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J'ai retrouvé un des tableaux stockés à Saint Gabriel-Brécy (Creully sur Seulles) pendant la dernière guerre.
Pendant la dernière guerre, la chapelle du prieuré de Saint Gabriel-Brécy a été, comme l'abbaye de Juaye-Mondaye, un lieu de sauvegarde des précieux documents et tableaux du musée des Beaux-Arts de Caen.
Lors de mes recherches aux Archives départementales du département j'ai trouvé des documents sur cet événement.Je vous présente un des tableaux qui fut sauvegardé à Saint Gabriel-Brécy : la Vierge et l'enfant de Roger de la Pasture.
Rogier Van der Weyden (Roger de la Pasture) (1399 ou 1400-1464) était un peintre flamand. En 1432, il devint maître de la guilde de Tournai et, en 1435, il fut nommé peintre de la ville de Bruxelles. Il devint alors rapidement célèbre et reçut d'importantes commandes, notamment du chancelier N. Rolin.
1844 - Le plan du cimetière de Saint Gabriel (Creully sur Seulles)
Creully sur Seulles - L'homme de Creully et le cercle des fées
— « A demain Albert »
— « Ch'a va êtes dû, mais enfin j'tachrai »
Ainsi, Albert Desplanches quittait une grande ferme de Martragny où il avait été invité par son patron aux noces de Berthe, la fille aînée de ce dernier. Invité sans sa femme restée dans sa petite maison de Creully où les tâches de mère de famille la retenaient, les six enfants de bas âge l'empêchaient de se divertir, comme son mari qui, il est vrai, trouvait cette solution assez satisfaisante.
Desplanches, âgé de trente cinq ans, paraît-il, s'amusait avec les filles de la région. Racontars affirmait Albert. Marthe, sa femme, n'avait certainement pas eu échos de ces dires, car, la présence de son mari au mariage de la fille de son patron, aurait été compromise. Berthe avait deux sœurs bien jolies.
La noce était terminée, la nuit était tombée depuis « belles lurettes » en ce dimanche soir de septembre. Elle avait duré deux belles journées.
Le chemin allant de Martragny à Creully, éclairé par un splendide clair de lune, était rassurant. Albert pensait aux deux jeunes qui s'étaient fait attaquer par quatre brigands à la hauteur du pigeonnier la semaine passée.
Les « soifs » de la journée bien rassasiées ne ravageaient pas l'esprit de Desplanches. Il avait du coffre, cet homme de Creully où sa femme sombrait dans le sommeil. Parfois, les pleurs d'un des gamins, ils avaient six garçons, réveillaient Marthe qui, à chaque fois, constatait l'absence de son mari ou plutôt son retard.
A mi-chemin, entre Rucqueville et Brécy, un bouquet d'arbres cachait une lueur assez dense, à peine visible de la route.
Lorsqu'Albert la vit, il s'arrêta net.
— « Qui a-t-il derrière ces chênes ? ». En se posant cette question, Desplanches crut entendre une musique légère, très peu perceptible.
— « C'est sûrement l'effet du bon verre de Calvados que j'ai avalé avant de partir de Martragny », pensa Albert avant de reprendre le chemin.
La lueur se faisait de plus en plus dense, plus lumineuse. Notre homme de Creully s'arrêta de nouveau. Un peu effrayé, mais, d'un esprit courageux, Desplanches décida .d'aller voir. Il contourna la futaie en essayant d'être le plus discret possible.
A ses yeux apparut un spectacle très joli ; un spectacle d'une grande splendeur. Des femmes vêtues de blanc dansaient en rond au clair de lune au son d'instruments mélodieux.
Poussé par la curiosité, Desplanches s'approcha encore plus, de trop, car, il était à découvert quand une des belles dames en blanc le vit...
La musique ne se fit plus entendre, toutes les femmes, six, sept ou plus, on ne le saura jamais, se retournèrent. Albert sentait ces regards de fées pesant sur lui ; une force bizarre-le poussait vers le groupe.
Les instruments mélodieux reprirent de plus belle, la ronde se reforma et les fées sautaient, dansaient.
Quant à Albert, il était lancé, porté dans les airs, très haut, très haut, à une distance considérable. Il devint le pantin de ces fées.
— « Malheur au curieux profane qui s'approcherait », cria une des femmes.
Ce sont les seules paroles que Desplanches entendit avant de se retrouver sur le chemin qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt.
