Je me souviens avoir été au cinéma avec mes parents dans cette salle.
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Vers 1930 |
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L'état actuel. |
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Pierre Bansard serait à droite sur cette photo. |
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Son acte de naissance à Saint Gabriel. |
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Une partie du carré des missionnaires dans le cimetière de Tranquebar. |
Au mois de juillet 1910, on parlait d’établir un
tramway à vapeur devant relier Caen à Sommervieu en passant par Cairon, le
Fresne-Camilly, Creully, Villiers le Sec, le Manoir, Vienne, Esquay sur Seulles et
rejoindre à Sommervieu la ligne allant à Baveux. Les plans étaient prêts, le
devis fait, les communes avaient voté des subventions, il ne restait plus qu'à
trouver un concessionnaire qui veuille bien se charger de l’entreprise.
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Si le train était passé à Creully dans la rue de Caen... |
Le journal « Le Petit Bayeusain » précisait :
En effet, l'établissement d'une ligne de tramway à vapeur nécessite des trois considérables : d'abord un remblai, des traverses, un nivellement de certaines côtes, la rectification de la route là où elle présente des tournants trop accentués. De plus les machines à vapeur coûtent un prix élevé et la dépense de charbon est grande. On comprend que dans ces conditions un industriel hésite à se charger de l'entreprise, vu qu'il n'est pas sûr de couvrir ses frais étant donné le peu de densité de la population du territoire desservi. En fait, personne ne s'est proposé. »
Ce projet semblait ne pas devoir être mis à
exécution, lorsque M. Heuzey, conseiller général du canton de Ryes, convaincu
de l'utilité de la ligne en question, a étudié l'affaire sur une tout autre
base.
M. Heuzey est arrivé à cette conclusion que là
où un tramway à vapeur n'est pas pratique, vu le coût élevé de son installation
et de son entretien, un tramway électrique peut fonctionner dans des
conditions suffisamment rémunératrices pour faire vivre l'entreprise.
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La gare de Sommervieu, comme celle de Ryes existe toujours. |
L'installation d'un tramway électrique, tel que ceux qui relient déjà certaines villes à leurs faubourgs, est en effet relativement peu coûteuse. D'abord, les rails sont posés sur la route même, par conséquent on économise la construction d’un remblai et la pose des traverses. Le tramway électrique peut gravir toutes les côtes, évoluer dans les tournants sans qu'il soit besoin de les modifier comme cela est nécessaire pour le tramway à vapeur. De plus pas besoin de machines coûteuses, chaque voiture étant actionnée directement par l'électricité amenée par le trolley ou fournie par les accumulateurs. Actuellement la production de l'énergie électrique nécessaire à un tramway de ce genre est beaucoup moins onéreuse que le charbon indispensable au tramway à vapeur.
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La chute du moulin de Creully. |
Dans ces conditions, M. Heuzey comptait
soumettre à l'approbation du Conseil général un projet parfaitement étudié établissant une
ligne de tramway électrique allant de Caen à Sommervieu.
Il précisait :
« Arrivé à Creully, ce tramway passerait
par le lieudit « La Tourelle » où il prendrait les voyageurs de Crépon, de là
il vient à Villiers, au Manoir, à Vienne, à Esquay, en suivant la route qui va
de Villiers à Baveux et correspondrait à Sommervieu avec le tramway à vapeur
qui se rend à Baveux. Les habitants de Bazenville pourraient s'en servir en
montant à Villiers.
N'oublions pas qu'un tramway électrique peut s'arrêter à n'importe quel point de sa route pour prendre des voyageurs, ce que ne peut pas faire un tramway à vapeur dont les arrêts n'ont lieu qu'à certains endroits déterminés. Nous n'insisterons pas sur futilité d'une telle ligne, tout le monde étant d'accord pour reconnaître les avantages qu'en retireraient les communes situées à sa proximité ».
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En 1904, un projet avait été étudié. |
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La gare St martin de Caen |
M. Heuzey, en se faisant le promoteur de ce
nouveau projet, en lui apportant l'appui de ses relations dans le monde
industriel, en s'offrant de le faire accepter par le Conseil général du
Calvados, aurait, par sa proposition, bien mérité du canton de Ryes qui lui
devra une prospérité qui lui fait malheureusement défaut en 1910 comme il le
soulignait.
Jeannette : Dites donc, mes filles, vous avez entendu parler de ce qui s’est
passé dimanche soir à Crépon ? Un fichu incendie, qu’y paraît !
Clémence : Oh que oui ! Huit heures à peine sonnaient que déjà la grange du
sieur Basley flambait comme une torche. Et lui, c’est pas n’importe qui, hein,
c’est le charpentier du village !
Margot : Basley ? Sa grange ? Misère… Et c’est tout ce foin pour le boulanger Lécoiant qu’a pris feu ensuite, non ?
