Potin de lavandières - 1885 - Accident à Saint-Gabriel; la mort du chirurgien qui opéra le blessé.

 


A la mi-juillet 1885, deux lavandières tenaient la "bavette" comme on disait au lavoir de Creully sur le bief de la Seulles.

Marie : Tu as entendu parler de cet accident près de Saint-Gabriel vendredi dernier ?

Eugénie : Non, qu’est-ce qui s’est passé ?

Marie : Eh bien, vers midi, le cocher Émile Lombard rentrait au château de Monsieur Delacour, à Saint-Gabriel. Il conduisait un coupé quand le cheval a commencé à s’agiter à cause des mouches.

Eugénie : Et ensuite ?

Marie : En essayant de se débarrasser des mouches, le cheval a secoué la tête et la têtière est tombée. Affolé et hors de contrôle, l’animal s’est emballé, traversant des bornes et des talus à toute vitesse.

Eugénie : Oh non, ça a dû être terrible !

Marie : Oui, la voiture a été complètement brisée, et le cheval n’a pu être maîtrisé qu’une fois arrivé à la porte du château. Mais le pauvre cocher, lui, a été projeté sur une borne.

Eugénie : Il s’en est sorti ?

Marie : Pas vraiment... Sa jambe droite était affreusement mutilée. Il a été transporté à l’hospice de Bayeux où ils ont dû lui amputer la jambe.

Eugénie : Quelle horreur ! Et après ?

Marie : Pendant l’opération, le docteur Aubraye, qui s’occupait de lui, a été victime d’une apoplexie et d’une paralysie.

Eugénie : Non, sérieux ?

Marie : Oui, il a été conduit chez lui, mais il est décédé quelques heures plus tard...

Eugénie : Quelle série de tragédies... C’est terrible.