Il était accablé de fatigue et de meurtrissures. Ainsi, le pauvre Albert reprit la route de Creully. Une femme impatiente l'attendait ; une femme furieuse, car, les cinq heures du matin avaient sonné.
Arrivé devant sa demeure, prêt à mettre la clé dans la serrure de la porte, quand, tout a coup, celle-ci s'ouvrit. Marthe apparut un balai à la main.
Non, elle ne faisait pas son ménage, mais, elle attendait son mari.
— « D'où viens-tu ivrogne » ?
— « Non, ce sont des femmes »
— « Quoi des femmes... »
— « Non des fées entre Rucquev... »
— « Et puis quoi encore »
— « Non, je te jure, ce sont des fées qui m'ont attaqué près des chênes »
— « Sale mari, tu as passé de bons moments avec une femme pendant que moi, je... »
— « Mais non Marthe, crois moi ».
Marthe ne voulut pas en savoir plus et des meurtrissures s'ajoutèrent, mais, celles-là étaient dues au balai que Marthe tenait.
Et pourtant à quelques kilomètres de là, derrière un bouquet d'arbres, on pouvait voir une grande trace circulaire où l'herbe y est comme brûlée. On appelait cela dans la région, « le cercle des fées ».
Brécy - Creully sur Seulles - Une photo de 1900 inédite.
La découverte de cette magnifique photo me donne l'occasion de vous présenter ci-dessous un article paru dans le journal "La Fronde" en janvier 1903.
Lien avec un autre article sur le même thème
Creully sur Seulles - Le gisant de la chapelle du prieuré de Saint Gabriel Brécy.
Un jour dans la chapelle du magnifique prieuré de Saint Gabriel-Brécy on décida de coucher la femme du cœur.
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Allemands arrêtés à Saint Gabriel-Brécy (Creully sur Seulles)
Un internaute m'a demandé si des soldats allemands avaient été faits prisonniers à Saint Gabriel-Brécy. J'ai retrouvé une photo où des prisonniers allemands sont fouillés par les troupes britanniques près de Saint-Gabriel, le 7 juin 1944.
Sébastien me précise: "Sur la photo, le soldat de droite, il me semble que c'est un soldat d'origine Polonaise, on voit sur ça caquette le symbole de l'aigle Polonais"
Sébastien me précise: "Sur la photo, le soldat de droite, il me semble que c'est un soldat d'origine Polonaise, on voit sur ça caquette le symbole de l'aigle Polonais"
La porte monumentale du château de Brécy (Creully sur Seulles)
Le château de Brécy a été bâti au XVIe, par Jacques Lebas, seigneur de Cambes, doyen des aides au Présidial de Caen, sur les dessins de François Mansard. qui a édifié dans le pays le château de Balleroy de 1026 à 1636.
Je vous présente deux photos de la porte monumentale à fronton circulaire, accostée de portes latérales et d'une assez longue façade que décorent des pilastres d’un excellent dessin. Recherches architecturales au prieuré de Saint Gabriel Brécy (Creully sur Seulles)
Dernièrement, lors de travaux de canalisations, des archéologues du Département ont mis à jour deux piliers. Ces éléments d’architecture vont aider à établir les dimensions du transept de l’ancienne abbatiale.
En 1889, Ruprich Robert, architecte et inspecteur des monuments historiques, présenta des travaux importantsl sur l'architecture normande aux XIe et XIIe siècles en Normandie et en Angleterre dans des ouvrages où nous découvrons des détails sur l'édifice religieux du prieuré de Saint-Gabriel.
En 1889, Ruprich Robert, architecte et inspecteur des monuments historiques, présenta des travaux importantsl sur l'architecture normande aux XIe et XIIe siècles en Normandie et en Angleterre dans des ouvrages où nous découvrons des détails sur l'édifice religieux du prieuré de Saint-Gabriel.
39 - 45 - La vie à Saint Gabriel-Brécy (Creully sur Seulles) pendant la guerre.
Voici un article rédigé pour la presse canadienne par Maurice Desjardins, correspondant des journaux de langue française.
Ils ont hâte de respirer l'air pur, d’échapper enfin à l’odieuse occupation qui empoisonne leur existence depuis quatre ans
Pour les deux cents habitants de Saint-Gabriel, cette attente est terminée. La libération de ce hameau du département de Calvados est en effet un fait accompli et les braves paysans, qui habitent ses maisons anciennes, ont repris goût à la vie.
Situé dans la plaine de Caen, entre Creully et Bayeux, le village de Saint-Gabriel est le prototype du village français. Sa population vit d’élevage et cultive le blé et autres céréales. Elle est aussi fière de son cidre et de son camembert.
