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Creully sur Seulles (Creully, Saint Gabriel-Brécy et Villers le Sec) 1855 - La taxe sur les chiens

Voici le comparatif des taxes sur les chiens votées par les trois conseils municipaux en 1855.
(Un clic sur le document vous permet de l'agrandir)

Creully
Saint Gabriel-Brécy
Villiers le Sec

Creully sur Seulles en 1883 (Creully, Creullet, Saint Gabriel, Brécy, Fresnay le Crotteur et Villiers le Sec)

C. Hippeau dans son ouvrage, paru en 1883, présentait les villages et hameaux du Calvados. Une occasion de "retourner" dans les localités qui forment maintenant Creully sur Seulles.



Creully sur Seulles - Les croquis de Charles-Edouard Lambert (1794-1870).

Charles-Edouard Lambert (1794-1870) a été conservateur de la bibliothèque de Bayeux et  membre de plusieurs sociétés savantes. 
Il a sillonné notre région avec des carnets où il reproduisait des détails sur de nombreux monuments normands. Ces carnets se trouvent à la Bibliothèque de l'Institut National d'Histoire de l'Art (I.N.H.A.).
En les feuilletant, j'en ai extrait les pages ci-dessous:
Le château de Creully
La chapelle du prieuré de Saint-Gabriel
L'église de Villiers-le-Sec


Creully sur Seulles - Le maire de Villiers le Sec suspendu...


Pour avoir refusé d'enlever le crucifix dans la salle de classe.


Novembre 1842 - Creully - L'hôtel du commerce en feu.

Lors d’une nuit de novembre 1842, un incendie a éclaté au centre du bourg de Creully dans une auberge appartenant au sieur Hardy, restaurateur, connue sous le nom de l'Hôtel du Commerce. Toute la toiture du bâtiment, long d'environ 25 à 30 mètres, a été réduite en cendres, ainsi que toutes les provisions de fourrages et autres contenus dans les greniers. On ne connaît point encore les résultats du sinistre dans l’intérieur des appartements. Ni les secours prodigués en toute hâte par les habitants du bourg et ceux des communes environnantes, ni le zèle déployé par les élèves du séminaire de Villiers le Sec et la brigade de gendarmerie n’ont pu arrêter les progrès du feu, qui, heureusement, ne s’est point étendu aux maisons voisines. A. Elisabeth sera le successeur de M. Hardy comme nous le montre l'entête de la facture ci-dessous.

J'ai cherché à découvrir où elle se situait dans la rue de Bayeux.
Première étape   retrouver sur une ancienne matrice cadastrale de la commune aux archives départementales du Calvados, le propriétaire "A. Elisabeth".
Extrait de la matrice cadastrale de 1881 à 1911
Deuxième étape : repérer la lettre et les numéros (D104 D105) sur l'ancien plan cadastral.
Troisième étape : en repérant qu'il y a  à gauche de la maison concernée (D105) une impasse, situer sur une ancienne photo cette propriété.

Comme nous le voyons sur la matrice cadastrale ci-dessus, en 1909, M. Eugène Manchon en fera une boulangerie. Ce commerce est toujours présent.

La violoniste de Villiers-le-sec (Creully-sur-Seulles)

Nous sommes le 5 juillet 1945, Charlotte Coustenoble, âgée de 13 ans, qui a fuit sa commune de Rots, offre aux soldats libérateurs canadiens un air de violon.

Creully sur Seulles - Le notaire de Creully évoque la libération du village le 6 juin 1944.


Il y a 37ans, les éditions Corlet publiaient l'ouvrage de Jacques Henry
" La Normandie en flammes".

Parmi les chapitres, la délivrance de Creully est évoquée par Me Maurice Fortier, notaire de la localité. En voici des extraits.



« A l’aube de cette journée mémorable du 6 juin, écrit M. Fortier, vers 3 h 30, comme tous les riverains de la côte normande, entre Saint-Vaast et Ouistreham, les habitants de Creully et des communes environnantes, villages proches des plages désormais célèbres, furent réveillés par le déluge infernal du « Débarquement allié », depuis si longtemps attendu, mais que nulle imagination n’avait pu prévoir ce qu’il fut en réalité.

« Le Jour "J” était enfin arrivé.