Jeannette : Exactement ! Y paraît qu’y avait pas moins de cinq mille bourrées
là-dedans ! De quoi nourrir un four à pain pour un an. Le feu, lui, n’a pas
attendu. Ça s’est mis à crépiter et à lécher les murs en un rien de temps !
Clémence : Heureusement qu’y avait pas un souffle de vent ce soir-là. Autrement,
tout le village y passait ! Tu sais bien, la grange, elle est en plein cœur du
bourg…
Margot : Ah ça, j’te le fais pas dire ! Et les secours ? Ils sont arrivés à
temps ?
Jeannette : Oh oui ! Les gendarmes, les pompiers de Creully, et même les pompes
de Ver et de Graye sont venues. Ils ont lutté ferme jusqu’à trois heures du
matin pour maîtriser la bête.
Clémence : Et les élèves du séminaire de Villiers le Sec, t’en parles ? Ils sont
venus en courant, guidés par leurs supérieurs. Des vrais braves, je te jure !
Ils ont formé la chaîne pour amener l’eau, vu qu’elle était pas tout près.
Margot : Eh ben, on les a vus, oui. Avec leurs soutanes retroussées et les
seaux à bout de bras. Même M. le curé et M. le maire étaient là, à mouiller la
chemise !
Jeannette : Et M. Le Moutier, le notaire ! Toujours à encourager les gens,
celui-là. Tout le monde a mis la main à la pâte. Pas un pour se défiler.
Clémence : Au moins, une partie des pertes est assurée, qu’on dit. Mais bon, ça
console pas tout, hein.
Margot : On raconte que ce serait dû à une imprudence... Tu parles d’un
malheur ! Ce matin, les gens de la justice de Bayeux sont venus voir sur place
pour comprendre ce qui s’est vraiment passé.
Jeannette : Faut espérer qu’ils trouvent. Parce qu’un incendie pareil, ça laisse
pas que des cendres... ça laisse aussi des soupçons.
J'ai découvert cet article dans le journal "Le Soleil" du Québec. Une raison de faire une recherche sur ce religieux.
En 1876, à Reviers, naquit et fut baptisé Arsène Turquetil qui deviendra Monseigneur Turquetil.
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Reviers non loin de Creully. |
À sa naissance, sa famille comptait déjà deux garçons. En 1886, il perd une petite sœur, sa filleule. Quelques jours plus tard, sa mère, dentellière, décède à l'âge de 37 ans.
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L'acte de naissance d'Arsène |
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Recensement de Reviers de 1876 où Arsène Louis Eugène figure. |
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Soeur Bruno |
D'autres enfants seraient marqués à vie
par de tels événements, sombrant dans la mélancolie, développant de la jalousie
envers des camarades plus chanceux ou nourrissant une certaine révolte. Mais ce
n'est pas le cas pour Arsène. Il appartient à une autre trempe.
Déjà, on discerne en lui la foi, l'intelligence et la volonté du futur apôtre.
Sa foi : à 8 ans, il affirme à tous
qu'il ira convertir les infidèles. Une difficulté se présente cependant pour
ses études : il est issu d'une famille pauvre. Mais il a confiance et se met à
prier Notre-Dame de la Délivrande. Peu à peu, les obstacles s'aplanissent. À 9
ans, il entre au Petit Séminaire de Villiers-le-Sec.
Du point de vue intellectuel, c'est un
élève fort bien doué, bénéficiant notamment d'une mémoire remarquable. Plus
tard, son auxiliaire, Mgr Clabaud, déclarera : « Mémoire prodigieuse. » Cette
qualité lui sera très utile, entre autres, pour apprendre la langue des
Esquimaux, rédiger une grammaire et établir un lexique.
En attendant, il étudie les grammaires françaises, latine et probablement
grecque. Il travaille vite et bien, ce qui lui laisse du temps libre. Comment
l'occupe-t-il ? Espiègle, il aime jouer des tours à ses camarades et à ses
maîtres. Il serait même allé jusqu’à prévenir le préfet de discipline que, tel
jour à telle heure, il sortirait du dortoir. Une légende, peut-être. Mais comme
on dit : « On ne prête qu'aux riches. »
Cela dit, Arsène ne cède jamais à un
mauvais esprit. Quand il le faut, il sait être sérieux et attentif.
Sa volonté est à la hauteur de son intelligence : généreuse et tenace.
Vers la fin de sa première année au
séminaire, un missionnaire, évêque à Ceylan, rend visite aux élèves. Il leur
demande : « Voyons, qui viendra chez nous ? »
— « Moi ! » s'écrie Arsène Turquetil sans hésiter.
— « À la bonne heure, en voilà un ! » répond l'évêque.
Un peu plus tard, tandis que l’évêque
monte en voiture, le jeune Arsène lui demande : « Monseigneur, dois-je mettre
mon uniforme ? » Mais la voiture part sans lui. Cela pourrait sembler être un
enthousiasme enfantin sans conséquence, mais en réalité, sa volonté est déjà
solide.