Le curé, M. I ’abbé Frayard qui dessert aussi deux autres petites paroisses, est un mutilé de la grande guerre. Le maire M. Delacour est le châtelain, mais il habite Paris où il est conseiller à la Cour des comptes.
M. Noël, le percepteur des impôts habite Saint-Gabriel depuis dix ans. C'est d'après ses propos fidèlement recueillis au cours d’une entrevue, que sera reconstituée ci-après la phase douloureuse de l'occupation boche.
"Nous avons vu en Juin 1940 arriver les réfugiés de Paris ; des gens qui avaient été mitraillés et qui transportaient des matelas sur des voitures. Puis, ce furent les réfugiés du Nord et de la Seine Inférieure. Lorsque les allemands franchirent la Seine, nos gens partirent n’importe où vers l'ouest ou vers le sud. C'était une véritable panique, ils partaient avec des brouettes, des voiturettes d'enfants ou tout ce qui pouvait leur tomber sous la main. On ne se battit pas à Saint-Gabriel.
Le 17 juin nous avons vu passer les derniers anglais qui étaient dans des camions et se dirigeaient vers Cherbourg. En passant, ils nous disaient au revoir.
"Trois jours plus tard les premiers allemands arrivaient dans de petits chars blindés. Tout le monde restait à la maison, car les allemands avaient déjà une réputation de bandits.
"L'armistice nous soulagea quelque peu mais l’avenir n'était pas rose, car nous savions que les boches occuperaient tout le pays et nous croyions I ’Angleterre finie également.
"Au début de Juillet, ils sont venus réquisitionner la minoterie de M. Roussel pour la kommandantur, une succursale de la kommandantur principale, qui était située à Creully. A deux kilomètres de Saint-Gabriel. Les Allemands étaient furieux lorsqu’ils s'apercevaient que les maisons qu’ils réquisitionnaient étaient vides. Ils disaient que nons avions eu peur et pour se venger, ils pillaient tout et expédiaient nos meubles et nos vêtements en Allemagne.
"Quoiqu'ils eussent à cœur de paraître corrects, les jeunes Hitlériens étaient une terreur pour nous et tous scandalisaient nos bonnes gens car ils pratiquaient le nudisme intégral.
"Le personnel de la Kommandantur était souvent changé, sans doute pour éviter qu’il ne se crée des amitiés trop fortes dans le village. Une des premières proclamations fut d’interdire sous peine de mort d'écouter la radio anglaise mais personne ne se gêna pour écouter les émissions de la B. B. C.
"Nous avions le droit de voyager, mais comme nous étions en zone interdite, les français des provinces d’intérieur n'avaient pas le droit de nous visiter. Le secrétaire du maire fabriquait de fausses cartes d'identité que nous envoyions par courrier à nos amis de Paris pour leur permettre de venir nous voir.
"Seuls les véhicules servant au ravitaillement ou aux services médicaux pouvaient obtenir de l’essence qui était distribuée au compte-goutte, mais on se débrouillait car de gros stocks d'essence avaient été dissimulés et puis on en chipait dans les garages des boches.
"Il fallait décliner à des commissions la quantité de blé, de pommes de terre et de foin que nous avions en culture mais nos cultivateurs faisaient leur propre pain et le meunier fabriquait clandestinement une quantité de farine pour la consommation exclusive des français. Le cidre ne manquait pas et nous en avons toujours bu du cidre car il faut une occasion extraordinaire pour que nous buvions du vin.
"Pour les fins de leur propagande, les allemands avaient recours à des ruses diaboliques. Un jour Ils nous, réunirent et demandèrent à ceux qui voulaient des pommes de terre de lever la main droite. Tout le monde leva la main naturellement et alors un photographe nazi prit un instantané du geste et la photographie fut montrée en Allemagne pour prouver que les paysans normands avaient pris l'habitude du salut nazi.
"Au cinéma où passaient des films allemands doublés en français, il était interdit de manifester mais lorsqu'apparaissait la binette d'Hitler, tout le monde se mouchait avec bruit ce qui rendait les allemands furieux, mais que pouvaient-ils faire.
"Ce qui nous manquait surtout c'étaient des chaussures, des textiles, des articles de toilette et des conserves.
