1789 - Les doléances des paroissiens de Villiers le Sec (Creully sur Seulles)

Courant janvier 1789 un règlement royal est adressé par le pouvoir aux agents du roi afin d'organiser les élections des députés aux Etats-Généraux.
La préparation des élections avait apaisé les campagnes. Il semble qu'il n'y est pas eu véritablement de campagne électorale de la part du pouvoir royal. Par contre à l'échelle régionale, il semble certain que des organisations aient agi en répandant des modèles de revendications et de doléances à travers le pays.
Parallèlement à ces élections, de grands efforts de concertation et de rédaction sont accomplis dans tout le royaume pour apporter une réponse au roi sur les dysfonctionnements de son royaume et les doléances de ses sujets. Dès janvier, dans toutes les paroisses de France, se rédigent les cahiers de paroisses qui, regroupés, mis en forme et résumés lors des assemblées de bailliage deviendront les cahiers de doléances avec lesquels les députés élus monteront à Versailles.

Le texte ci-dessus est sans rectifications ortho grammaticales.

    Cahier de doléances de la paroisse de Villiers-le-Sec     (1er mars 1789) :

« La suppression des gabelles, des aides, des commis et fermiers généraux ; simplifier le cours de la justice et en ôter ses alentours dangereux qui peut empêcher les mal­heureux de soutenir une bonne cause et mettre tout le monde à portée de faire valoir ses droits ; une juste  répartition des impôts où l’équité préside ; la suppression de toutes les dîmes insolides acquises par des voies injustes ; les paroisses sur le bord de la mer su­jettes aux gardes côtes étant infiniment chargées par la levée des matelots canonniers auxiliaires, soient aidées par toutes les paroisses de cinq lieues aux environs; de pouvoir faire usage de l’eau de mer tant pour fruc­tifier la terre que pour servir aux malheureux, et qui ne soient plus en butte à cette ville canaille d’archers qui leur cassent leurs vases et qui très souvent leurs font payer une amande, étant la plupart sans pain et obligé souvent de fuir leurs pays pour se soustraire aux condamnations qu’ils obtiennent contre eux à leur injuste tribunal; la diminution des droits de contrôle; la destruction des fuyes (volières), colombiers, pigeons et ga­rennes ; bien des paroisses demandent à faire des grands chemins, mais nous voulons faire voir l’utilité indispensable de celui que demande la paroisse de Villiers-le-Sec : Il est déjà commencé ; il va de ville en bourg de Bayeux à La Délivrande et au bourg de Creully ; c’est par ce chemin là que tous les habitants du bord de la mer qui sont sans bois ni cidre sont obligés de passer pour aller les chercher sept ou huit lieues de l’autre côté de Bayeux ; c’est par cette même route que le carreau pris aux environs de Creully passe journellement pour la ville de Bayeux et s’est environs ; enfin, c’est par cette même route que passe toute les huîtres partant de Grandville à Courseulles pour les for­tifier dans les parcs à Courseulles, afin de les rendre à Paris, qui cause un dommage considérable aux bords du chemin, les voituriers passant aux travers des terres ensemencées pour éviter le mauvais chemin écrasé par les voitures qui passent par-là continuellement, quoique cette route soit toujours entretenue par les bords ; quoiqu’on paye pour les chemins, nous som­mes toujours exposés aux frais du bureau des finances. » 
De l’écriture de Pierre Le Bault, signataire.