En troisième, son directeur lui dit :
— « Vous voulez être missionnaire ?
— Oui, mon Père.
— C'est de l'imagination. Comment pourriez-vous devenir missionnaire, capable
de tout supporter, le martyre au besoin, alors que vous n'êtes même pas capable
de rester cinq minutes tranquilles ?
— Je vais essayer, mon Père. »
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L'abbé Turquetil |
Il entra au grand séminaire de Sommervieu, diriigé par les Messieurs de Saint-Sulpice. Il prit la soutane le 21 novembre 1893, un pas de plus vers le but suprême.
Mgr Clabaud, l'un des auxiliaires du
Père Turquetil, le décrit comme un véritable « homme de fer ». Une remarque qui
prend tout son poids lorsqu’elle vient d’un officier de la police canadienne
qui avait vu Mgr Turquetil en action lors d’un éprouvant voyage en traîneau.
Dans ses débuts avec les Esquimaux,
réputés redoutés des Indiens, le contact est difficile. Pourtant, il persévère.
Pendant plusieurs années, il explore le territoire et assure les
approvisionnements. Il apprend à connaître ces terres hostiles et leurs habitants
nomades.
Pour fonder sa première mission, il
choisit Chesterfield Inlet, une région pourvue de gibier mais dénuée d’arbres.
Tout le bois nécessaire à la construction
d’une maison doit être emporté par
bateau, ainsi que le charbon, les vivres et bien d'autres fournitures.
Pourtant, même le capitaine du bateau n’est pas sûr d’arriver jusqu’à
Chesterfield et avertit qu’il devra peut-être débarquer Mgr Turquetil ailleurs.
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Mission de Chesterfield |
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Le père Leblanc et le père Turquetil |
L’accueil est austère : un paysage
rocheux sans végétation, quelques tentes, une vingtaine d’habitants.
Conformément à une promesse faite à l'évêque de Bayeux 17 ans plus tôt, Mgr
Turquetil donne le nom de Notre-Dame-de-la-Délivrande à cette mission.
Dès septembre, l’urgence est de
construire un abri avant l’arrivée du grand froid. Aidés par les matériaux
apportés, les missionnaires bâtissent une maison que les Esquimaux appellent le
« grand iglou ». Bien qu’admiratifs de cette construction, ces derniers restent
méfiants, influencés par un sorcier local, Taleriktak, dont les cris et
ricanements marquent les longues nuits de chants païens.
L'année suivante, en juillet, les glaces
ne se rompent pas comme espéré : pas de bateau, pas de ravitaillement. La
pénurie impose une grande économie de charbon et de vivres. Malgré cela, le
Père partage son maigre pain avec les Esquimaux affamés.
Peu à peu, les Esquimaux se mettent à
admirer le courage et la générosité du Père, surtout lorsqu’il réussit à
chasser un caribou dans des conditions extrêmes. Toutefois, son « apostolat »
reste infructueux. Ses traductions de prières et ses sermons en langue locale
suscitent davantage de moqueries que d'adhésion.
En 1915, le bateau « Nascopie » apporte
des nouvelles alarmantes : deux missionnaires ont été tués par des Esquimaux,
et la Première Guerre mondiale fait rage en Europe. Peu après, le Père Leblanc,
épuisé et affecté par la mort de deux de ses frères au front, succombe à la
maladie en septembre 1916.
Le Supérieur enjoint alors au Père
Turquetil de fermer la mission s’il n'obtient aucun signe de conversion dans
l’année.
Mais en automne, un miracle se produit. Un Esquimau apporte deux paquets : l’un contient un livre sur sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et l’autre, de la terre prélevée près de son tombeau. Inspiré, le Père Turquetil prie la sainte pour obtenir une conversion.
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Le père Turquetil parmi les esquimaux |
Peu après, des Esquimaux viennent le
voir et disent : « Nous savions que tu disais la vérité, mais nos péchés nous
font peur. Pourrais-tu nous en délivrer ? »
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Mg Turquetil le jour de son sacre. |
En 1932, il devient évêque titulaire de
Ptolémaïs. Mgr Turquetil se retire en 1943, laissant une œuvre missionnaire
exemplaire.
Ses funérailles, présidées par Mgr
Amleto Cicognani, Délégué Apostolique, témoignent de l'immense respect dont
jouit cet « homme de fer ».
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Carte du vicariat de Mg Turquetil |
Le 11 novembre est un jour de mémoire et de recueillement, symbolisant la fin de l’un des conflits les plus destructeurs du XXe siècle. 426 hommes de Creully, Saint-Gabriel-Brécy et Villiers le Sec sont partis à la guerre de 14-18. Je vous propose, avec l'aide des Archives Départementales du Calvados, de découvrir leurs parcours militaires. Pour les 3 localités de Creully sur Seulles, leurs noms sont classés par ordre alphabétique; il vous suffit de "cliquer" sur un nom pour voir apparaître son parcours personnel.
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