"Les Allemands faisaient mine d'acheter à bon prix ce dont ils avaient besoin mais ce n'était qu'une autre méthode de pillage car Ils payaient avec de la monnaie sans valeur. Les allemands avaient de très maigres rations et comme leurs supérieurs ne leur défendaient pas de faire appel aux ressources du pays Ils allaient réquisitionner des centaines de litres de lait et si le fermier refusait, ils allaient traire les vaches eux-mêmes. Dans les hôtels, ils louaient les meilleures chambres et c'était la France qui payait tout. Une voiture allemande ayant écrasé un gosse, les frais d'inhumation devinrent des frais d’occupation.
"Les personnes trouvées sur la rue après le couvre-feu de onze heures étaient envoyées au poste de police où les hommes ciraient les bottes des soldats tandis que les femmes raccommodaient les chemises.
"L'an dernier un avion allié fut abattu près de Bayeux. Ses occupants, tués sur le coup, furent enterrés non loin de là. Les habitants des alentours voulurent assister aux funérailles, mais les allemands arrêtèrent tous ceux qui se trouvaient là et obligèrent par la suite, les hommes à planter des pieux dans les environs en guise d'obstacles contre d'autres atterrissages possibles de l’aviation des Nations Unies."
M. Noël me dit aussi que dans la région on ne s'attendait pas du tout à ce que les Alliés fissent leurs premiers débarquements sur la côte normande en raison des rochers sous-marins de la côte du Calvados.
Le six juin, jour de l'invasion, il me conte, vers les quatre heures du matin, il contempla de sa fenêtre les bombardements aériens qui précédèrent les débarquements alliés. Les trois premiers soldats britanniques entrèrent à Saint-Gabriel à six heures du soir, le même jour.
Au cours de l'après-midi, toujours d'après M. Noël, les soldats allemands s'occupèrent fébrilement à préparer leur retraite.
En terminant, M Noël se fit l'écho de ses concitoyens en me disant combien ils étaient tous heureux que les Alliés fussent en France, et, aussi que par miracle ou presque, leur village eut été à peu près épargné par les bombardements alliés.
Avec les troupes
canadiennes en France le 27 juin 1944.
Il y a en France des
milliers de petits villages qui attendent en frémissant leur libération.Ils ont hâte de respirer l'air pur, d’échapper enfin à l’odieuse occupation qui empoisonne leur existence depuis quatre ans
Pour les deux cents habitants de Saint-Gabriel, cette attente est terminée. La libération de ce hameau du département de Calvados est en effet un fait accompli et les braves paysans, qui habitent ses maisons anciennes, ont repris goût à la vie.
Situé dans la plaine de Caen, entre Creully et Bayeux, le village de Saint-Gabriel est le prototype du village français. Sa population vit d’élevage et cultive le blé et autres céréales. Elle est aussi fière de son cidre et de son camembert.
Le curé, M. I ’abbé Frayard qui dessert aussi deux autres petites paroisses, est un mutilé de la grande guerre. Le maire M. Delacour est le châtelain, mais il habite Paris où il est conseiller à la Cour des comptes.
M. Noël, le percepteur des impôts habite Saint-Gabriel depuis dix ans. C'est d'après ses propos fidèlement recueillis au cours d’une entrevue, que sera reconstituée ci-après la phase douloureuse de l'occupation boche.
"Nous avons vu en Juin 1940 arriver les réfugiés de Paris ; des gens qui avaient été mitraillés et qui transportaient des matelas sur des voitures. Puis, ce furent les réfugiés du Nord et de la Seine Inférieure. Lorsque les allemands franchirent la Seine, nos gens partirent n’importe où vers l'ouest ou vers le sud. C'était une véritable panique, ils partaient avec des brouettes, des voiturettes d'enfants ou tout ce qui pouvait leur tomber sous la main. On ne se battit pas à Saint-Gabriel.
Le 17 juin nous avons vu passer les derniers anglais qui étaient dans des camions et se dirigeaient vers Cherbourg. En passant, ils nous disaient au revoir.
"Trois jours plus tard les premiers allemands arrivaient dans de petits chars blindés. Tout le monde restait à la maison, car les allemands avaient déjà une réputation de bandits.
"L'armistice nous soulagea quelque peu mais l’avenir n'était pas rose, car nous savions que les boches occuperaient tout le pays et nous croyions I ’Angleterre finie également.
"Au début de Juillet, ils sont venus réquisitionner la minoterie de M. Roussel pour la kommandantur, une succursale de la kommandantur principale, qui était située à Creully. A deux kilomètres de Saint-Gabriel. Les Allemands étaient furieux lorsqu’ils s'apercevaient que les maisons qu’ils réquisitionnaient étaient vides. Ils disaient que nons avions eu peur et pour se venger, ils pillaient tout et expédiaient nos meubles et nos vêtements en Allemagne.
