombres empreintes du temps, que de faire disparaître de la mémoire du peuple le souve­nir de leurs forfaits. En vain de pacifiques barons ont-ils séjourné entre ces épaisses murailles; en vain, jaloux d'imiter leur pré­décesseur Antoine de Sillans Ier, qui eut quinze enfants de son mariage avec Jeanne Hébert d'Aussonvilliers, se soucièrent-ils de produire plus que de détruire. Les vertus de ces sei­gneurs débonnaires sont oubliées aujourd'hui, et les scènes de meurtre qui souillèrent le château féodal, les crimes des barons de Creully, la terreur qu'ils inspirèrent, sont encore l'unique fond des récits populaires.
Après avoir montré de loin à ses compagnons de travail la tour du donjon, le culti­vateur leur raconte quelquefois des histoires qui l'ont frémir.
Il leur apprend qu'autrefois les barons se faisaient un jeu, en revenant de la chasse, d'abattre les couvreurs à coups d'arquebuse ; il leur raconte comment ils assommaient les sergents, comment ils ferraient leurs chevaux à l'envers pour échapper aux poursuites des agents du roi, comment ils pillaient et bat­taient leurs vassaux, comment ils enlevaient les filles et les femmes pour jeter ensuite leurs cadavres dans les oubliettes.
Terrorisés par la vue du donjon, d'où les maraudeurs, bardés de fer, s'abattaient sur la plaine comme une bande de vautours, les pauvres diables se vengeaient de leurs tyrans en disant d'eux le plus de mal possible dans des récits grossis souvent par la peur, mais où il y avait toujours un fonds de vérité. Car les seigneurs du lieu ne se contentaient pas de lever des impôts énormes sur leurs vassaux. A ces natures incultes, violentes, cruelles par instinct, il fallait un argent qui sentit, le butin et le haut goût du pillage, si excitant pour ces appétits de chasseurs d'hommes.
Or, on raconte qu'un jour, un de ses méchants barons revint, quasi bredouille d'une ces expéditions, ordinairement fructueuse. Il ne ramenait qu'un moine, un pauvre moine qui n'était pas mendiant, ou qui n'avait pas eu l'éloquence productive.
Toujours est-il que détroussé, bien fouillé, le saint homme ne laissa aux mains du sei­gneur que son chapelet de cuivre et sa bourse vide.
Grande colère d’abord. Car le sieur de Creully n’entendait pas avoir perdu son temps à chasser à courre inutilement. Sa férocité naturelle lui suggéra le dessin bien simple de se venger en faisant précipiter ce gibier décevant dans les oubliettes. Mais il était depuis longtemps blasé sur cette sorte de plaisir. Et, après réflexion, il trouva préférable de s’amuser du moine comme les chats, bien repus, jouent avec les souris, avant de lui donner le suprême coup de griffe.
L’idée devait être bien bouffonne, puisque l’excellent châtelain en rit tout seul, avec des éclats qui réveillèrent les échos endormis aux voûtes de la grande salle d’armes. Précédant lui-même les archers, qui maintenaient le prisonnier, il le conduisit dans un souterrain au bout duquel il ouvrit la porte d’un cachot.
Il expliqua alors au fugitif que pour le punir de lui avoir fait faire, sans compensation, une longue chevauchée, il le condamnait à passer là cinq jours et cinq nuits, n’ayant d’autre nourriture que des prières et sa résignation.
Et comme le malheureux demandait grâce :
- De quoi te plains tu ? fit ironiquement le sieur de Creully, je te permets de dévorer tes larmes.
Cinq jours après la fermeture du cachot, le baron réunissait quelques bons châtelains de sa trempe autour d’une table, copieusement chargée de pâtés, de chapons à haute graisse, avec des jambons de sangliers accompagnés de potages.
Au troisième service où parurent les rôtis, faisans, perdrix, hérons, outardes et bécasses, et le gros gibier, tels que lièvres, chevreaux sauvages et chevreuils, il s’était déjà vidé tant de bouteilles de vin de Bourgogne, ou de champagne rouge, que les honnêtes convives du sire de Creully commençaient déjà, par folle gaîté, à se jeter à la tête, en forme de bataille, des croûtes de pain et des os, que la civilité du jour enjoignait pourtant de «mettre dans un panier pour ou de pousser sous la table auprès de soy... toutes fois sans blesser personne.»