« Ce grandiose événement est resté si profondément gravé dans la mémoire de tous ceux qui en furent les témoins qu’il leur est aisé de revivre par la pensée ces jours et ces nuits remplis du tonnerre des bombardements, de tremblements de terre, de ruines et de cauchemars.

« Avec le recul du temps, nous nous demandons encore comment Creully, carrefour de routes vers la grande voie Cherbourg-Bayeux-Caen, vers Tilly-sur-Seulles, Caumont, Villers-Bocage, etc., où la bataille fit bientôt rage, n’a pas été complètement détruit dès les premières heures des opéra­tions.

« Dès 7 heures, les troupes allemandes cantonnées dans le village étaient en état d’alerte. Le bruit de leurs bottes et des commandements gutturaux se faisaient fortement entendre dans les rues. Leur excitation était à son comble.
 « Par bonheur, ces troupes ne disposaient que d'une seule batterie d’artillerie, dont une pièce fut tout d’abord mise en position de combat au pied du monument aux Morts, prenant en enfilade la rue d'Arromanches, mais elle ne tira pas et fut bientôt tractée à la sortie du bourg, route de Saint-Gabriel à Bayeux.


« Trois autres canons furent mis en batterie au hameau de Fresnay-Saint-Gabriel, route de Saint-Léger, dans la plaine. Juchés dans les arbres, les Allemands observaient la progres­sion des troupes alliées et ne devaient pas tarder à ne plus se faire illusion sur l’importance de cet “exercice de débarque­ment” et sur le sort qui les attendait.

« Les manœuvres des troupes allemandes, d'ailleurs rela­tivement peu nombreuses, paraissaient bien indiquer qu’elles n’avaient pas l’intention de se battre dans le bourg.

« La population s’attendait avec anxiété à un bombarde­ment par l'aviation ou l’artillerie. Elle restait prudemment dans les abris et souhaitait ardemment l’arrivée des Alliés.

« Vers 15 heures, les premiers soldats canadiens de la 3e division, en l’occurrence ceux du Winnipeg Rifles, firent leur apparition, précédés de tanks, rue de Tierceville, venant de Courseulles par Banville, Sainte-Croix, Colombiers-sur- Seulles.

« L’un de ces tanks envoya des obus dans le clocher contre des observateurs, qui ne s’y trouvaient pas, et y causa quelques dommages sans gravité.

« A peu près dans le même temps, des éléments blindés de la 2e armée britannique (50e division), débarqués entre Asnelles (Le Hamel) et Ver-sur-Mer (La Rivière), vers 7 h 30, descendaient de la plaine de Meuvaines, Crépon, dans la vallée de Creullet (hameau de Creully), suivis de longues colonnes de soldats aux casques recouverts de branchages, marchant à la file indienne.

« Quelques tirs arrosèrent la vallée et les abords de Creully, provoquant des dégâts aux toitures de plusieurs immeubles. Malheureusement, un éclat d’obus blessa mortel­lement une dame âgée qui était sortie de son abri, rue de l’École. Ce fut la seule victime civile de la commune.

« La jonction entre les troupes anglaises — 30e corps d’armée — et canadiennes s’opéra à Creully même, et dans les environs immédiats du bourg, entre 17 et 18 heures. »

Dans La campagne de la victoire, le colonel Stacey précise qu’à 5 heures du soir « le bataillon du Winnipeg Rifles s’était consolidé dans le village de Creully et ses abords L’auteur ajoute :

« Une troupe de chars de l’Escadron « G » du 1er hussars, commandée par le lieutenant W.F. Mac Cormick, troupe qui appuyait le Royal Winnipeg Rifles, aida celui-ci à traverser Creully et continua tout simplement sa route, franchissant Camilly et poussant jusqu’à la limite nord de Secqueville-en- Bessin. En route, elle démolit un char de reconnaissance et infligea des pertes à des groupes de fantassins et M. Mac Cor­mick fut cérémonieusement salué par un soldat qui, de toute évidence, ne s’attendait pas à rencontrer l’ennemi si loin à l’intérieur. Que ces chars de combat aient pu faire une telle incursion et en revenir démontre combien la résistance était faible cet après-midi-là sur le front de la 7e brigade.

