Creully sur Seulles - Octobre 1966 - Une découverte aux carrières de pierres d'Orival

En octobre 1966, dans les carrières d'Orival (extraction de pierre) des sarcophages viennent d’être mis au jour. Un érudit d'histoire Bayeusain, M. Pierre Villion s'est rendu sur les lieux.

C'est un ouvrier du dépôt caennais de l’entreprise Colas, de Rouen, qui a fait cette découverte. La lame du bulldozer qu’il con­duisait, « léchait » le flanc de la carrière pour recueillir des matériaux de remblai et les transporter à Bayeux. Soudain, le bulldozer donna un coup dans une espèce de cuve en pierre de laquelle tom­ba... une tête et l’angle d’un cou­vercle. C’était bien, une cuve mais non pas un récipient banal puis­qu’il s’agissait en fait d’un sar­cophage.

Le conducteur du bulldozer a arrêté ses travaux et les autorités ont été alertées. Sans doute, des sommités régionales viendront-elles sur les lieux où, déjà, M. Villion a jeté le coup d’œil de l’érudit.

En cet endroit, la carrière pré­sente un profil de huit à dix mètres de hauteur. Sur une couche rocheuse (à environ quatre mètres du sol), se situe une couche de terre d’une cinquantaine de centi­mètres de hauteur puis un rem­blai récent (il date d’une dizaine d’années) d'à peu près trois mè­tres.

Le flanc de la carrière profonde de huit à dix mè­tres : rocher, bande de terre d’environ cinquante centimètres de hauteur puis à peu près trois mètres de remblai.

Le sarcophage (et l’on voit les prémices d’autres sépultures, non loin de là), posé sur le rocher, est à peine recouvert de terre. Avant les remblais, il devait se trouver presque à l’air libre. Il s’en fal­lait de quelques centimètres... Per­sonne ne s’en est aperçu au long des siècles, et seul le hasard d’un bulldozer a attiré l’attention.

Si le mérite revient à un engin de travail d'avoir mis au jour un précieux sarcophage, la brutalité mécanique est la cause d’une dé­ception : la. tête humaine a été écrasée: :

— Dommage, a dit M. Villion, que ce crâne ait été abîmé. C’était la partie la plus probante.

Dans le sarcophage, moins, la tête, demeure un corps entier. M. Villion s’est hissé à hauteur du cercueil de pierre et a détaillé :

— On voit très bien les vertè­bres, les deux fémurs. Les os sont très bien conservés. Vous remar­querez que je me contente de re­garder. Je ne touche donc à rien pour ne pas contrarier l’action des services officiels. Nous trouvons là devant des do­cuments très intéressants qui per­mettront les plus grandes obser­vations, à condition de faire vite car l’air risque d’avoir une in­fluence néfaste sur les ossements.

— Mais de quand date le sarcophage et, par conséquent, le corps qu’il contient ?

 M. VILLION devant le sarcophage malheureusement éclaté sous l’action du bulldozer.
— Difficile à dire, d’autant que nous n’avons qu’une vue en « cou­pe », le cercueil étant encore pro­fondément enfoui sous la terre et les remblais. La cuve est faite d’un seul morceau. Elle pourrait être mérovingienne bien que le couvercle paraisse plat alors que chez les Mérovingiens, il était prismatique. Sans doute sommes-nous en présence d’un cimetière. Les sépultures d’ici paraissent au moins mérovingiennes ; peut-être même antérieures au christia­nisme.