Avant de s’unir tendrement à Creully et Villiers-le-Sec pour former l’harmonieux
mariage de Creully sur Seulles, Saint-Gabriel connut d'autres belles alliances. En 1827, il accueillit dans ses bras Fresnay-le-Crotteur, scellant un premier serment d’amour. Puis, en 1965, ce fut au tour de Brécy de rejoindre cette douce étreinte, enrichissant encore le cœur de cette union de terroirs et d’histoires partagées.
Revenons sur cette union entre Saint-Gabriel et Brécy.
L’année 1965 ne
s’ouvrit pas seulement sur un nouveau calendrier, mais sur une promesse — celle
d’une union. Au cœur du canton de Creully, deux villages voisins, Saint-Gabriel
et Brécy, ont scellé un pacte doux comme un serment d’amour. Ainsi naquit la commune
de Saint-Gabriel-Brécy, enfant de l’attachement, de la sagesse, et d’une
tendre complicité tissée au fil des générations.Monsieur Durocher et madame Roussel
Brécy, la plus
discrète du Calvados — à peine une trentaine d’âmes — a choisi de quitter son
isolement pour se blottir contre sa voisine, Saint-Gabriel, plus vaste, mais
tout aussi aimante. Ce ne fut point un abandon, mais une fusion, dans le plus
noble sens du terme : celle de deux entités dont les cœurs battaient déjà à
l’unisson depuis longtemps.
Jeudi soir, alors que l’année 1964 s’éteignait doucement, la mairie de Saint-Gabriel s’illumina de regards bienveillants et de paroles chargées d’émotion. Mme Roussel, maire de Saint-Gabriel, accueillait en ses murs le maire de Brécy, M. Durocher, pour ce qui serait l’un de ses derniers actes en tant que tel. L’ambiance était feutrée, comme le serait celle d’un mariage discret mais sincère. Les adjoints, les notables, le curé-doyen, le gendarme, la secrétaire de mairie… tous étaient là pour témoigner, pour bénir à leur manière cette alliance des cœurs et des terres.
Mme Roussel parla
la première, et ses mots, empreints d’affection, résonnèrent comme une
déclaration :
« C’est avec
beaucoup d’émotion que j’accueille aujourd’hui nos amis de Brécy. Nous
n’unissons pas deux misères, mais deux amies. »
Elle évoqua les
liens d’enfance, les bancs d’école partagés, les messes communes, les morts
reposant côte à côte… Deux villages dont les destins s’étaient déjà enlacés
bien avant que l’administration ne le reconnaisse.
Et d’ajouter, dans
un souffle :
« L’amitié a guidé
nos démarches. Elle nous assurera la bonne entente et nous fait espérer en
l’avenir de notre nouvelle commune. »
M. Durocher
répondit avec la même chaleur, mêlant pudeur et sincérité :
« Certes, notre
petite Brécy nous est chère. Elle avait sa notoriété, son château, son
originalité. Mais à l’heure des grands défis, le sentiment a cédé la place à la
raison. Et quelle joie que ce soit pour rejoindre une amie fidèle. »
Il remercia tous
ceux qui, dans l’ombre, avaient tissé cette union. Un mot tendre fut réservé à
M. Salmon, fidèle secrétaire de mairie depuis 1953, témoin discret de tant de
saisons passées.
M. Fortier,
conseiller général, conclut avec des mots choisis, empruntés à Mme Roussel :
« Nous n’unissons
pas deux misères mais deux amies… Et cette amitié portera, j’en suis certain,
des fruits savoureux. »
Et quels trésors
désormais rassemblés sous un même nom ! L’église et le prieuré de
Saint-Gabriel, le château de Brécy, les chemins creux bordés de haies, les
souvenirs partagés et ceux à venir.
Le préfet, dans sa
sagesse, avait confirmé cette fusion par arrêté. Mais c’est la tendresse des
villageois, les poignées de main chaleureuses, les regards émus, qui lui ont
donné toute sa force et sa beauté.
Ce soir-là, les vœux échangés furent plus qu’une tradition : ils étaient promesse. Celle d’un avenir commun, dans cette nouvelle commune au nom double, mais au cœur unique : Saint-Gabriel-Brécy.
Source: AD14