« La jonction des forces canadiennes et anglaises à Creully procurait à la tête de pont des zones Juno et Gold un front d'une vingtaine de kilomètres. »

« A 17 h 30, poursuit M. Fortier, Creully était définitive­ment libéré. Trente soldats allemands et polonais, non com­battants, qui se trouvaient encore au château furent alors faits prisonniers sans résistance.

« D’après les déclarations d’un officier anglais, si les Alle­mands avaient résisté dans Creully, le bombardement allié se serait produit à 18 heures... Nous l’avons frôlé de près !

« Dans le courant de l’après-midi de ce même jour, un engagement eut lieu entre la batterie d’artillerie allemande de Fresnay et des tanks canadiens, dont deux furent endom­magés. Il fallut déplorer la mort de trois soldats qui ont été inhumés au cimetière de Creully, puis transférés, plus tard, dans le cimetière militaire de Bény-Reviers.

« Ce même après-midi, un tank allemand (Tigre), qui patrouillait dans le vallon vers Villiers-le-Sec, fut détruit par des chars d’assaut anglais venant de débarquer.

« Ce fut tout pour le même jour.

« Commença dès lors, venant de divers points de la côte et bientôt d’Arromanches, l’interminable et extraordinaire défilé des troupes et du matériel (tanks, véhicules automo­biles de toutes sortes, etc.) stabilisé à quelques kilomètres au sud et à l’est de Creully, en l’attente des batailles de Caen et de Falaise.

« Jusqu’au 19 juillet, date de la libération définitive de Caen, Creully fut à l'écoute des bruits monstrueux de la guerre, bombardement par les avions et l’artillerie, tirs des bateaux de guerre, parmi lesquels, comme nous l'apprenions avec fierté, ceux des unités de la marine française, le Courbet, le Georges-Leygues et le Montcalm, dont les obus allaient labourer les arrières de l’ennemi jusque dans le sec­teur de Tilly-sur-Seulles. Combats de chars d’assaut des sec­teurs de Tilly, Caumont, Villers-Bocage, Caen, etc.


L'incendie de 1840 vue par l'Ami de la Religion

Nouveau document à mettre dans notre dossier sur l'important incendie qui détruisit une grande partie des habitations de Creully

Diocèse de Bayeux.

Un incendie, attribué à l’imprudence et favorisé par un vent impétueux, a réduit en cendres, dans la nuit du 17 au 18 de ce mois, un tiers du bourg de Creully, arrondissement de Caen.
Quatre-vingt-dix maisons ont été la proie des flammes, sans que les secours empressés des populations voisines, des professeurs et des élèves du séminaire de Villiers-le-Sec, aient pu arrêter les progrès du fléau. Plus de deux cent cinquante individus sont restés sans asile, et près de deux cents sont maintenant sans pain et sans autres vêtements que ceux dont ils s'étaient précipitamment couverts pour échapper aux flammes. Ils ont tous été recueillis par leurs compatriotes, et notamment par MM. de Marguerye et d'Imfreville qui leur ont prodigué les soins les plus tendres.

La charité n'a pas tardé à venir en aide à cette population infortunée. Une commission, composée du pasteur et des notabilités de l'endroit et des environs, a été aussitôt formée pour recevoir les offrandes. Les familles riches et bienfaisantes du pays ont fourni les premiers secours. M. le préfet du Calvados s'est empressé de recueillir les dons des divers chefs d'administration, et il a apporté lui-même, le lendemain, du sinistre, une somme de 1,3oo fr.
M. l'évêque de Bayeux n'est pas resté en arrière dans cet élan de générosité : à peine informé du malheur de ses diocésains, il s'est rendu sur les lieux, et après avoir remis une somme de 1,000 fr. à la commission pour être distribuée aux plus nécessiteux, il a été visiter et consoler les victimes de l'incendie ; il était comme un père au milieu de ses enfants.
Le prélat est allé ensuite à l'église qui s'est trouvée remplie en un instant ; et, dans une allocution touchante et paternelle, il s'est efforcé de ranimer le courage de cette population désolée, et qui a été émue jusqu'aux larmes de la démarche et de la tendre charité de son premier pasteur. Puis, il a imploré sur elle, dans un salut solennel, les miséricordes et les bénédictions du Seigneur.
Enfin, M. l'évêque a prescrit une quête pour les incendiés de Creully, dans toutes les églises de l'arrondissement de Caen et dans les cantons de Ryes et de Bayeux, les plus rapprochés de celui de Creully.

