Une dizaine d’aviateurs canadiens-français assistaient,
dimanche dernier, à la messe paroissiale de Creuilly. Disséminés parmi les
fidèles, ils eurent l'impression de se trouver dans une petite église de la
Campagne québécoise. Les enfants en soutane rouge, comme c’est l'usage chez
nous, remplissaient le chœur où des drapeaux tricolores jetaient une note
patriotique à la cérémonie. C’était une autre messe d’actions de grâce.
Le curé, un vrai curé de campagne, invita ses ouailles à
remercier la divine Providence d’avoir bien voulu épargner la petite ville de
Creuilly. Ils ‘exprimaientt avec facilité et avec un accent bien normand. Ce
fut un prône de bon curé qui veille sur ses paroissiens et qui rappelle “à
temps et à contre-temps” les vérités éternelles.
Une petite sœur franciscaine, toute menue et délicate dans
sa rude bure, fit la quête. Les francs remplirent sa tasse. Nos aviateurs ont
donné généreusement pour la restauration de cette petite église, dont le
clocher percé rappelle aux fidèles que la guerre a passé par là. Pendant que la
chorale mixte entonnait les chants sacrés, les nôtres adressaient au Ciel une
prière à l’intention des leurs au Canada qui souhaitent leur prompt retour.
A la fin de la messe, il y a rassemblement sur le portique,
comme c’est l’usage au Canada français. Sur la route, les camions et les
“jeeps” de l’infanterie alliée circulent dans les deux sens et font un bruit
d’enfer. Creuilly retrouvera sa sérénité d’autrefois. Bientôt les dimanches de
cette brave population ne seront plus troublés du vacarme des armées en marche.