1786 - Sainte-Croix-Grand-Tonne - LOUIS XVI et la future mère.

 

    Le 22 juin 1786, Louis XVI, vêtu de son habit royal, traversait la Normandie pour rejoindre Cherbourg. Sa mission était noble : inspecter les travaux de la digue, témoin de l’ambition du royaume. Mais ce voyage allait être bien plus qu’une simple visite technique.

    Sous un ciel légèrement voilé, Louis XVI avançait sur les chemins normands, le cœur léger mais attentif aux moindres détails de ce premier voyage. À Caen, il fit une brève halte, puis reprit la route jusqu’à Sainte-Croix-Grand-Tonne, où l’attendait une auberge chaleureuse, havre de répit pour le souverain et ses compagnons.

Le Roi arrive à l'auberge de Sainte-Croix-Grand-Tonne.

    Alors qu’il savourait un repas simple mais délicat, une jeune fille, les yeux embués de larmes, s’approcha timidement. D’une voix tremblante, elle lui confia son désespoir : un amour brisé par les exigences d’une dot insuffisante, un avenir assombri par une grossesse solitaire. Touché par la sincérité de son récit, le roi posa doucement sa main sur la sienne et, sans hésitation, lui fit remettre cinq cents livres. Une lumière nouvelle brilla dans les yeux de la jeune femme, et, en s’éloignant, elle murmura une bénédiction sincère.

    Louis XVI reprit son chemin, le vent jouant doucement avec les pans de son manteau. Après avoir traversé Bayeux, sur une route bordée de champs fleuris, une vieille femme attendait, son regard fixé sur le cortège. Alors que les gardes tentaient de l’éloigner, elle éleva la voix, son cri déchirant le calme du matin. Intrigué, le roi s’arrêta et lui fit signe d’approcher. Elle leva les yeux vers lui, une prière silencieuse dans le regard. Dans un geste empreint de bienveillance, Louis XVI lui offrit une embrassade sincère, rappelant l’affection naturelle d’Henri IV pour son peuple. Sans un mot de plus, il ordonna qu’on lui remette une aide financière, puis reprit son chemin sous le regard ému des témoins de cette scène.

    Les routes de France murmuraient désormais les récits de ces instants de générosité, gravant dans la mémoire des hommes l’image d’un roi proche de son peuple, dont chaque geste était empreint d’humanité.