1930 Artisans et commerçants. creully

Commerces sur la place de Creully

Minotier de Saint Gabriel

Creully ( Creully sur Seulles ) - L'inventaire - Les reliques de l'église Saint Martin

Etape incontournable de l'adhésion de la commune de Creully-sur-Seulles (3 églises paroissiales) au Réseau Eglises Ouvertes Nord-de-France, les inventaires ont été opérés afin de recenser le patrimoine existant en ayant une situation de référence et de faciliter les recherches en cas de vol. L'inventaire de l'église Saint-Laurent de Villiers-Le-Sec ayant déjà été effectué, nous avons désormais la situation réelle de ce patrimoine religieux de la commune.

Sous la houlette du service Patrimoine du département en partenariat avec la commission diocésaine d'art sacré, la paroisse et la commune, l'association Patrimoine culturel et art sacré a mené tambours battants cette opération dans ces deux églises. Une véritable ruche puisque la vingtaine de bénévoles a pu recenser le patrimoine mobilier, immobilier (autels, statuaire,...) et l'ensemble des objets liturgiques (y compris les vêtements sacerdotaux) de ces édifices en moins de trois heures pour chaque église. Mesures, descriptions, photographies : tout a été passé au peigne fin, aidés bien sûr par les membres de l'association des 3 clochers de Creully-sur-Seulles et des membres de la paroisse Saint-Vital de la Seulles. Les voleurs n'ont plus qu'à bien se tenir !!!
D’abord, vider l’intégralité des sacristies, disposer les objets par thèmes. Les objets, vêtements, missels, autels, … sont mesurés, décrits avec tous les détails possibles, photographiés. (Article de l'Association des 3 clochers : (7) Association des 3 clochers de Creully-sur-Seulles | Facebook)

C'est l'occasion de vous présenter un article paru sur ce blog il y a plusieures années concernant les reliquaires



Voici le nom des Saints présents dans l'église dans les reliquaires.
Le 26 Mai 1839, l'Archevêque d'Irenopolis, Etienne Messir, faisait don à l'église Saint-Martin de Creully, des 5 reli­ques suivantes :
De St Alphonse de Liguori, évêque et confesseur (parcelle de vêtement)
De St Jérôme (parcelle de vêtement).
De St Pacifique a Severino (parcelle de vêlement).
De Ste Véronique de Julien, vierge, (parcelle de vêtement).
De St Jean de la Croix (parcelle d'ossements).

En 1847, le Cardinal Patrizi, vicaire général de sa Sainteté, enrichissait notre église de 12 nouvelles reliques :
De St François de Sales (ossements).
De St Germain, évêque et confesseur, (ossements).
De St Maurice, martyr (ossements).
De St Vincent de Paul (parcelle de vêtement).
De St. François Xavier, confesseur (ossements).
De Ste Anne, mère de la sainte Vierge, (ossements).
De St Clément, pape et martyr, (ossements)
De St Georges, martyr.
De Ste Catherine» vierge, martyr, (ossements).
De Ste Marie-Magdeleine, pénitente (ossements).
De St Bonaventure, docteur, (ossements).
De St Thomas d'Aquin, docteur, (ossements).
Enfin, le 23 octobre 1932, le Postulateur général de la Congrégation des Prêtres du Saint-Sacrement, Georges Bouffé, remettait à M. l'abbé Duval, Curé-Doyen de Creully, une parcelle des ossements du bienheureux Pierre-Julien Eymard, fondateur de cette congrégation.
Dans le texte: "Nous possédons l'authentique de toutes ces reliques, avec le visa de Monseigneur l’’Evêque de Bayeux.
Les reliques, données en 1839 et 1847, ont été placées dans les reliquaires que nous possédons, le 23 juin 1861, Par les soins de M. l'abbé Follope, Curé-Doyen
de Creully."