"Quoiqu'ils eussent à cœur de paraître corrects, les jeunes Hitlériens étaient une terreur pour nous et tous scandalisaient nos bonnes gens car ils pratiquaient le nudisme intégral.
"Le personnel de la Kommandantur était souvent changé, sans doute pour éviter qu’il ne se crée des amitiés trop fortes dans le village. Une des premières proclamations fut d’interdire sous peine de mort d'écouter la radio anglaise mais personne ne se gêna pour écouter les émissions de la B. B. C.
"Nous avions le droit de voyager, mais comme nous étions en zone interdite, les français des provinces d’intérieur n'avaient pas le droit de nous visiter. Le secrétaire du maire fabriquait de fausses cartes d'identité que nous envoyions par courrier à nos amis de Paris pour leur permettre de venir nous voir.
"Seuls les véhicules servant au ravitaillement ou aux services médicaux pouvaient obtenir de l’essence qui était distribuée au compte-goutte, mais on se débrouillait car de gros stocks d'essence avaient été dissimulés et puis on en chipait dans les garages des boches.
"Il fallait décliner à des commissions la quantité de blé, de pommes de terre et de foin que nous avions en culture mais nos cultivateurs faisaient leur propre pain et le meunier fabriquait clandestinement une quantité de farine pour la consommation exclusive des français. Le cidre ne manquait pas et nous en avons toujours bu du cidre car il faut une occasion extraordinaire pour que nous buvions du vin.
"Pour les fins de leur propagande, les allemands avaient recours à des ruses diaboliques. Un jour Ils nous, réunirent et demandèrent à ceux qui voulaient des pommes de terre de lever la main droite. Tout le monde leva la main naturellement et alors un photographe nazi prit un instantané du geste et la photographie fut montrée en Allemagne pour prouver que les paysans normands avaient pris l'habitude du salut nazi.
"Au cinéma où passaient des films allemands doublés en français, il était interdit de manifester mais lorsqu'apparaissait la binette d'Hitler, tout le monde se mouchait avec bruit ce qui rendait les allemands furieux, mais que pouvaient-ils faire.
"Ce qui nous manquait surtout c'étaient des chaussures, des textiles, des articles de toilette et des conserves.
"Les Allemands faisaient mine d'acheter à bon prix ce dont ils avaient besoin mais ce n'était qu'une autre méthode de pillage car Ils payaient avec de la monnaie sans valeur. Les allemands avaient de très maigres rations et comme leurs supérieurs ne leur défendaient pas de faire appel aux ressources du pays Ils allaient réquisitionner des centaines de litres de lait et si le fermier refusait, ils allaient traire les vaches eux-mêmes. Dans les hôtels, ils louaient les meilleures chambres et c'était la France qui payait tout. Une voiture allemande ayant écrasé un gosse, les frais d'inhumation devinrent des frais d’occupation.
"Les personnes trouvées sur la rue après le couvre-feu de onze heures étaient envoyées au poste de police où les hommes ciraient les bottes des soldats tandis que les femmes raccommodaient les chemises.
"L'an dernier un avion allié fut abattu près de Bayeux. Ses occupants, tués sur le coup, furent enterrés non loin de là. Les habitants des alentours voulurent assister aux funérailles, mais les allemands arrêtèrent tous ceux qui se trouvaient là et obligèrent par la suite, les hommes à planter des pieux dans les environs en guise d'obstacles contre d'autres atterrissages possibles de l’aviation des Nations Unies."
M. Noël me dit aussi que dans la région on ne s'attendait pas du tout à ce que les Alliés fissent leurs premiers débarquements sur la côte normande en raison des rochers sous-marins de la côte du Calvados.
Le six juin, jour de l'invasion, il me conte, vers les quatre heures du matin, il contempla de sa fenêtre les bombardements aériens qui précédèrent les débarquements alliés. Les trois premiers soldats britanniques entrèrent à Saint-Gabriel à six heures du soir, le même jour.
Au cours de l'après-midi, toujours d'après M. Noël, les soldats allemands s'occupèrent fébrilement à préparer leur retraite.
En terminant, M Noël se fit l'écho de ses concitoyens en me disant combien ils étaient tous heureux que les Alliés fussent en France, et, aussi que par miracle ou presque, leur village eut été à peu près épargné par les bombardements alliés.
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