Mais les aimables collègues du baron avaient complètement oublié ce conseil, naïf pour nous, prudent pour l'époque, puisque plus d'un nez, endommagé dans le combat, com­mençait à rougir autrement que sous l'action du vin ou de l’eau-d'or, comme on appelait l'alcool destiné alors à faire, comme aujour­d'hui, ce que nos grands mangeurs bas-nor­mands appellent un trou entre chaque service.
Ce fut le moment que choisit le sire de Creully pour offrir à ses hôtes le spectacle original qu'il leur avait préparé. Il n'eut qu'un geste à faire et des valets, instruits à l'avance par le maître, allèrent chercher le moine au fond du souterrain.
Le pauvre religieux, affaibli par le jeûne, ébloui par le brusque passage de son cachot à une salle brillamment éclairée, se soutenait à peine. Dès son entrée, il faillit, être renversé par un groupe de chiens qui se disputaient un des os, encore richement recouvert de viande, que jetaient sur les dalles des convives déjà repus.
Furieux d'être interrompus dans leur repas, les molosses montrèrent les dents à l'importun qui osait les troubler. Mais, comme s'ils eussent dédaigné la maigreur de celui qui s’offrait vivant à leurs crocs, ils détournèrent aussitôt la tête pour s’attaquer à leur premier morceau.
Ce fut du moins ce que durent comprendre les compagnons de plaisir du baron, qui échangèrent entre eux des plaisanteries de haut goût, improvisant ainsi, sans s'en douter, une sorte de prologue à la comédie que leur amphitryon avait imaginée pour les égayer.
Mis en verve par ce début inattendu, le sire de Creully se fit amener le moine en face de lui, tout près de la table abondamment garnie de plats, qui réjouissaient les yeux et chatouillaient l'odorat.
- Tu vois bien toutes ces volailles et toute cette venaison? demanda-t-il au prisonnier avec un sourire illuminé de malice.
Hélas! Il ne les voyait que trop, le pauvre affamé. Ses yeux fixes d'halluciné, ses narines dilatées, sa bouche entr’ouverte, sa langue, passant brûlante sur ses lèvres arides, indi­quaient un appel de tout son être vers cette nourriture étalée.
- Tu sais, reprit le baron, après avoir allumé cruellement, chez le malheureux, des convoitises multipliées par le parfum affriolant des mets, tu sais que je pourrais te faire écorcher tout de suite ou précipiter du haut du donjon, après m'être amusé à parier que tu tomberais pile ou face. Tu n'ignores pas non plus que j'aurais pu te laisser mourir d'inanition dans ton cachot... Mais je suis bon prince, et j'ai eu la charitable pensée de t'inviter à notre repas... . Car je suppose que tu dois avoir faim ?
- Dieu ! Si j'ai faim !
Gémit le pauvre moine, croisant les mains sur son estomac vide.
- Et bien ! Fais ton choix, continua le baron en montrant tous les plats qui garnissaient la table... Ou plutôt, non, ne choisis pas. Per­drix, bécasses, oies sauvages, lièvres, che­vreuils, tout est à ta disposition. Je te permets d'aller de l'un à l'autre, taillant tel morceau qu'il le plaira.
Et le sieur de Creully, complaisamment, en bon seigneur qu'il se disait, présenta au reli­gieux, presque fou de joie, un long couteau bien affilé.
Poussé par une faim qui ne raisonnait pas, le prisonnier se jeta sur le premier rôti qui s'offrait à lui, prêt à le dépecer avec sa lame aiguë.
- Attention ! Cria le sir de Creully en or­donnant à un de ses valets de retenir ce con­vive trop pressé.
Le moine ainsi interrompu eut un cri dou­loureux :
- Ah ! Je vois bien, seigneur, que vous vouliez me tenter pour vous amuser à mes dépens.
- Non pas
, dit le baron, rien de plus sérieux. Je te jure ici que tu peux te régaler à ton aise. Mais je n'ai pas l’habitude de tromper les gens, et je te dois un avertissement. Taille et prends les morceaux qui te conviendront. Mange tant que tu voudras. Seulement, sache que nous prélèverons sur ta personne ce que tu auras pris à chacun de ces rôtis. En un mot, ce que tu leur feras, nous te le ferons à notre tour.
Des applaudissements enthousiastes saluèrent, la sentence du châtelain. Tous ces bons sires s'esbaudissaient de cette idée ingénieuse, neuve en tout cas pour des gens qui ne con­naissaient pas la légende de Shylock.
C'était, en vérité une cruauté bien originale d'amener le malheureux affamé dans cette atmosphère de victuailles, de le convier à ce repas d'ogres, de tenter sa chair en lui don­nant le frisson de la torture prochaine, d'as­sister à la satisfaction de son appétit mêlée aux affres du supplice en perspective.