Quand les seigneurs de Creully ressemblaient à ceux de Rouvres

 Rouvres (commune de l'arrondissement de Falaise)

La race des seigneurs de Rouvres  était inhumaine, tyrannique, forcenée, entre toutes ces familles féodales dont le bon plaisir faisait loi souveraine, dans le rayon, plus ou moins étendu de leurs domaines particuliers. Un des seigneurs de Rouvres, revenant de la chasse, s'avisa, pour se venger sans doute de n'avoir pas découvert la piste d'un plus noble gibier, de décharger son fusil sur un couvreur qui était monté sur un toit. Un autre membre de la même famille battait de la fausse monnaie, se maintenait en guerre contre les gens du roi qu'il se plaisait à braver insolemment, et, infâme sorti­lège, tous les chevaux de son écurie, il les faisait ferrer à l'envers. Un troisième voulut acheter la chaumière d'un pauvre homme, nommé Madoux. Celui-ci, comme le meunier de Sans-Souci, refusa les offres de son seigneur; mais le châte­lain de Rouvres n'était pas un Frédéric-le-Grand. Pendant que Madoux, pour recourir à la protection de Notre-Dame-de-la-Délivrande, accom- plissait un pélerinage, accompagné de sa famille, par un ordre inhumain sa chaumière fut rasée, ses arbres abattus, ses champs dévastés, ses plantations détruites, et la charrue promenée de toutes parts, effaça jusqu'aux moindres vestiges de la modeste habitation du pauvre meunier. Quel triste spectacle au retour! Pourtant ce n'était là, à vrai dire, qu'un avertissement plein de nouvelles menaces : Madoux du moins le comprit ainsi ; et ne trouvant point à qui en appeler de la cruelle vengeance de son seigneur, il fut contraint de déserter le pays.

Les châtelains de Rouvres organisaient, comme on voit, l'exaction et la violence sur une assez grande échelle; une dame, de la même seigneurie, qui ne trouvait à mettre à profit que des confiscations de médiocre importance, ne laissait pas de les combiner avec un raffinement non moins injuste que cruel. L'avarice était la passion dominante de cette méchante châtelaine, et l'on raconte que, pour se ménager un honteux bénéfice, elle donnait du lin à filer aux pauvres femmes des environs, en ayant soin de toujours peser à faux poids les lots de fil qu'elle leur préparait. Tant qu'elle vécut, nul n'osa protester contre sa fraude, mais, à sa mort, le châ­timent céleste se réservait d'accomplir toutes les malédictions secrètes prononcées contre elle. En effet, un habitant de la commune, qui avait passé trois jours en enfer pour avoir lu imprudemment dans le Grimoire, déclara, à son retour de cette périlleuse excursion, avoir vu Madame de Rouvres con­damnée à tenir une énorme balance dont un des bassins pen­chait toujours du même côté, de sorte que, obligée de réta­blir l'équilibre par le seul effort de sa main, la malheureuse suppliciée en ressentait une fatigue insupportable. Or, ce qui prouve bien la véracité du brave homme qui rapportait ce fait miraculeux, c'est que l'ombre tourmentée de Madame de Rouvres fait des apparitions tous les ans à la veille de Noël, dans la grande salle du château.
Les seigneurs de Creully et ceux de Villiers sont regardés comme coupables des mêmes méfaits que l'on attribue aux seigneurs de Rouvres. De plus, on leur reproche d'avoir em­ployé la ruse et la violence pour triompher des jeunes filles dont la vertu avait résisté à leurs tentatives de séduction. Eux aussi se donnaient le cruel passe-temps de tirer sur les cou­vreurs qu'ils apercevaient sur les toits. Au reste, ce bizarre incident de la tradition a été reproduit, à propos de plusieurs grands personnages qui, à tort ou à raison, s'étaient attiré l’animadversion publique. Nous avons entendu, maintes fois, des vieillards, qui avaient retenu des préjugés de la révolu­tion cette accusation calomnieuse, nous affirmer que dans sa jeunesse, le comte d'Artois, depuis Charles X, ne se faisait pas faute de cette licence féodale. Il faut avouer que si ce vieux conte ne tire pas son origine de quelque fait réel de date fort ancienne, le peuple s'est encore montré, cette fois, bien habilement ingénieux dans ses inventions, et qu'il eût été difficile d'imaginer quelque chose de plus expressif pour dépeindre l'impitoyable légèreté et la cruauté dédaigneuse avec laquelle ses maîtres disposaient jadis de son sort.

Creully sur Seulles - Les belles pierres de Villiers le sec

Photos extraites d'un film présent sur Youtube.