Quelle aubaine que ce féroce intermède ! Et que le sire de Creully savait bien divertir ses hôtes ?
Cependant, malgré l'horreur de la torture entrevue, le moine succomba aux appels d'un désir qui le trouvait sans résistance. Un secret espoir lui était venu d'ailleurs, petite supercherie qu'il croyait se faire pardonner. Car on le vit, tout en passant timidement le tranchant de son couteau sons l'aile d'un cha­pon bien rebondi, interroger son tyran d'un regard anxieux, où il y avait une double expression de prière et de malice.
Sa requête mimée fut sans doute comprise du sire de Creully qui, pour être cruel et ignorant, n'en était pas moins doué d'un cer­tain esprit naturel.
- Pas de tricheries, moinillon ! s'écria en effet le baron d'une voix tonitruante. Ce qui est aile pour le chapon sera bras pour toi ! Je te le répète : ce que tu feras à cette bête, nous te le ferons à toi-même !
Le moine eut, tout d'abord un geste de dé­sespoir; puis, devant le rôti qui le tentait, il se recueillit en une méditation profonde. Les compagnons d'orgie du sire de Creully se le montraient en riant, heureux de son tourment, sûrs de sa défaite.
Au bout d'un instant, le religieux dressa sa tète amaigrie par un jeune prolongé. Mais, cette fois, rien ne trahissait au dehors, ni dans ses yeux, ni dans les lignes de ses mus­cles émaciés, le fond de sa pensée. Et, avec un sang-froid héroïque, il demanda s'il lui serait permis de prendre du pain pour accompagner ce qu'il mangerait du rôti.
Sur un signe de consentement du châtelain, il tailla plusieurs tranches de pain. Alors, s'approchant du plantureux chapon, tout ruisselant du beurre le plus renommé du Bessin, il exerça de sa main gauche, sur le ventre grassouillet de la bête, une douce pression, comme s'il se fût encore rappelé, dans cette aventure gastronomique, le chari­table précepte qui nous oblige à ne pas faire plus de mal aux autres que nous ne voudrions qu'on ne nous en fit à nous-mêmes.
Aussitôt, des entrailles du volatile, où l'art du cuisinier avait accumulé des trésors aro­matiques, s'échappa, tout un ruisseau de graisse, juteuse et frissonnante encore, que l'ingénieux inventeur recueillit, comme à. l'ex­trémité d'une gargouille, sur une des tranches de pain. Puis il dévora le morceau, avec l'avi­dité d'un homme qui a été condamné pendant plusieurs jours à un jeûne forcé.
L’imprévu de l'expédient avait causé une telle stupéfaction dans l'assistance, que le moine eut le temps de renouveler plusieurs fois l'opération.
Mais des murmures commencèrent à s'éle­ver autour de la table, suivis de protestations
qu'accompagnaient des gestes irrités.
- Pourquoi vous fâcher, messeigneurs ? dit le moine en jouant l'étonnement. Je n'ai pas oublié notre marché.
Et, saisissant sa tranche de pain encore intacte, qu'il présenta à ses persécuteurs, avec un regard que traversait un éclair ma­licieux :
- Point n'est besoin de couteau comme vous le pensiez, ajouta-t-il, puisque voilà mon arme. Prenez-la et, suivant nos conventions, usez-en, avec moi comme j'en ai usé avec ce rôti.
La grossièreté de la plaisanterie en fit peut-être pardonner l'insolence; car, si Rabelais n'existait pas encore, l'esprit rabelaisien était déjà né avec la première âme de Gaulois.
- Le drôle n'est ni bête, ni poltron ! dit le sieur de Creully en riant à se tordre.
Calmant la mauvaise humeur de certains convives, qui ne paraissaient pas disposés à digérer une offense, même collective il les obligea, dit-on, à se serrer un peu pour faire une place au moine. Celui-ci put tailler, cette fois, sans condition de redevance d'aucune sorte, tous les morceaux qui le tentaient sur la table seigneuriale.
Et, avec, cette légende pour rire, sorte de page blanche dans les traditions sanglantes du vieux château, l'imagination populaire semble avoir voulu prouver que l’esprit peut quelquefois désarmer la force, quand celle-ci, par hasard, a le vin gai.

D'après la légende écrite par Gaston Lavalley (1904), né le 29 novembre 1834 à Vouilly et mort e 1922, écrivain et historien français.